La juge France Charbonneau est vite devenue la tête de Turc numéro un du Québec mercredi en réclamant du gouvernement un nouvel extra de sept mois qui s’ajoute à un premier de 18 mois que lui avait accordé le gouvernement Marois.
Les extras sont l’une des pratiques dénoncées dans l’attribution et l’exécution des contrats dans l’industrie de la construction, sur laquelle la commission Charbonneau a enquêté.
La juge n’a fourni aucune explication au gouvernement sur les raisons pour lesquelles elle ne peut respecter la date du 15 avril prévue pour le dépôt de son rapport. J’espère que le gouvernement en exigera et que nous les connaîtrons. Entre-temps, j’en avance certaines.
D’abord, la commission a expédié des préavis de blâme à une centaine de personnes. Celles-ci ont le droit de demander à être entendues ou à faire entendre d’autres témoins. Plusieurs se prévaudront sûrement de ce droit.
Deux, la commission a aussi perdu du temps précieux dans d’interminables témoignages qui ne menaient nulle part et qu’il était complètement inutile d’étirer interminablement.
Le mandat
Trois, le mandat de la commission était beaucoup trop large. Elle a été formée en novembre 2011 et elle devait soumettre son rapport dès le 19 octobre 2013. Son enquête devait porter sur les ministères, organismes et entreprises du gouvernement et les municipalités; les liens avec le financement des partis politiques; l’infiltration de l’industrie par le crime organisé.
Penser qu’un mandat aussi étendu et portant sur une aussi longue période que les derniers mandats des gouvernements péquistes et libéraux pouvait être rempli en moins de deux ans était irréaliste. Nous savions déjà en 2011 que des prolongations seraient demandées et obtenues. À peu près toutes les commissions ont suivi le même scénario. Un gouvernement n’a d’autre choix que de les accorder. Dans le cas présent, les libéraux peuvent encore moins s’autoriser à mettre la clé dans la porte. Le PLQ sera visé pour des pratiques contraires à la loi sur le financement des partis politiques et certaines têtes d’affiche seront blâmées.
L’informatique
La demande de prolongation des travaux de la commission Charbonneau est survenue un jour après que la CAQ eut réclamé une commission d’enquête sur les contrats d’informatique octroyés par le gouvernement et les dépassements de coûts astronomiques des projets.
Québec donne pour 3 milliards $ par année de contrats en informatique. Le projet SAGIR (solutions d’affaires en gestion intégrée des ressources) devait coûter 80 M$. Le coût réel sera de 1 milliard $ et il aura pris huit ans pour aboutir.
Le projet GIRÈS, lancé en 1999, devait aussi coûter 80 M$. Il a été abandonné en 2003 après que le gouvernement y eut englouti plus de 400 M$ de fonds publics perdus.
Une commission d’enquête se justifierait sans doute. Mais il faut savoir dans quoi un gouvernement s’embarque alors.
De plus, les Québécois peuvent maintenant compter sur l’Unité permanente anticorruption (UPAC) qui, en prime, peut faire défiler ses prises devant les tribunaux, ce qui n’est pas le cas pour une commission d’enquête.
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