Les hommes du président

Quand la garde rapprochée quitte ou est congédiée pour calmer la grogne contre «l'entourage», le naufrage n'est jamais très loin. C'est ce qui se produit autour de Jean Charest.

PLQ - en ballottage...

Quand la garde rapprochée quitte ou est congédiée pour calmer la grogne contre «l'entourage», le naufrage n'est jamais très loin. C'est ce qui se produit autour de Jean Charest.
L'étape suivante est généralement de réclamer ou de provoquer celui du chef. Règle générale aussi, les ministres qui sont en meilleure position pour réorienter leur carrière dans le secteur privé se mettent alors en recherche d'emploi et démissionnent un à un, en évoquant des raisons personnelles ou familiales.
René Lévesque s'est longtemps appuyé sur son fidèle Jean-Roch Boivin comme chef de cabinet. Ce poste est le plus difficile qui soit. Celui qui l'occupe est plus puissant que la très large majorité des ministres et il est le personnage qui donne les coups à la place du «boss». Au cours du deuxième mandat, M. Boivin a quitté René Lévesque et Mme Martine Tremblay lui a succédé, pour arrondir les relations avec les ministres, les députés, le parti et préparer une sortie convenable pour M. Lévesque.
Robert Bourassa comptait en 1985 sur Mario Bertrand, dit «l'abrasif.» Le surnom rend superflue toute présentation plus élaborée. Ce casseur de têtes a, en fin de règne, été remplacé par John Parisella, l'incarnation même du gentleman. Après le bâton, encore la carotte. Le scénario est classique. Les têtes d'affiche (les Marc-Yvan Côté, Michel Pagé, Paul Gobeil, Pierre MacDonald et autres) ont ensuite déserté, comme avant eux près de la moitié du conseil des ministres péquistes, entre 1982 et 1985.
Les premiers ministres intérimaires, (les 2 Johnson, Jacques Parizeau) n'ont évidemment pas eu le temps de vivre ces phases. Quant à Lucien Bouchard, il échappe dans une certaine mesure au cheminement habituel. Il avait choisi pour chef de cabinet Hubert Thibault, un apparatchik expérimenté, capable de remplir des contrats mais au style moins brutal que les Boivin et Bertrand. M. Bouchard a démissionné précipitamment.
Jean Charest, pour sa part, n'a pas eu la chance ou n'a pas su s'adjoindre un bras droit du même niveau d'efficacité. Stéphane Bertrand irritait beaucoup de gens mais il n'a jamais imposé le respect -ou la terreur- d'un traditionnel chef de cabinet. De plus son bagage politique n'impressionnait personne.
M. Charest avait emmené avec lui Michel Guitard, un ancien d'Everest, l'entreprise de communications qui veillait sur la carrière du député de Sherbrooke chez les conservateurs à Ottawa. La greffe n'a jamais pris avec les «king makers» du Parti libéral. Sa présence n'était plus acceptable après l'embardée électorale de mars dernier.
L'organisateur en chef du parti, Benoît Savard, chaussait de grands souliers, ceux de Pierre Bibeau (conjoint de la ministre Line Beauchamp) devenu vice-président chez Loto-Québec. M. Bibeau a connu de beaux succès en 2003 parce que son équipe de vétérans avait été réunie pour cette campagne après la déconfiture de Charest en 1998. Mais chacun est reparti par la suite de son côté, avec une nomination partisane dans une société d'État ou écarté tout simplement du pouvoir par Jean Charest. Le gouvernement avait en plus un bilan de premier mandat pitoyable. Benoît Savard ne pouvait pas faire de miracles mais c'est pourtant ce qu'on attendait de lui. Son successeur, Karl Blackburn, hérite d'une cause encore plus difficile.
La directrice des Communications, Isabelle Melançon, a travaillé à se défoncer. Sa marge de manoeuvre était toutefois restreinte, en raison de l'influence pernicieuse des Bertrand, Guitard, Tétrault, D'Amours et autres gérants qui très souvent se contredisaient, dans une surenchère pour mieux paraître aux yeux du chef. D'autre part, le service des communications du PLQ a sombré dans un trip d'informatique et de quincaillerie qui lui a fait oublier totalement le message. La responsable des communications en 2003, Marie-Claude Champoux, qui alliait bien efficacité dans le quotidien et transmission intelligente du message, a été attachée de presse de Jean Charest après la prise du pouvoir. Mais elle a aussi trouvé une piste d'atterrissage comme sous-ministre. Un Jean Charest usé par quatre années difficiles de pouvoir a ainsi fait campagne en 2007 avec une équipe B dans les postes stratégiques.
Ceux qui rempliront les postes vacants auront toutefois une sécurité d'emploi plus brève que les remplaçants pendant un congé de maternité. Consultez vite le calendrier...


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