LE SOLEIL - POINT DE VUE

Les francophones sont loin de disparaître !

Recensement 2006 - Langue française

La fête des Acadiens, à Bouctouche, Nouveau-Brunswick. (Photothèque Le Soleil)

En tant que présidente de la Fédération culturelle canadienne–française (FCCF), je suis profondément indignée à la lecture de l'article paru dans le National Post du 7 décembre [«Stop giving millions to dying French communities»->10779].
On ne peut qu'être choqué par le ton négativiste qui est utilisé à l'égard du million de francophones établis à travers le Canada. La sortie des dernières statistiques semble être une bien belle occasion et certains renchérissent en exigeant une coupure de budget alloué par le gouvernement du Canada aux francophones hors Québec. Aujourd'hui, au Canada, ne serait-il pas temps de refuser de telles prétendues analyses qui viennent non seulement consolider des stéréotypes qui font leur chemin à l'intérieur la société canadienne, mais surtout risquent de dresser les communautés linguistiques les unes contre les autres.
La FCCF estime qu'il faut combattre ces phénomènes à saveur discriminatoire, qui à l'aide de marqueurs identitaires sont en totale contradiction avec les principes de diversité culturelle et de dualité linguistique, deux valeurs fondamentales qui caractérisent le Canada et qui en font sa fierté à l'étranger.
Pourquoi lancer une telle polémique ? Le sujet mérite réflexion au moment même où, nous assistons à l'instauration d'une francophonie canadienne à travers le Canada collective, originale et créative, plurielle et dynamique, ouverte sur le monde et fière de ses réalisations ; qui évolue dans le cadre de nouveaux paradigmes où la Culture vient s'inscrire comme un enjeu global. De par la situation spécifique dans laquelle les communautés francophones et acadiennes évoluent, et en interaction avec d'autres minorités et avec la majorité anglophone, aujourd'hui l'espace culturel francophone s'élargit et se dynamise et se rapproche de façon significative avec les milieux culturels anglophone, francophone du Québec et ceux des autres cultures, avec l'établissement d'un dialogue interculturel.
Quant aux futures générations, elles sont fières d'être francophones et sont attachés viscéralement à leur culture, leur construction identitaire est d'ailleurs intrinsèque à leur éducation artistique et culturelle. La FCCF représente plus de deux cents organismes culturels et artistiques à travers le pays. Ces organismes nationaux, provinciaux, territoriaux, régionaux et locaux partagent la même mission et la même passion : tracer un espace culturel et artistique stimulant et structurant dans toutes les communautés francophones et acadiennes du pays. On est loin d'un écosystème fragilisé et en voie de disparition!
Car le Canada n'est pas seulement une puissance économique, mais bien une entité culturelle dynamique et un cadre d'épanouissement de ses cultures nationales. La culture francophone fait partie intégrante de la mémoire, de la collectivité, de l'identité de notre tissu social. C'est notre culture (nos idées, nos chansons, nos récits ) qui concrétise notre identité francophone canadienne, qui renvoie l'image de ce que nous sommes et façonne nos communautés francophones et acadiennes.
Nous avons de grands artistes, nous avons de grands créateurs et ils rayonnent dans le monde entier, ils apportent une pluralité de voix à la francophonie internationale et lui donnent ainsi une image plus riche. Dans ce monde «mondialisé», on le sait c'est la survie des différentes cultures nationales qui devient de plus en plus un enjeu fondamental pour construire le XXIème siècle. Ce n'est pas demain que de simples chiffres vont éradiquer la présence et le dynamisme des artistes et des acteurs culturels francophones hors Québec!
***
Raymonde Boulay LeBlanc
Présidente de la Fédération culturelle canadienne-française
- source

Squared

Raymonde Boulay LeBlanc1 article

  • 543

Présidente de la Fédération culturelle canadienne-française





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé