Un ancien candidat à la direction du PQ claque la porte

Crise de leadership au PQ

Choqué que le PQ traite le «Québec profond» et les ruraux comme une bande de «tarés», l'ancien candidat à la direction du Parti québécois en 2005 et ex-député bloquiste de Chambly Ghislain Lebel n'a pas renouvelé sa carte de membre. Il a plutôt décidé de se joindre à l'ADQ de Mario Dumont. C'est ce qu'il a confié au Devoir dans une entrevue mardi.
Le traitement réservé aux gens d'Hérouxville -- cette petite municipalité de la Mauricie où les élus municipaux ont adopté un «code de vie» qui interdit notamment aux femmes de se promener à visage couvert -- illustre selon lui que la «dictature de la pensée du type Plateau Mont-Royal» a saisi les médias et le Parti québécois. «J'ai entendu Josée Legault, à la radio, dire: "Vous savez, Hérouxville, c'est à la campagne", comme si ça rendait débiles les gens qui y vivent!» À écouter Mme Legault et combien d'autres personnes, note-t-il, «un vrai Québécois, ça ne peut pas être à la campagne, c'est sur le Plateau Mont-Royal. Ne pas être sur le Plateau, c'est ignorer ce qui se passe dans le monde, c'est ne rien comprendre à rien», peste le Gaspésien d'origine.
Pour avoir tenté de défendre un «nationalisme traditionnel», M. Lebel a dit avoir beaucoup souffert au Bloc et au PQ. «Je viens de ce que Pierre Pettigrew a déjà appelé le "Québec profond" et je me suis senti humilié au Bloc et au PQ au fil des ans. Tout le monde avait droit à la reconnaissance, sauf les gens comme moi, les Canadiens français d'autrefois! Nous, on nous traite comme des sous-produits de l'humanité.»
Au terme de la course à la direction, il s'était rallié à André Boisclair, Pauline Marois l'ayant «traité de raciste en public» lors d'un débat. «J'avais simplement dit que l'expression "politically correct" "Franco-Québécois" qu'elle utilisait ressemblait à "Franco-Ontarien", "Franco-Américain", et que cela résonnait à mes oreilles comme un cri de disparition», raconte celui qui a adhéré au RIN en 1963, à 17 ans. «J'ai été souverainiste avant René Lévesque et Jacques Parizeau, moi», souligne-t-il.
En revanche, estimant qu'André Boisclair avait tenu des «propos rassurants» sur l'identité québécoise pendant la course à la direction, il avait décidé de s'y rallier. «Mais finalement, avec les accommodements raisonnables, on a bien vu où il s'en va. Il a peur de mettre un pied devant l'autre, il a peur de son ombre. Il ne dit rien. Il répète "la charte, la charte, la charte", et on voit le sourire, c'est tout», déclare M. Lebel.
Par conséquent, M. Lebel reconnaît que depuis l'automne, il se sent plus à l'aise à l'ADQ qu'au PQ. «Le PQ m'a terriblement déçu, comme ça ne se peut pas.» Il se dit nullement surpris que «des gens comme moi», dans la région de Québec, dans Chaudière-Appalaches, fassent davantage confiance à Mario Dumont, comme l'a clairement démontré le sondage Léger Marketing-Le Devoir de mardi. «Au moins, les gens de l'ADQ sont un peu nationalistes.» Même qu'une ancienne députée péquiste de Verchères, Luce Dupuis, maintenant à la tête de la commission des aînés de l'ADQ, l'a sondé pour savoir s'il serait intéressé à se porter candidat dans Beloeil. Mais le notaire de 60 ans a répondu qu'il serait davantage intéressé à porter les couleurs de l'ADQ dans Chambly, son comté, lequel a déjà été «réservé à un ami de Mario Dumont, ce qui est son droit le plus strict», conclut-il. M. Lebel participera à un débat sur le choc Montréal-régions à l'émission Bazzo.tv à Télé-Québec, lundi midi.


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