La poudrière aux accommodements se remet à crépiter. Sous couvert de «raisonnable», on fait abus de tolérance quant aux désirs du religieux, sans égard aux valeurs de la collectivité. Il est peine perdue d'en appeler à la raison pour justifier l'injustifiable: de l'interdit de musique pour une pauvrette à la maternelle au nouveau costume officiel des agentes des services correctionnels, hidjab compris, c'est avec nos entrailles que nous réagissons: assez!
Des objectifs d'intégration habillent toujours ces compromis dont on nous informe le plus sérieusement du monde, provoquant partout la stupéfaction et l'emportement. Dans une école primaire de Montréal, les parents d'une fillette musulmane ont obtenu de la direction que leur petite se coiffe d'un casque d'écoute antibruit chaque fois qu'on poussera la chansonnette en classe. Ahurissant: cet accommodement ne sera plus valide l'an prochain, pour la première année...
C'est dans un Québec guidé par un gouvernement laxiste, incohérent et frileux que surviennent ces histoires dignes de l'Absurdistan. La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, n'a pas crié à l'incohérence en apprenant cette surréelle histoire d'accommodement, justifiée par la mission d'«intégration» de l'école. Dans la mesure où il ne contrevient pas au programme, a-t-elle dit lundi, pourquoi pas? Dans les faits, en plus stigmatiser l'enfant plutôt que de l'intégrer, cette dérogation contrevient complètement au programme de formation, qui inscrit très clairement la musique au rang des connaissances essentielles au préscolaire. Impossible d'imaginer un parcours de maternelle sans comptines ni chansons!
Ces écoles qui cèdent des parcelles de terrain collectif craignent-elles la poursuite? On est en droit de poser la question en reluquant du côté de cette entente à l'amiable survenue entre le ministère de la Sécurité publique du Québec et la Commission des droits de la personne après le dépôt d'une plainte pour discrimination. Résultat? Au besoin, le hidjab fera désormais partie intégrante de l'uniforme des agentes des services correctionnels. Pourtant, la commission Bouchard-Taylor avait catégoriquement recommandé l'interdiction de signes religieux chez les agents des services correctionnels, au nom d'un évident principe de neutralité.
De telles décisions à la pièce finissent par nous bricoler un semblant de charte de la laïcité, car le gouvernement Charest fait traîner ce dossier essentiel et refuse de fournir le solide cadre qui pourrait devenir un référent. La navigation à l'aveugle mène rarement à bon port. Additionnée de manque de courage et d'une glorification du droit et des règlements au détriment du bon sens, cette forme de gouverne est vouée à l'échec... social.
Accommodements raisonnables
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