Politique

Le Québec à l'heure du vide

Tribune libre

La société québécoise a connu plusieurs périodes depuis le début du XXe siècle. La «Première Guerre mondiale» (1914 – 1918) et la participation des
canadiens français à la défense de la Grande-Bretagne en tant que «sujets» de la Couronne britannique. La période de «L’ EntredeuxGuerres» (1919– 1939) qui a été synonyme de misère économique. La «Seconde Guerre
mondiale» (1939 – 1945) qui a fait des québécois de la chaire à canons.
L’époque de la «Grande noirceur» (1945 – 1960) lors du règne du parti de
l’Union Nationale où la droite nationaliste et les soutanes de l’Église catholique ont maintenu la population québécoise dans un féodalisme. La «Révolution tranquille» (1960 – 1980) qui a débuté par les grands projets de construction et s’est terminé avec la fin du premier mandat du Parti Québécois.
La «Quinzaine constitutionnelle» (1980 – 1995) où on a connu un référendum sur la SouverainetéAssociation, le rapatriement de la Constitution canadienne, l’ Entente du Lac Meech avortée, le Référendum sur l’ Accord de Charlottetown, l’élection à Ottawa du Bloc Québécois et le référendum sur la Souveraineté du Québec en 1995. Depuis 1996, le Québec est entré dans la période de l’ère du vide. L’électroencéphalogramme des politiciens est à plat.
Les politiciens québécois ne proposent plus de projet de société. Ils ont rejoint les politiciens du monde entier dans l’absence d’idées et de projets rassembleurs. Ségolène Royal, candidate à la dernière élection présidentielle française, disait : «Vos idées sont les miennes, mes idées sont les vôtres ». On aurait jamais vu ça lors de la «Révolution tranquille» des politiciens qui proposent de nous représenter au lieu de diriger un pays, un état ou une province!
Aujourd’hui, les discours sont vides de sens. «N’importe quel sens vaut mieux que pas de sens du tout» écrivait Nietzsche. L’absence de projets politiques amène les politiciens à adopter des comportements répréhensibles. On utilise des fonds publiques à des fins illégales (scandale des commandites) ou certains versent carrément dans le manque d’éthique (Mulroney qui reçoit de l’argent liquide) et le conflit d’intérêt (Couillard qui se négocie un job dans le domaine de la santé avant de quitter ses fonctions de Ministre de la santé).
La «scène politique» devient de plus en plus une «scène artistique». Comme à «Star Académie», on ne produit pas des auteurs-compositeurs, mais plutôt des interprètes. À «Politiciens Académie», lors des campagnes électorales, les candidats vous chantent la pomme pour vous séduire, puisqu’ils n’ont rien à dire ! «La politique ne se tient pas à l’écart de la séduction. À commencer par la personnalisation imposée de l’image des leaders occidentaux : simplicité ostentatoire, l’homme politique apparaît en jean ou en pullover, reconnaît humblement ses limites et faiblesses, met en scène sa famille ou ses bulletins de santé.» écrivait Lipovetsky (1).
Nous avons appris via les médias que Nicolas Sarkozy avait un entraineur particulier pour muscler son muscle pelvien! En Allemagne, la chancelière Angela Merkel apparaît sur un panneau publicitaire en sous vêtements mauves.
À force de prendre les électeurs pour des abrutis, les politiciens ont créé une désaffection des urnes. Une crise de confiance envers la chose politique s’accroît à chaque élection. Une gouvernement qui est élu par 35% de la population ne peut être un gouvernement légitime et cette situation ne diminue en rien le cynisme des électeurs.
(1): Lipovetsky, Gilles. L'ère du vide. Folio essais, 1989.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 septembre 2012

    "Les politiciens québécois ne proposent plus de projet de société."
    Et les gens n'en veulent pas non plus de projet de société.
    Le 4 septembre dernier, les électeurs québécois ont voté strictement dans le sens de protéger leurs acquis et leur statut social personnels envers et contre tous. Les résultats des élections en témoignent assez. Ainsi, le bien commun et le projet de société en prennent pour leur rhume.
    Le Québec n'a plus de projet de société, plus de fierté nationale, plus de religion et est devenu un repaire du "chacun pour soi" et du "au plus fort la poche".
    Tous se prosternent devant le dieu "Argent", désormais la seule entité digne d'un culte au Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 septembre 2012

    Si la tendance se maintient, avec Raymond Bachand, tous les chefs de parti à l'Assemblée nationale ont voté OUI au dernier référendum de 1995.
    Le fruit n'est peut-être pas mûr mais il commence à être drôlement près de tomber sur la tête de Stephen Harper.