Il fut un temps où la population avait de la dignité. Elle se soulevait contre l’arrogance des puissants et brandissait leurs poings au nez des privilégiés. Elle dressait des barricades ou bottait le cul des politiciens véreux qui dépassaient les bornes. Les temps ont changé. Aujourd’hui, les politiciens véreux se font réélire malgré un taux d'insatisfaction titanesque.
Depuis toujours, c’est la gauche qui défend ouvertement les travailleurs, les
faibles et les exploités. Ceux-ci votent à gauche pour la défense de leurs
droits. La gauche incarne ce combat pour l’émancipation sociale. Or depuis
la fin du vingtième siècle, le « yâbe » est aux vaches. Nous avons aujourd’hui
des pauvres et des travailleurs qui votent et soutiennent la droite, autrement
dit le parti des dominants !
Si on analyse le vote de la dernière élection, les circonscriptions qui ont voté pour la CAQ, sont à peu de chose près les mêmes qui dans les années 1960 ont voté en grand nombre pour le Parti Crédit-social et en 2007 pour l'ADQ. Les
circonscriptions de la basse-ville de Québec, en Beauce et en basse Mauricie pour ne nommer que ceux-là. Un fond de petite droite pauvre et colonisée, la fameuse « droite baloney ». C’est un segment de la population qui a un faible revenu et qui se voit « grand seigneur ». Comme dans le conte de Lafontaine, la petite grenouille qui veut être aussi grosse que le bœuf !
Comment expliquer que des ouvriers et des pauvres donnent leurs votes à ceux qui veulent les asservir ? Les explications ne manquent pas sur le sujet, à commencer par la négligence évidente des partis politiques de gauche. La droite s’est approprié un thème abandonné par la gauche, celui de la colère des « masses » contre l’élite. La droite a remplacé la lutte des classes par la « guerre culturelle ». Ainsi, ce n’est plus « l’horrible économie » qui asservit la population, mais plutôt le système des valeurs! Les thèmes propres à la gauche (les salaires, les protections sociales, le syndicalisme, etc) sont marginalisés et les enjeux tel que l’avortement, la religion et l’abstinence sexuelle deviennent des thèmes populaires.
Les syndiqués passent leur vie à se décarcasser pour l’amélioration des conditions de travail des moins fortunés et la droite populiste n'arrête pas
de leur dire que ce n'est pas bien de voter pour les « gauchistes ». Dans la
bouche des populistes de droite, l’élite n’est plus le possédant, c’est celui qui tente d’améliorer son sort en se syndicalisant (syndicat corporatiste) ou en s’instruisant à l’université (démonisation des «carrés rouges»). On peut entendre régulièrement leur mantra populiste à TVA et qui hurlent leur fiel : voyez ces syndicalistes parasitaires, voyez ces « enfants gâtés » d’universitaires, incapables de tenir une arme et qui ne vont pas à l’église. Pendant ce temps, le gouvernement Charest en profite pour endetter les étudiants et réduire leur accès à l’éducation en haussant les droits de scolarité. Le discours de la droite est si efficace qu'il parvient même à conquérir des fonctionnaires de Québec ! Méchant paradoxe, quand on sait que la CAQ propose des mesures d'abolition de postes dans la fonction publique !
Il y a bien sûr l'incapacité de la gauche à récupérer le mécontentement des
gens. Pauline Marois ne se mouillant pas clairement en faveur du déclenchement d'un référendum a créée un adversaire (Option nationale) dans sa propre cours. Elle a de plus refusée une alliance avec Québec Solidaire, qui aurait mobiliser la gauche pour atteindre un gouvernement majoritaire.
Tant que la gauche laissera le terrain médiatique à la droite, la côte restera
impossible à remonter. La CAQ est une créature de Québécor. Propulsé en avant par des sondages à la une du Journal de Montréal sur un parti qui n'existait pas et encensé par des chroniqueurs vendus à l'avance (puisqu'il n'y avait aucun programme électoral), Québécor a utilisé toute son artillerie (Journal de Montréal, de Québec et TVA) pour influencer la population et mobiliser la «droite baloney». Les radios poubelles de Québec s'en sont donné à cœur joie pour vomir sur les progressistes. Quand la gauche est associée au statu quo et à l’immobilisme, la langue de bois est vraiment très rugueuse! Tant et aussi longtemps que la droite a le champ libre pour dire ce qu’elle veut, la gauche sera cantonnée à se défendre au lieu de dénoncer les agissements de la droite. Et on continuera à nous présenter des reportages où le déménagement d’une usine en Chine, sera la faute du syndicat et non celui du « boss »! L’avenir de la gauche passe par l’union des forces militantes derrière un journal quotidien de gauche.
Société
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4 commentaires
Jean-Serge Baribeau Répondre
27 septembre 2012Intéressantes et éclairantes sont les analyses et perspectives de Monsieur Lahaie!
Un auteur anonyme, parlant de la DROITE-GAUCHE (en politique), a écrit:
***«C'est le contraire des automobiles: le frein est à droite, l'accélérateur à gauche»»***
Et que dire de cette perception de Laurent Ruquier, perception française:
***«Il est faux de dire que la France a la droite la plus bête du monde: il y a sûrement d'autres planètes.»»»
Coluche a déjà affirmé de manière éminemment insolente:
***«Pour qu'un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres votent.»***
Tel est le sort de nombreux pays «occidentaux. Je parle ici du passage éventuel de nombreux citoyens et électeurs vers la droite.
MERDRE! C'est ce qu'aurait dit LE PÈRE UBU.
JSB
Archives de Vigile Répondre
21 septembre 2012Du temps des créditistes, la droite était plutôt sympathique, sans hostilité, sans attitude méprisante. Réal Caouette et Camille Samson étaient même amusants
C'est la radio poubelle qu'André Arthur a mise au monde qui a changé la donne. On connait la descendance: Fillion, champagne etc..
Cette droite est devenue hostile, méprisante, vindicative à l'image de ce faux leader devenu chauffeur d'autobus.
Aujourd'hui on écope...
Archives de Vigile Répondre
20 septembre 2012Monsieur Lahaie,
Je suis plus ou moins d'accord que ce sont les gagne-petits qui votent CAQ ou libéral. Dans la région de Québec, la circonscription la plus pauvre a élu madame Maltais du PQ.
À part cette circonscription plus pauvre, la ville de Québec est reconnue comme étant la région la plus prospère du Québec. Ce sont donc davantage les "satisfaits" et les "heureux" parmi les Québécois francophones pure laine de la ville de Québec qui votent CAQ ou libéral, ceux qui font quand même à quelque part la belle vie.
Les vrais démunis ne votent pratiquement pas aux élections. Leur taux de participation est très faible.
Jean-François-le-Québécois Répondre
20 septembre 2012@ Richard Lahaie:
«Le discours de la droite est si efficace qu’il parvient même à conquérir des fonctionnaires de Québec ! Méchant paradoxe, quand on sait que la CAQ propose des mesures d’abolition de postes dans la fonction publique !»
Oui, en effet. Je suis bien placé pour le voir, car j'habite la Vieille capitale... qui est plutôt comme une banlieue géante dont trop souvent les citoyens n'ont aucun sens de l'état, et rejettent la culture québécoise (sauf dans le cas de notre Pascale Picard locale, une fille de Sainte-Foy qui ne chante qu'en un anglais approximatif)...
Mais il ne faut pas assimiler, je le crains, cette droite baloney-là, à la droite américaine contemporaine, comme vous sembleriez le faire. Non, la droite «morale», ou moralisatrice, je ne crois pas qu'il y ait vraiment un «marché» pour cela, à Québec.
On parle plutôt d'une droite «pas dans ma cour». C'est la droite du banlieusard qui ne serait même pas capable d'expliquer de manière sensée, la différence entre la droite et la gauche, vous voyez.
Le message de droite gagneur, ici, est d'un autre ordre... Vous voyez, les gouvernement provincial, fédéral et municipal, sont toujours au total, le plus gros employeur à Québec. On parle d'une population dont une grande partie a un emploi stable, de relativement à très bien rémunéré (et sans prendre de risque, contrairement aux gens d'affaires).
À qui avons-nous affaire...?
On parle d'un partisan moyen de la défunte ADQ arborant casquette et petit polo à manches courtes en quasi-permanence, qui est américanophile (et américanisé!), sans arriver à parler un anglais intelligible, avec un vocabulaire anglais d'une quinzaine ou vingtaine de mots.
On parle d'un citoyen qui hait tous ceux qui sont un peu trop différents de lui et des habitants de sa banlieue. Les séparatisss, les artisss, les zindellecduels, zétudiants, sont perçus comme des ennemis jurés. Les seuls qui trouvent à ses yeux le droit d'exister, en dehors de lui et ses émules, sont les braves militaires canadiens de Valcartier!
On parle de gens qui vocifèrent contre le gouvernement, qui est pourtant leur généreux employeur, et qui ne jurent que par le privé et la privatisation... alors que le privé n'occupe pas une si grosse place dans l'économie locale. Et que la situation de la plupart d'entre eux changerait drastiquement s'ils devaient se payer eux-mêmes tous les services garantis par les gouvernements provincial et fédéral. Mais attention, ils veulent avoir tout gratuit, mais pestent contre le fisc!
La plupart de ces droitistes à rabais, de ces enfants qui jouent la la droite, si j'ose dire, croit dur comme fer tout ce que racontent les deux radios-poubelles locales, CHOI et CJMF. Ils ne se donnent jamais la peine, en cette ère d'internet, de vérifier les faits, de voir si les choses pourraient être nuancées...
Mais que voulez-vous, nous parlons d'intellects incapables d'accorder un participe passé conjugué avec l'auxilliaire avoir; alors pour ces esprits-là, les subtilités de l'économie, de la science politique, etc, ça semble un peu trop abstrait.
De toute façon, cette catégie de mes fiers concitoyens, doit se dire secrètement que les détails de ce genre de choses n'intéressent que les tapettes et la gang du Plateau Mont-Royal, par ailleurs.
Je pourrais écrire encore bien des choses, mais je concluerai que bien qu'il existe encore des souverainistes convaincus, ici, la cause me semble perdue, dans notre région. C'est plus que triste, mais c'est ça.
Oh, je sais, certains me diront que selon les chiffres, il est faux que Québec ait voté de telle manière, au dernier référendum, que c'est ici que s'est jouée la victoire du NON... Mais, hélas, nous ne sommes plus en 1995. Le contexte a changé.