Élections Québec 2022

Legault mélange immigration, extrémisme et violence... puis se rétracte

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Après avoir affirmé lucidement qu’il faut conserver le caractère pacifique de la société québécoise, Legault recule face à la meute médiatique qui nie tout lien entre immigration et violence

PHOTO MARC-ANDRÉ GAGNON


L’ÉTAPE | François Legault s’est rétracté mercredi soir après avoir plaidé que c’est pour protéger les valeurs des Québécois, qui «n’aiment pas les extrémistes», ni «la violence» qu’il importe de maintenir les seuils d’immigration au niveau actuel, des propos aussitôt dénoncés par ses adversaires.


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«L’immigration est une richesse pour le Québec. L’intégration sera toujours un défi pour une nation francophone en Amérique du Nord. Je n’ai pas voulu associer l’immigration à la violence. Je suis désolé si mes propos ont porté à confusion. Ma volonté, c'est de rassembler», a déclaré le chef de la CAQ sur Twitter, en début de soirée. 



L’immigration est une richesse pour le Québec.

L’intégration sera toujours un défi pour une nation francophone en Amérique du Nord. Je n’ai pas voulu associé l’immigration à la violence. Je suis désolé si mes propos ont porté à confusion. Ma volonté c'est de rassembler.


— François Legault (@francoislegault) September 7, 2022

Plus tôt en après-midi, alors qu’il venait de visiter une école de Victoriaville, François Legault a soutenu une fois de plus que les niveaux d’intégration que souhaite imposer Justin Trudeau dans les différentes provinces canadiennes posent un «grand défi d’intégration».  


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«Et évidemment, il est beaucoup plus grand au Québec à cause de la langue», a souligné M. Legault, qui tient à conserver le nombre maximal de nouveaux arrivants à 50 000 par année au cours d’un prochain mandat, s’il forme le prochain gouvernement.


«Une façon de vivre»


Mais c’est en ajoutant l’argument des valeurs québécoises que le chef de la Coalition Avenir Québec s’est attiré les foudres de ses adversaires. 


«On a parlé beaucoup de laïcité dans les dernières années. C’en est une des valeurs aussi. Le respect. [...] Il y a une façon de vivre chez nous et on veut la garder», a-t-il insisté, en réutilisant une formule souvent empruntée pendant débat sur la laïcité: «parce que c’est comme ça qu'on vit au Québec». 


«Les Québécois sont pacifiques, a exposé M. Legault. Ils n’aiment pas la chicane, ils n’aiment pas les extrémistes, ils n’aiment pas la violence. Donc il faut s’assurer qu’on garde ça comme c’est là actuellement.» 


Somme toute, cet enjeu «n’est pas unique au Québec», considère le chef de la CAQ. «Je regarde ce qui est arrivé en Allemagne, ce qui est arrivé dans beaucoup d’autres pays. Ça reste toujours un défi, l’intégration des nouveaux arrivants.»


Un amalgame dangereux, dit le PLQ


Rapidement, la cheffe libérale Dominique Anglade a reproché à François Legault de faire «un dangereux amalgame» entre la violence et l’immigration. 


Elle en a même rajouté, dans une vidéo, en qualifiant ses propos «d’indignes», tout en l’accusant de continuellement chercher à diviser. 


«Ce n’est pas la première fois que M. Legault utilise des termes qui divisent beaucoup les Québécois entre eux», a réagi à son tour le chef conservateur Éric Duhaime. 


«J’espère qu’il s’est simplement mal exprimé. Tous les Québécois souhaitent effectivement qu’on intègre mieux nos immigrants», a dit M. Duhaime, jugeant les propos du premier ministre sortant «malheureux».


Dangereux dérapage


Chez Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois n’a pas hésité à parler d’un «dérapage» de la part du premier ministre sortant, qui a livré le fond de sa pensée, selon lui. 


De façon générale, François Legault «dit ce qu’il pense», a rappelé le porte-parole solidaire, en dénonçant ce type de discours «dangereux», qui «détériore le climat social». 


Préférant continuer à mener une campagne «constructive et responsable», le chef du Parti Québécois Paul St-Pierre Plamondon a préféré s’abstenir de qualifier les propos «flous» du chef caquiste. 


- Avec la collaboration de Nicolas Lachance, Gabriel Côté, Annabelle Blais et Patrick Bellerose