Pour le 8 mars, journée internationale des femmes, j’ai reçu un communiqué complètement délirant de l’Office national du film. Bientôt à l’ONF, il n’y aura plus aucune place pour les hommes blancs genrés binaires hétéros allochtones. C’est écrit... noir sur blanc.
PARITÉ « INTERSECTIONNELLE »
L’ONF était tout fier de nous annoncer, à l’occasion du 8 mars, qu’il avait non seulement atteint, mais dépassé les objectifs de parité hommes-femmes qu’il s’était fixés il y a six ans.
« L’ONF souligne que 60 % de toutes les œuvres en cours (307) sont réalisées par des femmes ou par des équipes dans lesquelles la représentation des femmes est égale ou supérieure à celle des hommes. Qui plus est, 66 % des budgets de production ont été alloués à des productions dirigées par des femmes. »
J’ai de la difficulté à saisir en quoi c’est une bonne nouvelle. Pourquoi se péter les bretelles ? Si ton objectif est d’atteindre 50 % (parce que les femmes représentent 50 % de la population), pourquoi le dépasser ? Si on veut la parité, c’est pour corriger ce qu’on considère une injustice. Mais en quoi créer une injustice envers les hommes est une bonne chose ?
La parité est le symbole d’un équilibre. Mais dépasser la parité, c’est créer un déséquilibre, non ?
Est-ce que ça signifie que l’objectif de l’ONF n’était pas la parité, mais plutôt une majorité de femmes ?
Plus loin dans le communiqué, on nous dit : « L’ONF a atteint ou dépassé ses objectifs dans trois des quatre principales activités de création, à savoir la scénarisation (58 % de femmes), le montage (50 %) et la composition musicale (57 %) ».
Encore une fois, le message qu’on envoie c’est qu’il vaut mieux être une femme qu’être un homme pour travailler à l’ONF.
Mais attendez, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Suite du communiqué de l’ONF : « Au cours des prochaines semaines, l’ONF mettra en œuvre un mécanisme d’auto-identification à l’intention des créateurs, créatrices, collaborateurs et collaboratrices qui appartiennent à des groupes en quête d’équité. Il s’emploiera ainsi, en tout respect, à accroître la représentation de ces personnes ».
Et comment fera-t-on ça ? Grâce à un « questionnaire d’auto-identification, qui sera diffusé à compter d’avril 2022.
Et voici une citation de Julie Roy, directrice générale, Création et innovation : « L’ONF a montré qu’il était déterminé à atteindre la parité hommes-femmes dans ses productions. Nous sommes impatients de pousser plus loin cette démarche en veillant à ce que la parité soit intersectionnelle et à ce qu’elle soutienne la représentation des femmes noires, autochtones, racisées et LGBTQ2+, tant parmi les réalisatrices qu’au sein des équipes de création qui les appuient ».
On résume. À partir d’avril, vous allez pouvoir vous autodéclarer membre d’une minorité victime de discrimination. Et si vous vous autodéclarez comme femme algonquine transgenre ou femme bisexuelle sri lankaise, on va vous dérouler le tapis rouge. Sinon, allez vous faire voir ailleurs.
J’ai cherché les mots « compétences », « qualifications », « talent », « expérience » dans le communiqué de l’ONF. Je ne les ai pas trouvés.
LE DÉCLIN
Au siècle dernier, un tout jeune Denys Arcand apprenait son métier à l’ONF. En 2022, un jeune Denys Arcand se ferait carrément claquer la porte au nez. Pas du bon sexe ! Pas de la bonne couleur ! Pas de la bonne orientation sexuelle ! Pas de la bonne origine !
En quoi est-ce un progrès ?