COMMISSION CHARBONNEAU

Lortie dit s’être battu pour la Gaspésie

L’ex-chef de cabinet de Nathalie Normandeau a défendu son ancienne patronne

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Bruno Lortie a déroulé le tapis rouge pour son ancienne patronne, Nathalie Normandeau, qui livrera un témoignage fort attendu mercredi à la commission Charbonneau.

Selon l’ancien chef de cabinet de la ministre, il est tout à fait normal qu’elle soit intervenue pour majorer les taux de subvention pour des projets d’infrastructures en eau dans les municipalités de la Gaspésie, une région durement touchée par le chômage et la crise économique.

À titre de ministre des Affaires municipales, Mme Normandeau est responsable de 32 des 50 dossiers de subventions majorées sur une dizaine d’années, malgré les avis contraires des fonctionnaires. Quinze de ces projets ont bénéficié à Roche, et dix autres à BPR.

M. Lortie, dépeint comme un chef de cabinet « abrasif » et interventionniste, a reproché aux fonctionnaires de ne pas avoir tenu compte de la précarité économique en Gaspésie et de la capacité de payer des citoyens dans l’évaluation des taux de subvention.

Mme Normandeau a mené un combat pour l’essor et la survie de sa région, a-t-il plaidé. « Personnellement, je l’ai toujours suivie dans ce combat », a dit M. Lortie.

Tout pour Roche

Lors de son témoignage, le conseiller politique Michel Binette a déclaré que Bruno Lortie accordait un traitement préférentiel aux projets soumis par les maires dans des circonscriptions libérales, ou dans les villes où Roche était présente. Si ces conditions n’étaient pas réunies, M. Lortie pouvait laisser un dossier accumuler la poussière sur le coin d’un bureau, a dit. M. Binette.

Faux, a rétorqué Bruno Lortie. « Il n’y a pas de dossier qui dort dans mon bureau. Il n’y a pas d’histoire de filtre », a-t-il dit. Il a cependant concédé que Marc-Yvan Côté, son ami intime et « grand frère » adoptif, a « probablement » obtenu une meilleure écoute de sa part pour les projets de sa firme, Roche.

Le témoin ne garde qu’un vague souvenir des dossiers d’infrastructure étudiés par le ministère des Affaires municipales entre 2005 et 2009, à l’époque où Mme Normandeau était la ministre titulaire.

La juge France Charbonneau s’est impatientée, en le comparant à un cuisinier qui ne se souvient plus comment faire cuire un oeuf ! « Des dossiers d’infrastructures, il y en avait autant comme autant », a-t-il expliqué.

M. Lortie a minimisé par ailleurs l’importance de son rôle dans le financement du PLQ. « Le financement, c’était juste un ajout à mes tâches qui étaient déjà pas mal remplies », a-t-il dit, précisant qu’il n’avait « aucun plaisir à faire ça ».

« Moi, j’ai jamais sollicité. J’ai trouvé des solliciteurs », a-t-il ajouté.

Les cocktails de financement étaient courus par les mêmes personnes : les membres des grands cabinets d’avocats, de comptables, de notaires, de génie-conseil et les entrepreneurs en construction. « Ces cocktails-là, c’est pas mal tout le même “ pattern ”. Ce sont les professions libérales qui sont là », a expliqué M. Lortie.

Pour atteindre ses objectifs, M. Lortie a organisé des cocktails annuels en présence de Mme Normandeau à Montréal et à Québec, en demandant l’aide de ses amis Marc-Yvan Côté, vice-président de Roche, et Christian Côté, un employé de Plania (une filiale de Dessau).

« C’était pas pour la ministre, c’était pour le parti », a insisté M. Lortie.

UPAC

M. Lortie a collaboré avec l’Unité permanente anticorruption (UPAC) dans le cadre de son enquête sur le financement illégal du PLQ. Il a notamment remis aux policiers des clefs USB contenant l’agenda de Mme Normandeau.

Les policiers soupçonnent Mme Normandeau et M. Lortie d’avoir contourné les règles d’octroi de subventions afin d’avantager deux gros bailleurs de fonds du PLQ, Roche et Infrabec, dans le dossier de l’usine de traitement des eaux de Boisbriand.

Selon les déclarations de M. Lortie à l’UPAC, Mme Normandeau était « consciente » que France Michaud (vice-présidente de Roche) et Lino Zambito (patron d’Infrabec) faisaient de la sollicitation pour ses activités de financement.


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