Des milliers de Catalans ont manifesté mardi soir pour réclamer le droit de voter le 9 novembre pour l’indépendance de leur région, défiant la décision de la justice espagnole qui a suspendu cette consultation. Mais au lendemain de cette décision, le gouvernement catalan s’est lancé dans une bataille juridique pour mener à bien son projet de référendum, se disant déterminé à respecter ses engagements malgré les obstacles qui l’ont contraint à suspendre la campagne institutionnelle.
Sous une pluie battante, des milliers de manifestants se sont rassemblés dans la soirée devant les mairies de Barcelone et d’autres villes catalanes, demandant eux aussi le droit de pouvoir voter. « Ni la pluie, ni la neige, ni aucun tribunal ne nous arrêtera, le 9 novembre nous voterons et nous gagnerons », a promis devant les manifestants rassemblés sur la place Sant-Jaume à Barcelone Carme Forcadell, la présidente de l’Assemblée nationale catalane (ANC), un puissant lobby indépendantiste. Quelques heures plus tôt, le porte-parole du gouvernement catalan, Francesc Homs, réaffirmait la « détermination » de la Catalogne à poursuivre son chemin vers l’organisation d’une consultation.
La région va à présent se lancer dans une bataille juridique et demandera au Tribunal constitutionnel la levée immédiate de la suspension de la loi et du décret permettant d’organiser le référendum le 9 novembre. La Catalogne est en conflit depuis des années avec Madrid, qui lui refuse le droit de se prononcer unilatéralement sur son avenir.
Franchissant un nouveau pas dans la confrontation, le président catalan, Artur Mas, a signé samedi un décret convoquant la consultation.
Dès lundi, le gouvernement conservateur espagnol, qui s’appuie sur la Constitution pour rejeter le projet de référendum, a présenté un recours au Conseil constitutionnel qui a accepté dans la foulée d’examiner la question et suspendu le processus référendaire.
Juridique ou politique ?
Le tribunal dispose théoriquement de cinq mois pour dire s’il prolonge la suspension ou non, mais il pourrait décider d’aller vite, tant le sujet est explosif. Il « doit agir vite pour qu’au cas où il valide la loi, la consultation puisse avoir lieu le 9 novembre, estime Antonio Torres del Moral, professeur de droit constitutionnel, parce que s’il finit par décider que la loi catalane et la consultation ne sont pas inconstitutionnelles après le 9 novembre, il aggraverait la situation. » D’autant que les indépendantistes crient eux au scandale et poussent le gouvernement catalan à passer outre les décisions d’un Tribunal constitutionnel qu’ils jugent discrédité depuis qu’il a annulé en partie, en 2010, le nouveau statut de la Catalogne la reconnaissant comme nation.
« Le Tribunal constitutionnel montre sa totale dépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif et révèle le peu de respect que les autorités publiques espagnoles ont des règles démocratiques », affirmait le collectif des organisations indépendantistes mardi dans un communiqué. « Et plus important encore, il est clair que nous ne sommes pas confrontés à un problème juridique. Ce qui est sur la table est un conflit politique », dénonce-t-il.
La gauche indépendantiste d’ERC (Esquerra republicana de Catalunya), alliée d’Artur Mas au Parlement régional, n’est pas loin de dire la même chose. « Si une bonne partie de ce processus commence par une décision du Tribunal constitutionnel contre la volonté des citoyens de Catalogne [en 2010], quelqu’un croit-il que ce processus doive se terminer avec une décision du tribunal contre la volonté des citoyens de Catalogne ? », a demandé le chef d’ERC, Oriol Junqueras.
Signe d’inquiétude sur un conflit qui ne fait que s’envenimer, l’agence de notation Fitch a placé lundi la notation de la Catalogne sous surveillance négative, en vue d’une éventuelle dégradation, estimant que « les tensions entre les deux gouvernements vont probablement augmenter ».
ESPAGNE
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