Je confesse que j’ai été touchée en lisant cette semaine les chroniques de mes confrères Mathieu Bock-Côté, Mario Dumont et Richard Martineau sur la condition masculine, telle que vécue au Québec, en particulier.
D’abord, parce que je suis troublée souvent par les propos guerriers, injustes et bien sûr sans nuances que tiennent nombre de féministes plus ou moins radicales au sujet des hommes québécois, qui, je le répète, sont parmi les plus féministes des Occidentaux. Et je persiste et signe de nouveau. Le Québec ressemble davantage à un matriarcat psychologique qu’à une dictature patriarcale.
Qui peut se réjouir sans exprimer un fort préjugé anti-masculin que les hommes québécois de l’avenir soient moins instruits que les femmes ? En effet, ils ne représentent plus que 43 % des étudiants universitaires. Et ils sont minoritaires dans la plupart des facultés, y compris en sciences et en médecine, où leur nombre est de plus en plus faible.
Outrance
Comment peut-on, sans pratiquer l’outrance, tenir un discours qui laisse à penser qu’il est dans la nature des hommes d’être violeurs, harceleurs sexuels, tueurs de femmes et d’enfants ? Comment peut-on généraliser de la sorte sans sous-entendre que les femmes sont elles aussi par nature des modèles de moralité, qu’elles possèdent le monopole de la vertu, bref, qu’elles sont les seules à être dignes de porter le titre d’être humain ?
Au Québec, les seuls hommes acceptables aux yeux de certaines féministes militantes sont ceux qui devraient se taire, s’excuser de ne pas être à la hauteur morale des femmes et éviter toute remarque sur la guerre qu’elles leur mènent. Autrement dit, les hommes québécois devraient refouler les émotions perturbantes qu’ils éprouvent devant cette parole féminine toute puissante et, avouons-le, dévalorisante à leur endroit.
Les seuls hommes tolérés dans le débat public sur les femmes seraient donc ceux qui acquiescent à leur vision, n’osent les contredire ou émettre des doutes sur le bien-fondé de leurs actions.
Diktats
Certains hommes se soumettent volontiers aux diktats des porte-voix du féminisme bagarreur. Ils sont souvent pathétiques dans leur quête de répondre aux exigences des femmes. Ce sont des hommes honteux de l’être.
On ne dira jamais assez à quel point nombre de Québécoises éprouvent du ressentiment pour les hommes qui ne sont jamais, selon elles, à la hauteur de leurs attentes et qui les déçoivent. Est-ce pour cela que trop d’entre elles les méprisent carrément ?
Il y a une dimension déprimante dans les relations hommes/femmes au Québec. D’ailleurs, cela frappe les Européens qui débarquent chez nous. Les jeunes filles décrivent les garçons comme des êtres enfantins et immatures. La culture anti-masculine dans laquelle elles baignent leur permet de développer une assurance et une solidarité entre elles que leur envient sans doute nombre de garçons fragilisés, qui sont évidemment le contraire des machistes dont on a tendance à affubler n’importe quel mâle, même un bambin de cinq ans.
Comment reprendre le dialogue entre les hommes et les femmes en dehors de toute généralisation ? Comment l’amour peut-il survivre à cette atmosphère débilitante ?