Un gouvernement dirigé par Dominique Anglade permettrait à nouveau le port de signes religieux chez les enseignants. La loi sur la laïcité s’appliquerait uniquement aux employés en position de coercition.
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Mme Anglade explique que sa formation avait voté contre la loi 21 pour deux raisons : l’utilisation de la clause dérogatoire et son application aux enseignants. « Par souci de cohérence, si tu as voté contre ça, tu te dis : enlève-le directement pour les enseignants », explique-t-elle en entrevue avec notre Bureau parlementaire.
« À un moment donné, tu t’assumes et tu te dis : c’est pour ça qu’on a voté contre, alors pourquoi est-ce qu’on continue de l’appliquer ? », poursuit-elle.
La mesure prendrait effet dès l’élection d’un éventuel gouvernement Anglade.
Jusqu’ici, la cheffe libérale proposait uniquement de ne pas reconduire la clause dérogatoire, qui protège la loi 21 des recours juridiques, lorsque celle-ci viendra à échéance en 2024.
Mme Anglade affirmait qu’une décision sur l’avenir de la loi serait prise une fois qu’elle aurait passé le test des tribunaux. Cette position demeure inchangée.
Bouchard-Taylor
Questionnée à savoir pourquoi elle conserverait l’interdiction pour les autres professions visées par la loi 21, la cheffe libérale affirme s’en tenir au compromis Bouchard-Taylor.
« Il y a un consensus qui s’est dégagé au Québec et je n’ai pas envie de refaire le débat. On ne va pas refaire le débat là-dessus », dit-elle, tout en précisant que les tribunaux devront démontrer que la loi respecte les chartes des droits.
Lors de la crise des accommodements raisonnables, les commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor avaient conclu que l’interdiction des signes religieux devrait s’appliquer uniquement aux personnes en position de coercition, soit les juges, policiers, procureurs et gardiens de prison. La CAQ a ensuite ajouté les enseignants, arguant qu’il s’agit d’une position d’autorité.
En 2019, avant l’arrivée de Mme Anglade à la tête du parti, le caucus libéral avait rejeté le compromis Bouchard-Taylor, refusant d’interdire les signes religieux chez les employés en position d’autorité.
Dans les derniers mois, Québec solidaire a aussi annoncé son intention de permettre aux enseignants de porter des signes religieux.
Le parti est officiellement contre toute interdiction de signes religieux, mais ses intentions, une fois élu, n’ont toujours pas été annoncées.