Le transport de pétrole brut par train contesté dans l'Ouest

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Le pétrole mal-aimé de l'Ouest canadien

Alors que les projets de construction d'oléoducs semblent piétiner dans l'Ouest, le transport de ressources brutes par train apparaît comme une option attrayante pour les producteurs. Mais elle suscite une levée de bouclier de groupes communautaires et environnementaux de la région.
La possibilité de lier par les chemins de fer les lieux d'extraction des produits aux raffineries et aux terminaux maritimes dans les États de Washington, de l'Oregon et de la Californie n'a pas reçu un accueil particulièrement chaleureux de ces organisations. Ces opposants s'inquiètent du passage dans leur région de bitume «sale» provenant de l'Alberta.
Selon Matt Krogh, de l'organisme ForestEthics, dans l'État de Washington, l'idée de permettre l'expansion d'une industrie «sale et polluante» dans la région «n'a aucun sens économique».
L'une des nombreuses inquiétudes demeure la sécurité des résidants. Le souvenir du déraillement tragique à Lac-Mégantic, qui avait fait 47 morts, est encore bien frais dans la mémoire de certaines personnes, même à l'autre bout du continent.
Or les conséquences qu'aurait le développement de cette industrie sur les changements climatiques fait aussi partie des préoccupations importantes des détracteurs des projets.
Eric de Place, du groupe de réflexion Sightline Institute, de Seattle, estime que l'enjeu du transport de ces ressources - le charbon, le pétrole et le gaz naturel liquéfié - soulève une «question d'identité» pour la population de ces États.
C'est le projet de 210 millions $ présenté par la raffinerie Tesoro, par Marketing LLC et par Savage Energy for Vancouver (dans l'État de Washington), qui est au coeur des débats.
Il s'agit du projet de construction le plus imposant, alors que les trains pourraient charrier jusqu'à 360 000 barils par jour - soit plus de 40 pour cent de plus que l'oléoduc Keystone XL, qui attend l'approbation des autorités américaines depuis presque sept ans.
Les entreprises impliquées voudraient envoyer les produits bruts par train vers les raffineries de la côte Ouest, qui dépendent actuellement d'importations par bateau. Mais cela ne leur permettrait que de satisfaire la moitié de leurs besoins, alors que la production est en déclin en Alaska et en Californie. Vancouver Energy affirme que le projet diminuerait les importations de 30 pour cent.
La porte-parole de Tesoro, Jennifer Minx, a expliqué que le terminal se ravitaillerait en produits bruts dans la formation de Bakken, qui s'étend du Dakota du Nord vers la Saskatchewan - et moins en produits «lourds», dont les sables bitumineux de l'Alberta.
Mme Minx a cité le résultat d'un sondage récent effectué dans le comté de Clark suggérant que 69 pour cent de ses résidants appuyaient le projet en raison des bénéfices économiques, notamment.
«Le terminal de Vancouver Energy sera une installation moderne, spécialement construite pour assurer une sécurité stricte et la protection de l'environnement dans sa conception et les procédures. Nous travaillerons avec nos partenaires pour que toute la chaîne d'approvisionnement agisse de façon sécuritaire», a-t-elle affirmé.
Le conseil de l'État de Washington sur l'évaluation des sites dans le secteur de l'énergie devrait présenter une version préliminaire sur l'impact environnemental qu'aurait le projet au mois de novembre, quatre mois plus tard que prévu.
Brett VandenHeuvel, directeur général de l'organisme Columbia Riverkeeper, a toujours espoir de bloquer le projet.
«Si vous me l'aviez demandé il y a un an, j'aurais peut-être eu une réponse différente, mais il y a eu une opposition sans précédent au projet. Ce ne sont pas seulement des groupes de conservation, c'est assez varié», a-t-il souligné.
Selon Eric de Place, l'issue des projets d'oléoducs en Colombie-Britannique aidera à prédire l'avenir du transport par train au Canada. S'ils ne sont pas approuvés ou construits, l'option du train risque d'être plus populaire, a-t-il avancé.
Le projet de Kinder Morgan, qui souhaite tripler la capacité de son oléoduc entre Edmonton et Vancouver, est actuellement examiné par l'Office national de l'énergie. Quant à Northern Gateway, d'Enbridge, il a été approuvé, mais l'entreprise n'a pas encore décidé si elle allait effectivement le construire.


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