Politique

Les hirondelles ne font pas le printemps

Tribune libre

Comme le dit l'adage, « une hirondelle ne fait pas le printemps » mais annonce celui-ci. Le printemps érable était le symbole d'un espoir pour un changement politique. Les « hirondelles » (les étudiants) sont sorties dans la rue pour protester contre la hausse des frais de scolarité à l'université. Ils ont tenus tête au gouvernement durant six mois, obligeant celui-ci à déclencher des élections. La population qui voulait du changement est venue appuyer les étudiants par des marches de « casseroles ». On nous disait alors que le printemps érable n'était plus seulement une question de frais de scolarité, mais bien un désir de changement politique souhaité par tous.

Les sophistes ont fait croire qu'il était possible de changer l'ordre politique par les urnes et ont demandés une « trêve électorale ». Le Parti Québécois a été élu minoritaire. Le gouvernement Marois a dès le début donné le ton en réalisant ses promesses électorales: abolition de la hausse des frais de scolarité à l'université, fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly, mis aux orties l'exploitation des gaz de schistes, abolie la « taxe santé » et surtout, augmenter les impôts des plus riches. Ce gouvernement était en train de donner raison que l'on peut réellement changer le politique par les urnes.

Mais voilà que l'annonce de faire payer un peu plus les mieux nantis (2% des payeurs d’impôts) a provoqué un tollé dans les médias. Les chroniqueurs des sections économiques des médias sont montés aux barricades. Ceux-là même qui à pleine page écrivaient que le gouvernement ne devait pas plier devant la rue, les voilà à hauts cris, exigeant le retrait de cette décision gouvernementale. Ce qui n'est pas bon pour les étudiants est bon pour eux!

Voilà qu'après un week-end de pleurnichage et de larmoiement, les « journaleux » ont tartiné à pleine page que les riches vont foutre le camps en Ontario. Digne d’un « taxage » de cours, la deuxième opposition menace de faire tomber le gouvernement si celui-ci persiste à vouloir augmenter les impôts d’une poignée de riche. Est-ce cela la fameuse démocratie que tout le monde veut préserver? Une démocratie qui permet à un groupe représentant 2% de la population de renverser un gouvernement!
Le gouvernement est celui qui a la capacité de réglementer les rapports des hommes entre eux. Ainsi, il perçoit les impôts, il juge et punit ceux qui contreviennent aux lois. Bref, dans notre système politique actuel, le gouvernement a la force physique, intellectuelle et économique pour obliger tout le monde à faire ce qu'il veut. C'est ce que l'on appelle « le principe d'autorité ». Or les gens croient à tort que le gouvernement est le représentant des intérêts généraux de la population. Ainsi, ils mettent leur confiance aveuglément en un parti politique qui met de l'avant un programme qui correspond à leurs aspirations.

Les 2% des mieux nantis de notre société se sont assurées une telle suprématie qu'ils ne se contentent plus de donner leur appui au gouvernement, ils lui fournissent des candidats issus d'eux-même (PLQ et CAQ). C'est ainsi, qu'ils menacent de faire tomber le nouveau gouvernement minoritaire, élu par la population. Ce seront sans aucun doute les intérêts et les idées de cette classe qui triompheront, et la volonté et les intérêts de la majorité seront rejeter du revers de la main. C'est ainsi que se développe la richesse privée, à l'ombre du pouvoir.

Même avec le suffrage proportionnel proposé par Québec Solidaire, le gouvernement reste le serviteur de cette petite bourgeoisie. Cette bourgeoisie fait tout pour maintenir l'illusion démocratique du suffrage universelle. Il y aura toujours des idéalistes qui vous diront qu’ils vont changer les choses. Or si le gouvernement menaçait de devenir hostile à la bourgeoisie. Si la démocratie pouvait un jour être autre chose qu’un leurre destiné à tromper le peuple. La bourgeoisie s’empresserait d’employé la force et son influence qui lui viennent de la richesse pour rappeler le gouvernement à son rôle de simple « chien de garde » à son service. Quel que soit le nom que prend le gouvernement, quelles que soient son origine (gauche ou droite), son rôle est d’opprimer et d’exploiter les masses de travailleurs et de défendre les oppresseurs.

L'espoir qu'apportait le printemps érable était que l'on ne veut plus être consulté au quatre ans pour choisir uniquement les représentants. On veut avoir notre mot à dire en tout temps. Plus question de couronnement d'un gouvernement qui fera à sa tête sans notre consentement d'une élection à l'autre. L'élection du gouvernement Marois nous démontre que le pouvoir de l'urne est un pouvoir imaginaire et que les possédants décideront à notre place dans ce système politique.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    28 septembre 2012

    Monsieur Lahaie
    La plus belle preuve de ce que vous avancez, c'est qu'après 44 années d'existence, le PQ n'a toujours pas réalisé l'indépendance du Québec; LE PEUPLE A ÉTÉ LEURRÉ. Les politiciens carriéristes, de ce parti provincial, qui sont au service de la bourgeoisie capitaliste et fédéraliste (les oligarques) tiennent beaucoup plus à leurs carrières professionnelles et à la sécurité qui en découle qu'à un projet de pays emballant tel que celui de l'indépendance du Québec. Depuis la Conquête de 1759 que ça fonctionne ainsi et rien ne changera à moins que le peuple se réveille et décide de prendre le contrôle de ses affaires. Excellent texte!
    André Gignac 28/9/12