Le PLQ s’intéresse-t-il encore à la majorité francophone?

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Le PLQ se transforme en PEM : le Parti ethnique de Montréal


Le Conseil général du PLQ le ramène le temps d’une fin de semaine à l’avant-scène. Ses militants se posent bien des questions sur son avenir et on ne doute pas qu’ils travailleront ardemment à le reconstruire.  


Cela dit, s’il est un domaine où le PLQ a urgemment besoin d’une réorientation politique et idéologique, c’est sur la question identitaire. Une telle réorientation est indispensable pour commencer sa reconnexion avec une majorité francophone qui l’a violemment condamné lors des élections du 1er octobre dernier. 


Nul besoin de commander douze études pour comprendre les raisons de ce rejet. Fondamentalement, il s’explique par le refus des libéraux d’assumer même de manière minimaliste les préoccupations identitaires de la majorité historique francophone et plus encore, par le mépris décomplexé avec lequel ils les considéraient. Le PLQ n’était pas seulement indifférent au nationalisme québécois: il s’opposait de plus en plus ouvertement à l’identité québécoise. 


Cela ne datait pas d’hier.


Depuis le milieu des années 1990, le PLQ a renoncé à s’approprier à sa manière le nationalisme québécois. Il a décidé de miser sur le fédéralisme inconditionnel. Pour le dire avec les mots de Christian Dufour, il est passé d’une vision québécoise du Canada à une vision canadienne du Québec. Il a renoncé à faire la promotion d’un statut particulier pour le peuple québécois dans la fédération, dans la mesure où il a compris qu’une telle option était bloquée au Canada. Il s’est plutôt donné pour mission de faire accepter aux Québécois le Canada tel qu’il est, sans espoir significatif de le changer ou de la transformer. 


Avec Philippe Couillard, le PLQ s’est même mis à faire du zèle idéologique en cherchant à canadianiser en profondeur l’imaginaire québécois, comme s’il fallait enfin devenir des Canadiens de cœur. Il fallait convertir le peuple québécois au multiculturalisme canadien. Il fallait l’amener à penser son avenir dans une perspective trudeauiste. Philippe Couillard passera à l’histoire pour un homme s’étant retourné contre son peuple. 


Réussir la laïcité est la prochaine étape dans l’histoire politique du peuple québécois. Que le PLQ soit incapable de se rallier au projet de loi 21, qui est un projet de loi minimaliste, en dit beaucoup sur son décrochage symbolique et politique. Il ne comprend plus vraiment la majorité historique francophone et ne sait d’ailleurs plus trop comment lui parler, sinon en la mettant en garde contre elle-même, sinon en l’invitant à ne pas céder à ses supposées pulsions tyranniques. Il a adopté la perspective canadienne sur le peuple québécois, qui ne serait tolérable que bien encadré par la tutelle fédérale. 


Il ne vient même plus à l’esprit de nos fédéralistes de rappeler que le Québec n’a jamais accepté ni signé la constitution qui pèse sur lui et qui l’entrave. 


On en arrive à l’essentiel: si le PLQ continue de s’opposer frontalement au projet de loi 21, il risque de radicaliser sa rupture avec la majorité historique francophone. 


Il faut le rappeler: le rôle historique du PLQ est d’amener les Québécois à consentir à leur soumission dans l’ordre canadien. Il se pourrait, paradoxalement, qu’en s’enfermant dans sa base électorale de Montréal et de Laval, il en soit moins capable qu’auparavant. Il perd de son emprise sur la vie publique.


En se débarrassant d’un parti ultrafédéraliste, multiculturaliste et antinationaliste, les Québécois, aux dernières élections, sans s’en rendre compte, ont peut être commis un geste décisif dans leur entreprise de réaffirmation nationale.