Le péril immigrant

ADQ - congrès de mars 2008


L'Action démocratique du Québec a dévoilé hier les propositions qui seront étudiées par ses membres lors de leur congrès de la fin de semaine. Plusieurs d'entre elles visent à augmenter la natalité. Nous reviendrons dans les prochains jours sur le bien-fondé des mesures envisagées, mais une chose est sûre: dans son souci de freiner le déclin démographique du Québec francophone, le parti de Mario Dumont adopte là une orientation plus prometteuse que l'idée, qu'il a aussi défendue hier, de geler les seuils d'immigration.

L'ADQ soutient qu'il faudrait annuler l'augmentation de l'immigration annoncée par le gouvernement Charest, qui portera de 45 000 à 55 000 par an, d'ici 2010, le nombre de nouveaux arrivants. M. Dumont juge qu'une augmentation aussi «radicale» accélérera le déclin du français à Montréal.
On ne peut s'empêcher de voir dans cette proposition de l'ADQ une tentative de refaire à ses adversaires le coup des accommodements raisonnables, c'est-à-dire de tirer sous leurs pieds le tapis de l'identité québécoise. Le message subliminal de Mario Dumont est clair: les immigrants menacent la langue française. Et M. Dumont semble se ficher des effets pervers d'un tel message. (Le document publié hier par l'ADQ, en vue de son congrès, présente un argumentaire plus respectable au sujet de l'immigration en s'inquiétant, avec raison, du taux de chômage élevé que subissent les immigrants récemment installés au Québec.)
Les données les plus récentes publiées par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles montrent à quel point la thèse de M. Dumont repose sur une perception dépassée des faits. En 2007, 60% des nouveaux immigrants arrivés au Québec connaissaient le français. Cette proportion est en hausse constante depuis plusieurs années.
Plus que jamais, les immigrants ne menacent pas la culture du Québec français, ils l'enrichissent. De plus, parce qu'ils sont jeunes (70% d'entre eux ont moins de 35 ans) et instruits, ils pourront donner à l'économie québécoise un souffle qui viendrait à lui manquer en raison du vieillissement de la population.
Pour appuyer ses avertissements contre le péril immigrant, Mario Dumont a cité le professeur Marc Termote, dont l'Office québécois de la langue française a tardé à publier l'étude sur l'évolution démolinguistique du Québec: «Avec un seuil d'immigration de 55 000 personnes par année, tel qu'adopté par le gouvernement libéral, les francophones seront en minorité sur l'île de Montréal dès 2021.» Malheureusement pour M. Dumont, son personnel l'a encore une fois mal informé. Cette citation ne vient pas de l'étude de M. Termote, mais de l'interprétation qu'en a faite un quotidien. Dans son rapport, M. Termote dit au contraire que «les tendances sont tellement lourdes que l'ajout de quelque 10 000 immigrants aux 45 000 actuels ne modifie que marginalement l'évolution démolinguistique du Québec». Aux dires du démographe, la réduction de la part des francophones engendrée par une telle hausse de l'immigration sera «minime», «très faible».
On se s'étonne plus de voir les adéquistes caricaturer la réalité. C'est devenu la marque de commerce de ce parti: mousser les préjugés pour ensuite en engranger les bénéfices politiques.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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