Le PQ est-il victime d'une crise aiguë de découragement national?

Le PQ est devenu un boulet de déception. Et Marois, suicidaire, de manière incompréhensible, s'accrochant de toutes ses forces à ce parti moribond, est devenue rien de plus qu'une énigme plus ou moins ridicule.



Quand on observe les événements politiques récents, on peut se poser cette question. En effet, comment expliquer que des indépendantistes de premier plan, Curzi, Lapointe, Beaudoin et les autres qui ont suivi au mois de juin aient, claqué la porte du Parti québécois et se soient réfugiés, depuis, dans l'errance politique à la recherche d'on ne sait quoi? La raison profonde non dite, mais peut-être réelle ne pourrait-elle pas être la suivante: le découragement. Une démission à portée nationale comme les leurs ne peut, en effet, s'expliquer uniquement par une divergence de vue avec la chef Pauline Marois sur un enjeu tout à fait local: l'amphithéâtre Labeaume-Péladeau. Non plus, par un désaccord sur la «gouvernance souverainiste» que ces mêmes députés avaient appuyée à hauteur de 93% à peine deux mois auparavant.
Le PQ vit, et ces démissions l'illustrent de façon éclatante, une crise dépressive majeure attribuable principalement aux résultats-chocs de l'élection fédérale du 2 mai dernier qui a vu les Québécois et beaucoup de souverainistes lâcher le Bloc et son chef incontesté Gilles Duceppe. Une manière de dire pour ces démissionnaires, de façon peut-être un peu inconsciente: moi, je sors du PQ avant d'être également lâché à la prochaine élection par les mêmes Québécois, souvent souverainistes, qui sont devenus en quelque sorte des pénitents ayant choisi de se faire pardonner le péché du désir de souveraineté par le plus indulgent et aimable des curés fédéralistes, c'est-à-dire Jack Layton.
Cette crise dépressive est d'autant plus plausible que la réaction instinctive pour tenter de la juguler a été de la part des Drainville, Pagé et autres, de chercher sur le moment des médicaments euphorisants pour stopper ou masquer le découragement. Ainsi, ils ont cherché auprès du public des suggestions (M. Pagé avait cependant entrepris cette cueillette avant le2 mai) pour faire de la politique autrement, tels le référendum d'initiative populaire, le vote libre en chambre, l'élection du premier ministre au suffrage universel, le scrutin proportionnel, etc. Sans compter que d'autres députés cherchent plutôt à tromper leur cafard en accusant la chef d'être responsable de ce malaise profond, soi-disant parce qu'elle ne passe pas actuellement au niveau des sondages ou parce qu'elle est une femme.
Cette situation de crise force donc actuellement Pauline Marois à déployer une énergie sans pareil pour se maintenir en poste et rassurer, telle une mère, ses enfants découragés. Si elle persiste, garde courage et trouve, en quelque sorte, le remède, voire la potion magique pour guérir cette maladie de l'âme et remettre ses députés au travail dans une même direction nationale, il se pourrait bien qu'à la prochaine élection, les Québécois la voient comme la mère et la gardienne de la nation et la préfère à Jean Charest le grand fédéraliste canadien qui ne manque jamais une occasion de culpabiliser le désir légitime de souveraineté de beaucoup de Québécois en l'associant au référendum, à la division et à la chicane. Ils la préfèreront également à François Legault qui, cette semaine, a lancé son parti en confessant publiquement ne plus être souverainiste et renoncer de ce fait à la question nationale pour au moins dix ans en confiant plutôt celle-ci, disait-il à Patrice Roy sur les ondes de Radio-Canada, à ses enfants et petits-enfants. Les Québécois verront dans cet homme, par ailleurs sincère, une victime de prestige de la propagande fédéraliste distillée de multiples façons sur le Québec depuis le référendum de 1995.
Mais pour que Pauline Marois, en docteur-maman, puisse rassurer, rassembler et faire passer son monde à autre chose que le grattage de bobo, elle doit se démarquer tant auprès de ses troupes que de la population en passant à l'offensive, et proposer un plan de soins national associé à un programme de gouvernement responsable. Et selon moi, ce plan de soins visant à ramener la fierté pour faire reculer la culpabilité nationale pourrait prendre la forme de trois énoncés-chocs:
1- Une fois élu, un gouvernement du PQ mettra sur pied un chantier visant à doter le Québec de sa propre constitution nationale et celle-ci inclura une déclaration d'identité commune à tous les Québécois, de même qu'une identification des pouvoirs souverains actuels et nouveaux minimalement nécessaires pour assurer le développement de la nation. Également, y sera prévu un référendum périodique concernant la pleine souveraineté, mais aussi ad hoc, en cas de refus de reconnaissance par le fédéral de notre constitution nationale.
2 - Une fois élu, un gouvernement du PQ nationalisera nos ressources naturelles et mettra au point un plan de partenariat avec l'entreprise privée pour les développer selon une formule équitable de bénéfices partagés.
3- Une fois élu, un gouvernement du PQ mettra au point un plan de responsabilisation nationale prévoyant des mesures pour rendre efficaces les institutions publiques, écoles, hôpitaux, sociétés d'État, etc., afin que tous les Québécois soient mieux servis et, surtout, restent fiers de leur État national.
Denis Forcier
Shefford


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