Les conservateurs religieux ne s’attaquent pas prioritairement à la laïcité de l’État mais bien aux idées modernes qui sont acceptés par la majorité des citoyens et qui régissent maintenant les règles du jeu sur le plans individuel, familial et social. Sans s'en rendre compte, les défenseurs du multiculturalisme ou de l’interculturalisme, acceptent, dans les faits, un retour en arrière quant aux valeurs sociales et culturelles qui sont à la base des relations sociales et familiales.
Leur but premier des conservateurs religieux, c’est la primauté des valeurs traditionnelles sur une définition moderne des relations inter et intra-familiales, au nom de la conscience et de la liberté. Au cours des années soixante et des années subséquentes, la conjonction du mouvement féministe et des forces progressistes ont mis fin au courant traditionaliste qui dictait les normes socio-culturels.
L’offensive contre ces conceptions passéistes a pris diverses formes et a été concrétisée par de nombreuses lois: l’égalité formelle entre les hommes et les femmes, la maturité juridique des femmes mariées, la réforme du divorce, l’égalité entre les pères et les mères (autorité parentale), l’acceptation de la contraception, l’égalité entre tous les enfants issus dans et hors le mariage, l’autonomisation partielle de l’enfant et surtout de l’adolescent, la déjudiciarisation de l’avortement et sa légalisation, la déjudiciarisation de l’homosexualité et la normalisation des mariages homosexuels.
Pour contrer ces réaménagements socio-familiaux, les conservateurs islamistes, par exemple, ont tenté d’imposer des tribunaux familiaux en Ontario pour contourner ces lois mais un réveil tardif des Ontariens a permis d’éviter que les règles familiales soient gérées selon des principes religieux. Mais l’offensive a pris de nouvelles formes.
Sous le couvert d’accommodements raisonnables avec les secteurs intégristes de diverses religions, sous prétexte de préserver les libertés individuelles et de respecter la conscience religieuse, les gouvernements, parfois conservateurs, laissent à d’autres le soin de faire de l’exception la règle.
Si nous sommes passés de la famille conjugale à la famille parentale, c’est que nous avons accepté que la famille ne soit pas essentiellement le fruit d’un mariage et d’une naissance, mais d’abord le consentement de deux adultes pour former une union entre deux êtres jugés égaux. Les traditionalistes rejettent complètement cette conception et exigent le retour de la puissance paternelle sur l’épouse et les enfants. Les nouveaux modèles familiaux ne sont pas acceptés par les intégristes religieux. La puissance paternelle est le concept central qui domine tous les autres, les tribunaux islamistes et rabbiniques jugent les affaires familiales à partir de ce principe de base.
Comme on le constate, les accommodements raisonnables sont la porte d’entrée d’une remise en question des réformes concernant la famille moderne. Cette nouvelle guerre idéologique a pris une voie de contournement avant de revenir vers son objectif final : contrôler l’évolution de leurs familles et les préserver des idées modernes qui prônent avant tout l’égalité.
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