La représentante de Québec Solidaire pour la circonscription de Sherbrooke et porte-parole de son parti en matière d’éducation, Christine Labrie, a proposé récemment la tenue d’une « Commission Parent 2.0 » pour, selon elle, parer à « l’érosion » d'un système d’éducation qui n'en finit plus de se déglinguer et remettre ce dernier sur les rails suivant une vision « progressiste » visant l’égalité des chances pour tous.
Toujours selon elle, cette commission, formée de gens venant de tous les milieux (mais nommés au terme d’un processus dont on ne sait rien) et parcourant la province en tous sens, aurait deux ans pour repenser le système actuel dans sa globalité et les recommandations de son rapport final seraient contraignantes, autrement dit le gouvernement n’aurait d’autre choix que de les appliquer sans autre forme de discussion.
Avec toutes les réformes et refontes qui ont déjà été assénées depuis quelques années à notre pauvre système d’éducation, au gré des gouvernements qui se sont succédé à l’Assemblée nationale, on est en droit de se demander en quoi ce nouvel exercice « comitatif » coûteux qui, semble-t-il, se donne pour mission de réinventer la roue, aurait davantage de chances de réussir que ses malheureux prédécesseurs qui ont étés passés à la moulinette par la bureaucratie régnante au sein des officines du Ministère.
Comme toujours, le diable est dans les détails. Deux problèmes vont inévitablement surgir. Le premier est, pour le fameux comité, d’en arriver à terme à un consensus concernant des questions aussi épineuses que le financement public de l’école privée (vue différemment qu’on soit de gauche ou de droite), le contenu des programmes d’enseignement (qui varie selon le prisme idéologique), ou encore la valorisation du rôle des enseignants qui devra tenir compte de leurs visées corporatistes pouvant ne pas coïncider avec l’intérêt public.
Il semble acquis d’avance, si le comité reflète un tant soit peu l’éventail des opinions ayant cours maintenant au sein de l’ensemble de la population, qu’il sera très difficile, voire impossible, d’en arriver à émettre des recommandations unanimes sur des questions essentielles. En l’absence d’un consensus dans le rapport final, personne ne pourra y donner suite au gouvernement sans réexaminer ces questions de fond en comble.
Le second problème concerne la légitimité même de ce comité et le pouvoir de coercition concernant son rapport, que Madame Labrie lui concède d’emblée auprès du gouvernement. Ce serait enfreindre gravement les règles de la démocratie la plus élémentaire que de soumettre les élus de l’Assemblée nationale au bon vouloir d’un comité dont les membres n’ont pas été choisis par la population et qui, au final, ne représentent qu’eux-mêmes. La souveraineté de l’Assemblée nationale ne saurait ici être abdiquée à l’avance pour quelque motif que ce soit.
Ces deux raisons sont suffisantes en elles-mêmes pour que le gouvernement ne donne pas son aval à cette demande de la deuxième opposition. Cette proposition du porte-parole Solidaire en éducation, supposément mûrement réfléchie mais pour le moins frivole, est incapable de résister à une analyse sérieuse et se révèle au final bien mal avisée. On se demande d’ailleurs pourquoi ses collègues l’ont laissé aller de l’avant avec une idée aussi bancale. Il semble bien que Madame Labrie devra retourner à sa table à dessin pour réfléchir davantage à la question.
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