Le Québec est-il libre de ses choix?

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En vertu de la Loi sur l'exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l'État du Québec, oui





Le 24 juillet 1967, le temps s’est arrêté sur ces quatre mots d’une clarté cristalline : « Vive le Québec libre ! » Aucune autre incantation que celle de Charles de Gaulle n’aura autant marqué l’histoire moderne du Québec.


Dans ma chronique précédente – « L’espoir désenchanté » –, j’expliquais comment, au fil du temps, le Québec avait glissé de cette effervescence enjouée à l’endormissement post-référendaire des dernières années. Les réactions politiques au 50e anniversaire de cette phrase historique le confirment amplement.


En entrevue avec Le Soleil, Philippe Couillard jure que le Québec est plus libre que jamais. Or, Charles de Gaulle n’a pas traversé l’Atlantique pour nous parler de liberté provinciale, mais de souveraineté nationale. Ce qu’il confirma d’ailleurs à Paris en novembre 1967.


Réactions surréalistes


Les paroles de M. Couillard sont d’autant plus étonnantes qu’il a lui-même été éconduit par Justin Trudeau pour avoir osé suggérer un modeste « dialogue » Québec-Canada sans la moindre obligation de résultat. Comme liberté politique, on repassera.


Chez la CAQ, son chef, François Legault, s’est fait discret. Son porte-parole me confirmant que, s’il « salue l’homme et l’événement », pour ne pas verser dans la « récupération politique », il ne réagirait pas comme tel au 50e du « Vive le Québec libre ! ». C’est ce qui s’appelle faire le service minimum.


Pour le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, le Québec n’est toujours pas une société libre de ses choix. Ce qu’il aurait dit ensuite au Soleil est cependant plus déroutant.


Distinction cruciale


« La loi sur la clarté référendaire donne au Canada un droit de veto sur la capacité du Québec de devenir souverain ou non », aurait-il dit. « On pense qu’avec un référendum gagnant on pourrait franchir cet obstacle, mais législativement parlant, le droit canadien actuel dit que le Québec n’est pas libre de quitter le Canada. »


S’il l’a vraiment dit, c’est aussi la phrase célèbre de Robert Bourassa qui en serait contredite. À la mort de l’accord du lac Meech, le premier ministre libéral affirmait devant tous que « le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement ».


Adoptée en 2000 par le gouvernement de Jean Chrétien, la loi fédérale dite sur la clarté n’y change absolument rien. Ce n’est qu’une simple loi qui, en cela, ne saurait contraindre la volonté politique de l’Assemblée nationale au lendemain d’un référendum remporté par le Oui.


Que la tenue même d’un autre référendum soit de plus en plus hypothétique est un fait indéniable. À l’opposé, présenter la loi dite sur la clarté comme un veto sur le droit du Québec à son autodétermination ne l’est pas.


Un demi-siècle après la phrase mythi­que de Charles de Gaulle, cette distinction est cruciale. Quel que soit le destin politique du Québec, elle devrait être comprise par tous les Québécois. Du moins, si la vérité a encore ses droits.




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