Ma chronique de ce matin: faut-il blâmer les gérants d’estrade?
À vous la parole….
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Au rythme où vont les choses, la commissaire France Charbonneau pourra sympathiser avec Michel Therrien, le nouvel entraîneur du Canadien de Montréal. Jour après jour, Mme Charbonneau est portée aux nues quand sa commission fait des bons coups, et critiquée lorsqu’elle commet des faux pas.
Lors de la reprise des audiences publiques, cette semaine, les gérants d’estrade et même Pauline Marois lui ont rappelé son devoir de rigueur. On lui reprochait les contradictions de Martin Dumont, son témoin vedette de l’automne, dont les allégations ont mené à la démission du maire Gérald Tremblay de Montréal.
La plupart des observateurs ont statué que l’affaire Dumont avait entaché la crédibilité de l’enquête. La commission a «merdé» a même écrit une chroniqueuse respectée. Sur le coup, Gérald Tremblay nous est même devenu plus sympathique. Interrogée par les journalistes à Québec, Pauline Marois a du se défendre de l’avoir «largué».
Mercredi, le vent a tourné. Le témoignage de l’ingénieur Michel Lalonde a confirmé l’essentiel des propos de Dumont : Union Montréal, le parti du maire Tremblay, touchait une cote de 3 p. cent en argent liquide sur les gros contrats de la ville.
Simultanément, Dumont est devenu plus crédible. Son avocate, Me Suzanne Gagné, a plaidé avec brio que la façon dont les enquêteurs de la commission l’avaient cuisiné, le 11 décembre, ne respectait pas ses droits fondamentaux. Après des échanges corsée avec l’avocate, la commissaire Charbonneau a du lui donner raison.
s.t. Maudits journalistes ?
France Charbonneau n’avait pas l’habitude de subir les opinions en temps réel des gérants d’estrade dans ses anciennes fonctions à la Cour supérieure. Les chroniqueurs judiciaires relatent les faits, les témoignages entendus et attendent généralement les jugements avant de tirer des conclusions.
Mais la commission Charbonneau n’est pas un tribunal. C’est une enquête publique réclamée depuis longtemps par la population en raison des scandales qui ont entaché la réputation des politiciens et des administrations municipales au cours des dernières années.
Tout le monde sait que le témoignage du jour ne décrit pas nécessairement la réalité. La mémoire des témoins n’est pas parfaite, et comme l’a dit Mme Charbonneau, la commission n’est pas à l’abri de faux témoignages. Mais qu’ils soient véridiques ou non, les témoignages font la manchette de l’heure et sont commentés sans délais.
On pourra toujours reprocher aux médias d’analyser ces témoignages et le travail de la commission en temps réel, comme dans un match de hockey, mais ce serait ignorer la réalité de nos nouvelles technologies de communication.
Ce ne sont pas les journalistes qui ont créé Twitter, Facebook et les réseaux d’information continue comme RDI, LCN, Newsworld et CNN. La mise en place de tous ces outils de communication a forcé tout le monde à «nourrir la bête», la bête était l’appétit insatiable des consommateurs qui ne veulent plus attendre au bulletin de 18 heures ou le journal du lendemain pour savoir ce qui se passe.
Dans ce processus, les commentaires prennent souvent la place de l’information. Même l’ancienne juge de la Cour du Québec, Suzanne Coupal, commente les travaux de la Commission Charbonneau à RDI. Pendant la commission Bastarache, c’est l’ancien procureur en chef de la commission Gomery, Bernard Roy, qui tenait ce rôle.
Au hockey, on fait appel aux anciens entraîneurs pour analyser le jeu. Quand le tricolore gagne, les gérants d’estrade applaudissent. Quand il perd, ils chialent.
Le problème, c’est que la commission Charbonneau n’est pas un sport…
Commission Charbonneau
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