Stephen Harper, George W. Bush et Felipe Calderon ont planté un arbre pour souligner la journée de la Terre, à la suite de leur rencontre en Louisiane.
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Presse Canadienne - Si un futur président américain manifestait l'intention de rouvrir l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le Canada se trouvera dans une position plus que favorable pour négocier, en raison de la dépendance des États-Unis face aux ressources énergétiques canadiennes, a laissé entendre le premier ministre Stephen Harper.
«Nous serons prêts pour toute éventualité», a déclaré M. Harper à l'issue d'une conférence de presse tenue mardi dans le cadre du Sommet des leaders d'Amérique du Nord.
La possibilité d'une réouverture - voire même l'abolition - du traité économique entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, mis en place en 1994, est devenue un thème dominant du quatrième rendez-vous annuel du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité.
M. Harper, le président américain George W. Bush et son homologue mexicain Felipe Calderon ont réagi à de vives déclarations d'opposition à l'ALENÀ venant des candidats démocrates Barack Obama et Hillary Clinton.
Pendant que MM. Bush et Calderon ont profité de la conférence de clôture, mardi, pour faire l'éloge de l'ALENÀ et rejeter toute notion de réouverture de l'accord, le premier ministre Harper a adopté une position plus spécifique.
«Le peuple des États-Unis aura à se prononcer, et une future administration américaine pourrait avoir une opinion différente (de l'ALENA)», a mentionné le premier ministre canadien. Et tout en insistant sur les bienfaits de l'accord actuel pour les trois pays, M. Harper a laissé entrevoir que sa réouverture ne serait pas nécessairement bénéfique pour les États-Unis.
«Le Canada est le principal exportateur d'énergie des États-Unis. Nous sommes un exportateur stable et fiable», a affirmé M. Harper, avec MM. Bush et Calderon à ses côtés.
En 2007, le Canada a exporté environ 2,4 millions de barils de pétrole par jour aux États-Unis, une quantité dont la valeur est estimée à 55 milliards $. En incluant les exportations de gaz naturel et d'électricité, le Canada est le plus grand fournisseur étranger d'énergie du marché américain.
«C'est d'une importance capitale pour l'avenir des États-Unis. Et si nous devions envisager l'option d'une nouvelle négociation, je pense, en toute honnêteté, que nous serions dans une meilleure position qu'il y a 20 ans, a renchéri le premier ministre. Et nous serons dans une meilleure position dans l'avenir.»
Et pendant que M. Bush gloussait derrière son micro, M. Harper s'est fait encore plus précis. «Je préférerais discuter de l'avenir, et non renégocier ce dont nous avons discuté dans le passé.»
Présent à La Nouvelle-Orléans, Peter Julian, le porte-parole néo-démocrate en matière de commerce international, a noté que M. Harper liait pour la première fois, publiquement, les exportations d'énergie à une réouverture de l'ALENA.
«Ce débat sera le bienvenu, a estimé M. Julian. Il est temps que le Canada se penche sur cette question.» Selon le député néo-démocrate, ce débat est nécessaire parce que le Canada a «abandonné sa souveraineté en matière d'énergie» lorsqu'il a paraphé l'ALENA. «Le Canada est contraint de partager ses ressources énergétiques avec les États-Unis, a fait remarquer M. Julian, et ce même s'il se trouvait en situation de pénurie.»
Plutôt que de revoir l'ALENA, MM. Harper, Bush et Calderon ont tous insisté sur l'importance d'accroître l'intégration des trois pays dans l'ensemble économique nord-américain. «Ce n'est pas le temps de renégocier l'ALENA, ni d'en sortir», a lancé M. Bush lors de son discours de clôture.
De son côté, M. Calderon a émis l'avis que les trois pays ne devraient «même pas songer à amender le traité».
M. Harper a rappelé qu'une plus grande prospérité nord-américaine passe par une augmentation des échanges commerciaux. «Il est clair qu'une plus grande coopération nord-américaine est le meilleur moyen de créer des emplois et de concurrencer efficacement avec les autres ensembles commerciaux de la planète, a noté le premier ministre canadien. À cette fin, j'ai spécifiquement exprimé mes préoccupations concernant le ralentissement des passages à la frontière entre le Canada et les États-Unis.»
Un accroissement de l'achalandage et des contrôles de sécurité plus sévères aux postes frontaliers provoquent une congestion qui nuit à la bonne circulation des gens et des biens entre les deux pays. M. Harper dit que cette situation préoccupe la communauté des affaires depuis déjà plusieurs années.
Adopté il y a quatre ans, le Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité devait réduire les obstacles administratifs et améliorer l'efficacité de l'ALENA, mais la campagne présidentielle et le ralentissement économique aux États-Unis ont plutôt fait de l'accord commercial un sujet fort controversé.
Le Canada, les États-Unis et le Mexique forment l'ensemble commercial le plus important de la planète, avec des échanges commerciaux annuels d'environ 1000 milliards $.
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