Le temps presse !

Crise de leadership au PQ


À moins d'un imprévu, les Québécois iront aux urnes ce printemps. Tout est encore possible mais, si l'on se fie aux deux sondages publiés hier, le Parti québécois dirigé par André Boisclair est en train de gaspiller tout le crédit politique hérité des premières années catastrophiques du gouvernement Charest.
Depuis l'élection d'André Boisclair à la direction du Parti québécois, à l'automne 2005, ce parti a perdu 18 points de pourcentage pour passer derrière le Parti libéral dans les intentions de vote compilées par Léger Marketing. Ces pertes semblent avoir surtout profité à l'ADQ, qui présente aujourd'hui une fiche de 24 %, contre 17 % en septembre 2005 et même 11 % en mars de l'année dernière.
Le parti de Mario Dumont est loin d'avoir retrouvé la vigueur manifestée à l'été 2002, alors que quatre répondants sur dix le favorisaient pour diriger le Québec. Mais depuis un an, la tendance à la hausse ne se dément pas, surtout en région, où l'ADQ pourrait arracher plusieurs sièges à ses rivaux. Au centre du Québec et dans la région de la capitale nationale, notamment, l'ADQ occupe maintenant le premier rang dans les intentions de vote.
Mario Dumont n'a pas tout à fait tort d'expliquer cette remontée par le recrutement de l'ancien président du Conseil du patronat, Gilles Taillon, ou par l'adoption d'un nouveau programme. Mais ces facteurs ne font pas le poids comparés à l'effet de ses prises de position populistes en matière d'accommodement raisonnable et, surtout, à la mauvaise performance de ses deux adversaires.
Pour le moment, l'ADQ n'accapare que 24 % des intentions de vote et les deux principaux partis peuvent encore se rattraper. Dans le cas des libéraux, l'équipe de M. Charest doit se féliciter d'avoir soutenu son chef contre vents et marées lorsque le gouvernement s'est payé la traversée du triangle des Bermudes qui a failli l'anéantir, moins d'un an après les élections. On n'avait jamais vu un premier ministre du Québec aussi impopulaire! Aujourd'hui, la partie est encore loin d'être gagnée puisque 58 % des répondants au sondage Léger-Le Devoir se disent toujours insatisfaits de la performance du premier ministre. Mais depuis juin, le PLQ maintient une légère avance par rapport au PQ. Encore quelques bons coups, un budget taillé sur mesure pour faire oublier les promesses non tenues et qui sait? Car du côté du Parti québécois, la situation ne fait qu'empirer.
En effet, plus le temps passe et plus le chef André Boisclair éprouve de la difficulté à convaincre l'électorat de la justesse de son jugement et de sa capacité à diriger un gouvernement. Il faut dire qu'il ne lui a pas donné grand-chose à se mettre sous la dent, à cet électorat. Que savons-nous des idées du candidat Boisclair? Quelle réponse a-t-il pour le chef de l'ADQ, dont le populisme risque de confondre une partie de l'électorat traditionnel du PQ qui se sent menacée depuis la médiatisation à outrance des cas d'accommodement pas toujours raisonnable? Et dans cet autre dossier de l'heure qu'est l'environnement, que propose M. Boisclair? Jusqu'à ce jour, le chef du PQ a même refusé de faire le tri dans un programme de parti dont Jacques Parizeau a déjà dit qu'il était «farci de conneries».
La grogne est bel et bien présente parmi les militants du Parti québécois, mais ceux-ci doivent se rappeler qu'ils ont eux-mêmes élu André Boisclair. Au lieu de fomenter une révolte contre leur chef à quelques semaines d'une campagne électorale, ils feraient mieux de prendre exemple sur l'équipe adverse, de retrousser leurs manches et de consacrer leurs énergies à convaincre un électorat toujours insatisfait du gouvernement en place.
j-rsansfacon@ledevoir.com


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