Le service public - une affaire «très profitable» pour les Clinton ?

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Une question d'argent

Des transactions «douteuses», des jeux flirtant aux limites de la légalité et des postes officiels qui rapportent gros… Peter Schweizer, l'auteur du livre sur la fondation Clinton, raconte à RT les subtilités de la politique «à la Clinton».

RT : La fondation Clinton nie toute implication dans quelque manipulation financière que ce soit. Cependant vous dites que dans le cas de Clinton il n’y a qu’un seul principe : «Suivre l’argent». Pourquoi une telle conclusion ?

Peter Schweizer (P. S.) : Tout d’abord l’argent qu’ils ont reçu est souvent venu de gens et d’endroits comme l’Afrique, par exemple. La corruption fait partie de leur histoire. Il y a un politicien indien qui a donné entre un et cinq millions et qui a été impliqué dans des scandales de corruption en Inde. Alors la question c’est : ces individus donnent-ils de l’argent à Clinton sans vouloir recevoir quelque chose en contre partie ou il y a quelque chose d’autre. Je pense qu’il est naïf de penser qu’ils font ça par simple gentillesse.
RT : Votre documentaire parle beaucoup de la façon dont les Clinton font leur argent, comment ils ont accumulé une grande fortune dans leur fondation. Il doit y avoir des dispositifs de contrôle et de surveillance, alors, comment ont-ils pu maintenir leur système et échapper à toute sorte de charge ?
P. S. : C’est une très bonne question. Le problème c’est qu’il y avait des dispositifs de contrôle. En 2008 le président Obama a exigé que Hillary Clinton divulgue toutes les donations à la fondation Clinton pour devenir secrétaire d’Etat. Un mémorandum de compréhension a été signé à cet effet. Hillary Clinton a également promis une transparence complète au comité pour les Affaires étrangères quand elle a été reconduite dans ses fonctions de secrétaire d’Etat. Maintenant nous savons que ce n’est pas le cas, qu’il y a littéralement plus de 1 000 donations qui n’ont pas été divulguées, qu’ils les ont cachées, et que [ces donations] impliquaient très souvent des transactions très douteuses. Alors, ces moyens de contrôle existaient, mais les Clinton les ignoraient. Leurs avocats sont très intelligents, il savent comment faire pour ne pas dépasser le cadre législatif – en violant cet accord avec le président des Etats-Unis, ils ne violent pas la loi proprement dite mais ils [peuvent] continuer à faire ce qu’ils font.

Si vous êtes nommé à un poste gouvernemental officiel et si vous acceptez quelque chose ayant de la valeur, il s’agit d’une violation de la loi fédérale

RT : Ce que vous dites rappelle un peu le scandale des paradis fiscaux au Royaume-Uni dévoilé par les Panama papers : ce que font ces gens n’est pas illégal en soi, mais c’est un milieu très obscure, ils profitent des lacunes dans la législation sans pour autant violer la loi. Pensez-vous que dans ce cas il s’agit d’une chose de ce genre ?

P. S. : Je pense que c’est une très bonne analogie. Mais je pense qu’il est très probable que les lois soient aussi enfreintes. Aux Etats-Unis nous avons des lois relatives aux fonctionnaires et elles sont très claires en ce qui concerne la réceptions des donations : si vous êtes nommé à un poste gouvernemental officiel et si vous acceptez quelque chose ayant de la valeur, il s’agit d’une violation de la loi fédérale. Ensuite il faut en convaincre les juges, mener l’enquête. Je ne suis pas un juriste, je ne prétends pas qu’une loi a été violée, mais si vous regardez les récents procès de corruption aux Etats-Unis impliquant le sénateur Menendez de New Jersey, l’ancien gouverneur de Virginie, l’ancien gouverneur d’Alabama... je dirais qu’il y a beaucoup plus de preuves probantes que Clinton a violé ces lois plus que n’importe lequel des individus que je viens de citer. Vont-ils la poursuivre et la cour pourra-t-elle entendre ces preuves ? Là est la question.
RT : Pourquoi Hillary a-t-elle une si grande envie de devenir présidente ? Qu’est-ce qui la motive ?

P. S. : Il est difficile de lire dans la tête de quelqu’un d’autre. Elle a des idées et des croyances qui sont importantes pour elle. En outre, les Clinton ont ce grand empire qu’est la fondation Clinton. Et tout en étant fonctionnaires, depuis le moment où Bill Clinton a quitté la Maison blanche et jusqu’à la campagne présidentielle, ils ont reçu 200 millions de dollars. Donc ce n’est pas comme s’ils étaient dans le service public simplement pour faire avancer un programme politique auquel ils croient – le service public est aussi très profitable pour les Clinton.
Je pense que cela aussi peut être une motivation. Je pense qu’il est juste de dire que, quand Hillary Clinton quittera la scène politique, ça sera de plus en plus difficile pour [les Clinton] de faire en sorte que les gens versent des donations à la fondation Clinton. Je pense qu’ils ont beaucoup de motivations dans cette course à la Maison blanche, dont une partie tient en leur programme politique et leur point de vue et une partie en [l’envie] de perpétuer leur fondation et ce système de création de richesse qu’ils ont mis en place.
Il y a certainement des gens qui partagent la vision politique de Hillary, mais quand il s’agit d’une appréciation personnelle vis-à-vis d’elle-même, le nombre n’est pas si important que cela

RT : Le nom de Clinton commence à . Pourquoi, à votre avis, bénéficie-t-elle de tant de soutien de la part des Américains alors qu’il y a toutes ces allégations contre elle ?
P. S. : C’est une sorte de paradoxe. D’après les sondages, elle est au coude-à-coude avec Trump. Les deux candidats ont de très mauvais résultats dans certaines régions. Dans le cas de Hillary Clinton, près de 70% de gens ne croient pas qu’elle soit honnête. C’est un immense problème.
Il y a certainement des gens qui partagent sa vision politique, intérieure comme internationale, et concernant les droits civils – mais quand il s’agit d’une appréciation personnelle vis-à-vis d’elle-même, le nombre n’est pas si important que cela.
Dans un récent sondage on a posé la question : «Pensez-vous que Hillary Clinton fait la course à la présidence par intérêt personnel ou pour le bien du pays ?» Moins de la moitié de répondants, 42%, ont dit croire qu’elle faisait ça pour le bien du pays alors qu’un grand nombre de gens considèrent qu’elle fait cela par intérêt personnel.
Donc même si elle a ses partisans, parmi ceux qui la soutiennent au niveau des questions politiques on trouve ce sentiment qu’elle n’est pas si honnête qu’on voudrait qu’elle le soit en tant que candidate [à la présidence].


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