Un impérialisme mystique

Les Maîtres du monde

« Dieu fait hériter qui il veut ! »

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Chronique de Me Christian Néron

On entend souvent les gens dire que les musulmans ont l’air « arrogants ». Cette remarque est malheureuse et laisse l’impression d’une évaluation superficielle de la réalité. À proprement parler, il n’y a rien d’arrogant chez les musulmans. Ce qui est perçu comme de l’arrogance est le plus souvent un air de « dignité » naturelle qui convient à leur rang éminent parmi les hommes et qui laisse apparaître la conscience qu’ils ont du rôle exceptionnel qu’ils ont été appelés à jouer sur la terre. Essayons d’y voir clair.


L’arrogance est une forme d’orgueil qui se manifeste lorsque quelqu’un entretient une estime « excessive » de sa valeur. Mais l’estime que les musulmans ont de leur valeur n’a rien d’excessif. Bien au contraire ! Cette estime est légitime et vient du fait que c’est Dieu lui-même qui, touché par la grâce de leur piété, a jeté son dévolu sur eux et a jugé bon de les élever aux plus hautes dignités, et ce, au point d’en faire les maîtres du monde.


Dieu s’est d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises sur la question. En parcourant le Coran, on découvre comment il s’est déterminé à faire des musulmans ses « lieutenants » ici-bas pour le bon gouvernement du Monde, avec obligation d’y faire régner sa loi et sa justice sans faiblesse ni compromis.


En conséquence, les musulmans savent fort bien qu’ils ont obtenu un statut unique au monde en raison de la sincérité et de la profondeur de leur piété. Cette bonne disposition avait à ce point plu à Dieu qu’il avait pris la peine de le reconnaître expressément dans l’un des versets du Coran :


« Vous êtes la meilleure communauté qui soit jamais surgie du milieu des hommes ; vous croyez en Dieu, vous ordonnez le convenable, vous condamnez la blâmable » Cor. 3, 110.


Cette appréciation est d’autant révélatrice que Dieu, ailleurs dans le Coran, n’en finit pas d’accabler les juifs et les chrétiens pour leur conduite outrageante à son endroit. Le verset 3, 110 est donc le plus beau jugement qui pouvait être porté sur leur conduite. Il explique et justifie la bonne opinion que les musulmans ont d’eux-mêmes et la légitimité de leur statut exceptionnel au milieu des hommes. Conscients de leur valeur, ils font preuve malgré tout

d’une humilité qui les honore et les rend dignes d’admiration. Il n’y a donc rien d’excessif ou d’orgueilleux chez eux. Ils ne font qu’assumer avec dignité le rôle qui leur a été confié de répandre la justice de Dieu parmi les hommes.


Après l’échec des juifs et des chrétiens à remplir leur mission, Dieu se devait de reconsidérer ses plans pour le bon gouvernement du monde. On retrouve dans le Coran de nombreux versets portant sur ce transfert de pouvoir.


Ainsi, au verset 7, 128, Dieu commence par rappeler son autorité absolue sur la terre entière et son droit d’en faire hériter qui il veut. Puis, au verset 21, 105, il incite ses élus à en prendre possession sans tarder : « Ô mon peuple ! Entre dans la Terre sainte que je t’ai prescrite. »


Au verset 19, 40, ce sont ses bons serviteurs eux-mêmes qui reconnaissent leur statut d’héritiers : « C’est nous qui héritons de la terre et de tout ce qu’il y a dessus. » Sûrs de leur bon droit, ils ne tardent pas à s’enthousiasmer et à aller se saisir de leur butin les armes à la main, et de tout ce qu’il y a dessus. Ils avaient de bonnes raisons de se sentir redevables et de se prosterner devant un tel bienfaiteur.


Aux portes des villes qu’ils allaient ainsi assaillir pour se conformer à la volonté de Dieu, les chroniqueurs de l’époque ont rapporté le genre de discours qu’ils tenaient pour justifier qu’on leur ouvre les portes :


« Nous sommes les Gens de la Maison de Dieu. Dieu nous a donné vos terres, vos biens et vos enfants en héritage. Ouvrez-nous les portes. Tout ce que vous possédez nous appartient ! »


C’était évidemment naïf, audacieux et effronté. En bon français, on dirait même « un p’tit brin baveux sur les bords ». Mais ils le faisaient sur la foi de la parole de Dieu. D’innombrables pillages, tueries et carnages ont ainsi ensanglanté le monde en toute bonne conscience et dans un enthousiasme débordant.


Le Coran – qui ne peut varier d’un mot – est encore là aujourd’hui pour attester de ce legs qui a marqué la destinée du monde. Ce legs n’en reste pas moins légitime aujourd’hui qu’il ne l’était lors des premières grandes conquêtes de l’islam. Malgré le passage du temps, Dieu n’a jamais fléchi et n’est jamais revenu sur sa parole. Bien des prosélytes et des islamistes salivent encore aujourd’hui en repensant à ces versets merveilleux qui ont fait d’eux les maîtres du monde.


Il y a toutefois des gens – sans doute quelques jaloux du bonheur des autres ! – qui prétendent que la terre ainsi donnée en héritage n’aurait été que la Terre sainte, c’est-à-dire la Palestine. Mais là encore Dieu s’était donné la peine de clarifier sa pensée. Au verset 7, 137, on lit : « Nous les avons fait hériter des contrées situées à l’orient et à l’occident de la terre que nous avions bénie. » Il ne s’agit donc pas de la seule Terre sainte. C’est toute la terre ! 


Un tel legs peut sembler excessif à certains esprits qui ne comprennent rien à la loi et à la justice de Dieu. Mais là encore le Coran est sans détour : « Dieu fait ce qu’il veut ! » Que les dubitatifs se donnent simplement la peine de poser la question à nos « imams » les plus versés dans l’étude du Coran. Il y en a d’excellents à Montréal. Ils ne demandent pas mieux que d’être invités sur les plateaux pour prêcher la parole de Dieu. Ils n’hésiteront pas à dire à qui appartient la Terre.



Une idée toujours vivante


Depuis les tout premiers temps de l’islam, les musulmans ont longuement assimilé l’idée que Dieu les avait choisis en raison de leur soumission à sa loi et à sa justice, et qu’il les avait gratifiés en leur attribuant la propriété de la terre. Cette idée est toujours vivante et resurgit naturellement lorsque les circonstances s’y prêtent. Le monde entier a pu le constater lors de l’exode d’un million de croyants sur l’Allemagne. Interrogés par la suite sur leur grande

aventure, ces migrants ont été étonnamment nombreux à dire que c’est Dieu qui les avait conduits jusque-là, et qu’ils y étaient chez eux. À quelques exceptions près, ils ont également affirmé que les Allemands n’y étaient pour rien. Selon le Coran, ces derniers n’étaient que des possesseurs précaires qui n’avaient d’autres choix que d’ouvrir leurs portes aux véritables héritiers et propriétaires des lieux. Les Allemands étaient liés. Ils devaient se plier à la volonté de Dieu. L’état de la loi divine sur le sujet ne laisse aucune ambiguïté :


« Vous êtes la meilleure communauté qui soit jamais surgie du milieu des hommes » Cor. 3, 110.


« Oui, la terre est à Dieu. Il en fait hériter qui il veut parmi ses serviteurs » Cor. 7, 128.


« Oui, mes serviteurs, gens de bien, hériteront de la terre » 21, 105.


« Nous les avons fait hériter des contrées situées à l’orient et à l’occident de la terre que nous avions bénie » Cor. 7, 137.


« Ô mon peuple ! Entre dans la Terre sainte que je t’ai prescrite » Cor. 5, 21.


Si les Allemands, possesseurs précaires, avaient refusé de se plier à la volonté divine si clairement exprimée, on aurait sans doute assisté à une sorte d’apocalypse. Les « Gens de la Maison de Dieu » n’auraient pas facilement accepté de s’écraser et de se faire dicter leur conduite.


Qui ne se souvient de la fameuse nuit de la Saint-Sylvestre du 1er janvier 2016. Des milliers de jeunes femmes – « à moitié nues et parfumées » – ont été prises à parti et malmenées par des « jeunes Gens de la Maison de Dieu », sans doute scandalisés de se voir exposés à un tel étalage de nudité en pleine nuit d’hiver. Rien que pour la ville de Cologne, ils auraient perpétré de 1200 à 1500 actes de justice naturelle contre ces jeunes provocatrices. Il y en aurait eu des milliers d’autres dans plusieurs villes d’Allemagne. Bien entendu, Dieu ne s’attendait pas à ce que les « Gens de sa Maison » se conduisent comme des timorés là où ils ont l’obligation d’imposer sa loi et sa justice. Il est d’ailleurs précisé dans le livre sacré : « Dieu aime ceux qui vont jusqu’à tuer pour lui » Cor. 61, 4. Cette nuit-là, aucune pécheresse n’a été tuée. Mais pour la suite des choses, elles se souviendront certainement qu’il est mal avisé de se promener « nues et parfumées » en pleine nuit d’hiver devant les « Gens de la Maison de Dieu ».



Une prédiction savante


Ce genre de prescriptions religieuses n’intéresse pas que les exaltés, les prosélytes et les fanatiques de l’islam radical. À titre d’exemple, voyons un cas rarement cité, mais qui nous concerne au plus haut point. À la fin du XIX e siècle, Muhammad Abduh, théologien réputé de l’islam orthodoxe et grand mufti de la mosquée al-Azhar du Caire, avait fait un commentaire des plus prophétiques lors de son étude du verset 24, 54/55 sur le gouvernement de la Terre, commentaire publié à l’époque dans une revue appelée al-Manâr [Le Phare] :


« Allah n’a pas encore achevé pour nous l’accomplissement d’une promesse qu’il n’a réalisée qu’en partie. Il est fatal qu’il l’achèvera un jour en donnant à l’islam la maîtrise de l’Univers tout entier, y compris l’Europe qui nous est si hostile. »


Depuis, bien des théologiens et imams sont revenus sur cette prophétie et le verset 24, 54/55. Il n’est donc pas surprenant que nombre de musulmans, qui ne sont pourtant ni prosélytes ni fanatiques, aient toujours à l’esprit cette fascination d’impérialisme mystique. En tant que « Gens de la Maison de Dieu », ils se sentent eux aussi héritiers légitimes d’un islam habilité à faire régner sa loi et sa justice dans le Monde entier.


Bref, les musulmans ont peut-être l’air « arrogants », mais ils ne le sont pas. Ils n’entretiennent pas d’estime « excessive » de leur valeur ou de leur grandeur. Ils ne se prennent pas non plus pour d’autres. Ils savent ce qu’ils sont, ce qu’ils valent et ce qu’ils doivent faire. Ils sont les héritiers de la Terre. Ils sont chez eux partout ! C’est à eux que Dieu a confié le soin de répandre et d’imposer sa loi et sa justice dans le Monde entier.


C’est souvent à coups d’initiatives audacieuses que les civilisations progressent… ou disparaissent !



Christian Néron


Membre du Barreau du Québec, Constitutionnaliste, Historien du droit et des institutions





RÉFÉRENCES :



  1. Jacques Jomier, O. P., Le commentaire coranique du Manâr, Paris, Ed.G. P. Maisonneuve & Cie, 1954, à la p.325.

  2. Jean-Luc Monneret, Les grands Thèmes du Coran, Éd. Dervay, 2003, 725 p.



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2 commentaires

  • Frédéric Charest Répondre

    5 juin 2019

    Ah! C'est donc pour ça que du plus jeune au plus vieux, ils me lancent en insulte: JALOUX!



    L'identité (identique) de leur "insulte" m'avait tout de suite suggèré que cela venait de leurs chefs.


    Mais voilà que vous m'éclairez Me Néron: ça vient de leur livre et donc possiblement de leur chef


    qui sait le lire..



    Ils me croient jaloux que leur entité suprême les aurait fait hérité de la terre se situant à l'orient et à l'occident de l'endroit que certains auraient béni il y a 1300 ans.



    Un sac de terre ferait peut-être l'affaire d'un point de vue juridique, non?


  • Marc Labelle Répondre

    2 juin 2019

    Le propos ironique de Me Néron aboutit à ce constat : la mauvaise foi de la foi anime l’islamisme, cette idéologie totalitaire.  C’est donc la soif de domination absolue sur autrui — spécialement la prédation pourvoyeuse de récompenses bien méritées — qui motive les islamistes.  Au point de se tartufier eux-mêmes.