Je ne remercierai jamais assez Le Point pour sa couverture sur les « Néocons ». Grâce à lui, après des années d’errements, je sais comment me définir.
Moi qui, lors de dîners interminables, quand fromages et rouge de Touraine libéraient la parole, ne savais comment me présenter.
Moi qui hésitais entre me dire patriote, populiste, nationaliste ou solidariste, tout en me demandant si ces mots en « iste » reflétaient bien la colère qui m’habitait chaque jour un peu plus.
Moi qui participais poliment à la Manif pour tous en ne voulant d’aucune manière déranger le bon ordonnancement des forces de l’ordre.
Moi qui m’excusais presque devant des fac-similés d’Alexis Corbière d’avoir eu un grand-père mort pour la France pendant la Grande Guerre. Je viens enfin de réaliser ce que j’étais vraiment grâce à cet hebdomadaire : un « néo-con » sans le savoir.
Et pourtant en réfléchissant, cette expression m’allait comme Manuel Valls aux antifas. D’ailleurs, pour être honnête, ce n’était pas le début du mot conservateur qu’il fallait privilégier chez moi mais le mot lui-même, cette insulte de trois lettres que l’on entend si souvent dans mon Sud-Ouest natal.
Car comment justifier, même si je n’ai pas voté pour lui, que M. Hollande soit président de la République et non uniquement du conseil général de Corrèze ?
Comment interpréter le fait que les partis de gauche comme de droite fassent depuis trop longtemps la même politique d’abaissement de notre pays sans que je sois capable de leur dire basta, à la revoyure, cela suffit ?
Comment définir le fait que depuis dix ans je pèse mes mots, moi l’ancienne grande gueule de la gendarmerie alors que l’histoire des pandores risque de s’achever ?
Comment expliquer que j’ai tenté vainement de produire un long-métrage sur Camerone, le fait d’armes de la Légion (bien évidemment, je n’ai jamais trouvé les subsides nécessaires) alors que Jamel Debbouze peut, d’un claquement de doigts, trouver les sommes utiles à des films crachant sur l’armée et ces beaufs de Français.
Comment enfin expliquer que j’ai préféré déménager hors de quartiers « sensibles » et quitter la ligne 13 plutôt que d’apprendre à ma fille à résister aux sarcasmes et aux insultes des « jeunes » dans le métro ?
Certes, messieurs du Point, vous avez raison, je suis un vrai néo-con et hélas je ne suis pas tout seul ; nous sommes même une majorité dans ce pays !
Mais attention, car nous sommes de la race de ces cons qui, exaspérés par les politiciens, excédés par la classe boboïsée, peuvent redevenir intelligents. Oui, ras le bol d’être un gentil, ras le bol de subir en attendant d’être jeté comme un préservatif dans les poubelles du progrès et du mondialisme. Vous avez voulu ironiser sur nous, nous les invisibles, les silencieux, les résignés ; vous n’avez fait que nous réveiller après un sommeil de plus de deux cents ans !
Méfiez-vous : si 2014 est dans quelques jours, 1789 est peut-être pour demain… Aussi, c’est avec fierté que je reprendrai ces deux termes méprisants. Vous nous avez donné, sans le vouloir, notre nouvel étendard !
Oui, nous sommes cette multitude de « petits Blancs », comme le dit Aymeric Patricot, qui subissons mais, attention, plus pour longtemps car prenez garde que le prochain dîner de cons ne vous reste en travers du gosier !
Le prochain dîner de cons risque de vous rester en travers du gosier !
Fabre Bernadac
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