Le triomphe des ultra faucons israéliens, terme ultime de la glaciation idéologique du sionisme

Israël - Élection, mardi le 10 février 2009 - la montée aux extrêmes




Paris 3 Mars 2008 - Le triomphe des ultra faucons israéliens aux élections législatives du 10 février 2009, qui devrait être couronné par la formation d’un gouvernement Netanyahu-Liberman, le tandem le plus à droite de l’histoire israélienne, marque le terme ultime du processus de glaciation idéologique du sionisme fondateur d’Israël, une radicalisation qui plonge le camp occidental dans une redoutable épreuve de vérité, en le plaçant à l’épreuve de ses propres principes.

Par un singulier retournement de conjonctures, les deux principaux protagonistes du conflit israélo-palestinien se retrouvent, par une cruelle ironie de l’histoire, dans une situation de parfaite similitude: le Likoud et le Hamas, tous deux démocratiquement élus, se refusent tous les deux à admettre l’existence officielle de l’autre, l’honorable israélien d’une manière équivoque, le paria palestinien d’une manière non équivoque. Benyamin Netanyahu, le destructeur des accords israélo palestiniens d’Oslo (1993) préside en effet un parti dont la charte n’admet nullement l’existence d’un état palestinien, pas plus que les engagements internationaux d’Israël, vidés de leur substance durant son passage au pouvoir (1996).
Une attitude de similitude implique donc de la part de ceux qui s’érigent en censeurs de la planète pour autant qu’ils paraissent soucieux de leur crédibilité, un comportement de similarité, à défaut d’un comportement d’exemplarité. Mutatis mutandis, la mise à l’index du Hamas par le camp occidental, y compris les membres du gouvernement de coalition formé à la suite de la victoire électorale du mouvement islamique en 2006, devrait entraîner en toute logique la mise en quarantaine du gouvernement Likoud par application du principe de similarité, d’autant plus impérativement que l’Union européenne est régie par la jurisprudence Jorg Haider, du nom chef de l’extrême droite autrichienne. Dans le cas d’espèce, cette jurisprudence, qui prohibe les rapports avec les gouvernements européens dirigés par l’extrême droite, s’impose d’autant plus impérativement qu’un des partenaires majeurs de la coalition, Avigor Liberman, chef de la formation «Israël Beitouna» se confirme, par ses propos, comme le représentant de la xénophobie la plus rance, n’hésitant pas à qualifier les Arabes de «cafards», à préconiser le bombardement du site du barrage d’Assouan (Egypte) afin d’y noyer les Arabes en surnombre ou à irradier la population de Gaza pour pacifier le sud d’Israël.

Bado, Le Droit 17 mars 2009

La destruction de Gaza a entraîné un clivage au sein du camp occidental, reflet d’un grave malaise au sein des allies traditionnels et inconditionnels de l’Etat hébreu. Comme frappé de stupeur devant la violence du déchaînement israélien et son manque d’efficacité, le Royaume uni, responsable premier de la tragédie palestinienne, a, dès la fin des hostilités, plaidé pour l’inclusion du Hamas dans le processus de négociations, ordonnant la mise en route d’un convoi humanitaire via la transsaharienne, donnant à voir et à savoir aux populations situées sur le trajet reliant le Maroc, l’Algérie, la Libye et l’Egypte, l’aide britannique à Gaza.
La France, elle, a offert un spectacle surréaliste d’elle même avec un ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, pourtant un spécialiste habituellement volubile de la gestion des crises humanitaires, curieusement frappé de mutisme, sans doute trop embourbé par son affairisme kurdo-gabonais et une secrétaire d’état aux Droits de l’homme Rama Yade, affligée de psittacisme avec ses imprécations rituelles sur l’impérieuse nécessité du Droit à la sécurité d’Israël. Plutôt que d’appuyer les démarches de son partenaire égyptien, co-président de l’Union pour la Méditerranée, plutôt que d’ordonner la levée du siège de Gaza, au lieu de compenser par une aide humanitaire et sanitaire les méfaits du blocus et de la destruction de l’enclave palestinienne, la France a pris curieusement le contre-pied du Royaume uni, en dépêchant un porte-hélicoptères pour enrayer le trafic des armes au bénéfice d’Israël. Le nouveau visage de la France à Gaza a produit un effet vomitif au sein de l’ensemble arabe, dont les effets corrosifs se feront longtemps sentir. L’attentat du Caire, le 22 février dernier, qui a coûté la vie à une jeune touriste française, pourrait être en rapport avec ce comportement de vilénie.
Israël vit une situation schizothymique: Un état de Droit, certes, mais exclusivement à l’égard de ses citoyens de confession juive, un état d’apartheid à l’égard de la composante palestinienne de sa population, une zone de non droit et de passe droit dans ses colonies et sur la scène régionale, au point que bon nombre d’observateurs, pas uniquement arabes, pas uniquement musulmans, tendent à le considérer comme l’état voyou N°1 sur la scène internationale.
Le refuge des juifs, des rescapés des camps de la mort et des persécutés, le pays du Kibboutz socialiste et de la fertilisation du désert, des libres penseurs et des anticonformistes est devenu, aussi, au fil des ans, un bastion de la religiosité rigoriste, des illuminés et des faux prophètes, de Meir Kahanna (Ligue de la Défense Juive) à Baruch Goldstein, l’auteur de la tuerie d’Hébron, le 25 février 2004, des gangs mafieux et des repris de justice, des Samuel Flatto-Sharon à Arcadi Gaydamak. Un phénomène amplifié par la décomposition de l’esprit civique, gangrené par l’occupation et la corruption affairiste des cercles dirigeants, matérialisé par le naufrage du part travailliste, le «parti des pères fondateurs», et la cascade de démission au plus haut niveau de l’état soit pour harcèlement sexuel, soit pour des faits en rapport avec l’argent illicite.
La propulsion d’Avigor Liberman sur le devant de la scène politique israélienne constitue à cet égard une illustration caricaturale du «Droit au retour» dans son extravagance la plus criante, en ce qu’elle confère à un ancien videur de boîtes de nuit de Moscou, du seul fait de sa judéité, et, au détriment des habitants originels du pays, une part du destin du Moyen orient. Elle constitue par là même la marque de l’aberration du projet sioniste dans ses manifestations les plus extrêmes, l’échec patent du projet occidental.
Près de cent ans après sa fondation, le Foyer National Juif apparaît ainsi rétrospectivement comme la première opération de délocalisation de grande envergure opérée sur une base ethnico religieuse en vue de sous traiter au monde arabe l’antisémitisme récurent de la société occidentale…….. Et la Palestine, dans ce contexte, est devenue un immense défouloir de toutes les frustrations recuites générées des bas fonds de Kiev (Ukraine) et de Tbilissi (Géorgie) au fin fond de Brooklyn (Etats-Unis), la plus grande prison du monde, le plus grand camp de concentration à ciel ouvert pour les Palestiniens, les propriétaires originels du pays
La Palestine, la plus grande prison du Monde, le plus grand camp de concentration à ciel ouvert
Une conférence mondiale pour la reconstruction de Gaza devrait se tenir le 3 mars au Caire, sous l’égide de l’Egypte, en vue de collecter les concours internationaux à la reconstruction de l’enclave détruite par l’armée israélienne. A titre indicatif, alors que le bilan du bain de sang ordonné par Israël contre Gaza, tant humain que matériel, n’est pas définitivement établi, des éléments chiffrés de la chronique ordinaire offre de l’occupation israélienne de la Palestine le panorama suivant.
La Palestine, dans ses deux volets, la Cisjordanie et Gaza, est devenue au fil des ans, la plus grande prison du Monde, le plus grand camp de concentration à ciel ouvert, avec un mur de séparation en béton armé, qui encercle et enferme près de trois millions de personnes, des dizaines de villes et de villages. …..un mur trois fois plus long que le mur de Berlin et deux fois plus haut, d’une hauteur de huit mètres et d’une longueur de 750 km.
Selon un rapport de l'organisation de gauche israélienne «La Paix maintenant», publié le 29 janvier 2009 dans le journal «Le Monde», les constructions dans les colonies ont augmenté de 57 % au cours de l'année 2008. 61 % de ces nouvelles structures ont été édifiées dans le périmètre de "la barrière de sécurité" et 39 % à l'extérieur de celle-ci, c'est-à-dire en Cisjordanie. Ce qui rend de plus en plus difficile la création d'un Etat palestinien viable et continu, fait remarquer La Paix maintenant. Le nombre total de colons est passé de 270 000 en 2007 à 285 000 en 2008 sans tenir compte des implantations à la périphérie de Jérusalem qui totalisent une population de près de 200 000 habitants. En avril 2001, une commission internationale présidée par Georges Mitchell avait recommandé le gel de la colonisation. Pis dans une opération de falsification sans doute unique dans l’histoire, les principales colonies de peuplement de Cisjordanie ont été opérées non sur des terres domaniales, comme les Israéliens ont voulu en accréditer l’idée auprès de leur parrain américain, mais sur des terres privées, en violation du sacro-saint principe de la propriété privée, un des principes cardinaux du libéralisme économique.
Au mépris des règles élémentaires du droit international et des usages diplomatiques, sept ministres et 40 députés du Conseil Législatif Palestinien élus dans des élections démocratiques se trouvent dans les prisons de l'occupation israélienne. En la matière, la Palestine revendique d’ailleurs le titre de doyen des détenus politique au Monde en la personne de Saib Al-Ataba, détenu depuis trente et un ans, soit quatre ans de plus que Nelson Mandela, alors que mille cent soixante quinze (1175) étudiants dont 330 âgés de moins de 18 ans croupissent dans les prisons israéliennes et que le nombre d'écoles et d'universités fermées par des ordres militaires, rien qu’en 2006 seulement, est passé à douze, alors que 1125 écoles ont été contraintes à la fermeture du fait des attaques israéliennes. Près de 763 barrages militaires quadrillent par ailleurs les territoires palestiniens occupés. Depuis la Naksa (la guerre de 1967) et l'occupation des territoires palestiniens, 42% des hommes palestiniens ont été au moins une fois interpellé. Plus de deux cents mosquées ont été profanées et détruites, remplacées par des bars et des boites de nuit
Illustration symbolique du déracinement et de la volonté des Israéliens d’extirper les Palestiniens de leur terre ancestrale, la Palestine: Rien qu’en 2006, les Israéliens ont déraciné 13.572.896 arabes, détruit 787 silos, 788 fermes avec leurs animaux (14.829 chèvres et moutons, 12151 vaches, 16.549 ruches d'abeilles), détruisant 425 puits, 207 maisons, sans parler des assassinats extrajudiciaires et autres trouvailles juridiques de la merveilleuse efficacité israélienne tant célébrée partout dans le monde occidental. Au vu du bilan israélien, la reconstruction ne devrait pas se limiter à Gaza. L’effort international devrait porter sur la réhabilitation de la totalité de la Palestine pour pallier la gestion de «l’enfant chéri de l’Occident» dans les territoires palestiniens sous occupation israélienne et réhabiliter du coup l’ensemble du camp occidental au regard.
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René Naba : Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information, est l’auteur notamment des ouvrages suivants : —« Liban: chroniques d’un pays en sursis » (Éditions du Cygne); « Aux origines de la tragédie arabe"- Editions Bachari 2006.; "Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français"- Harmattan 2002. « Rafic Hariri, un homme d’affaires, premier ministre » (Harmattan 2000); « Guerre des ondes, guerre de religion, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen » (Harmattan 1998).
René Naba est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de René Naba publiés par Mondialisation.ca

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Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information, est l’auteur notamment des ouvrages suivants : —« Liban: chroniques d’un pays en sursis » (Éditions du Cygne); « Aux origines de la tragédie arabe"- Editions Bachari 2006.; "Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français"- Harmattan 2002. « Rafic Hariri, un homme d’affaires, premier ministre » (Harmattan 2000); « Guerre des ondes, guerre de religion, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen » (Harmattan 1998).





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