Les sondages à la veille du référendum en Écosse rappellent des clivages très similaires à ceux du référendum de 1995 au Québec : le oui a la faveur des jeunes et des hommes, et les Écossais nés à l’extérieur optent surtout pour le non, indique Claire Durand, professeur de sociologie à l’Université de Montréal et membre du CERIUM. Selon elle, l’analyse des sondages, après répartition des indécis, laisse entrevoir une victoire du non par sept points.
Comment se divise l'électorat entre le oui et le non?
La question des jeunes est très intéressante. Au départ, les analystes notaient que les jeunes Écossais n’étaient pas très souverainistes, mais mes analyses montrent que globalement, ils sont un peu plus souverainistes que les plus vieux. La récente montée du oui est aussi plus prononcée chez les jeunes.
Pour ce qui est des personnes nées hors de l’Écosse, que ce soit au Royaume-Uni ou à l’étranger, tous les chiffres montrent qu’ils sont moins favorables à l’indépendance que les personnes nées en Écosse. Les plus récents sondages placent le oui entre 25% et 35% chez ces dernières.
Enfin, les femmes sont généralement moins favorables à l’indépendance que les hommes.
Ces clivages sont-ils similaires à ceux observés lors du référendum de 1995 au Québec?
Les clivages sont très similaires, mais de moindre amplitude chez les jeunes et les personnes nées hors de l’Écosse. En 1995, tous les Québécois de moins de 55 ans avaient tendance à être plus souverainistes que les 55 ans et plus en début de campagne. Ils étaient également plus susceptibles d’évoluer vers un appui au oui pendant la campagne. En 1980, la différence était encore plus forte, mais uniquement pour les moins de 34 ans. Chez les francophones, l’appui à la souveraineté dans ce groupe atteignait près de 70%. Enfin, les derniers sondages montrent que, en ce moment, les jeunes Québécois francophones ne se distinguent pas de leurs aînés pour ce qui est de l’appui à la souveraineté. Les jeunes Écossais ont donc tendance à ressembler davantage aux jeunes Québécois de la campagne de 1995 qu’à ceux de la campagne de 1980 ou d’aujourd’hui.
Pour ce qui est des anglophones et des allophones du Québec, ils appuyaient presque unanimement le non que ce soit en 1980 ou en 1995. L’appui au non est beaucoup moins prononcé chez les personnes nées hors de l’Écosse.
Pour ce qui est des femmes, au Québec, à l’époque du référendum de 1995, elles étaient plus favorables au non que les hommes, quel que soit leur groupe d’âge. Je n’ai pu comparer si les différences sont comparables en Écosse.
Les indécis risquent fort de déterminer l'issue du vote. Comment se répartissent-ils entre le oui et le non?
Les sondeurs québécois, à la suggestion de chercheurs dont Maurice Pinard et Pierre Drouilly, ont été les premiers — et possiblement les seuls — à pratiquer une répartition non-proportionnelle des discrets, un groupe qui inclut les personnes qui disent qu’elles n’iront pas voter et celles qui disent ne pas savoir comment elles vont voter. En 1995, ils attribuaient 75% des discrets au camp du non, parce qu’ils estimaient que les partisans du non étaient soit nettement sous-représentés parmi les répondants, soit moins susceptibles de révéler leur préférence. En faisant cette répartition, la prédiction des résultats était pratiquement parfaite.
Pour l’Écosse, je crois — et les chercheurs écossais semblent attester mon analyse — qu’il faut également faire une répartition non proportionnelle des discrets. Toutefois, dans mes analyses, j’ai attribué 67% au non (plutôt que 75%), car je crois que la tendance à cacher ses sympathies pour le non est moins forte en Écosse à cause de la plus grande force du non. En pratiquant cette répartition, et en tenant compte de tous les sondages publiés, j’en arrive à une différence de sept points entre le oui et le non, en faveur de ce dernier, pour le jour du vote.
RÉFÉRENDUM EN ÉCOSSE
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