Histoire

Le pape et l'histoire canadienne

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Toute la vérité, rien que la vérité


La visite du pape François occupe tous les esprits. 


Ce n’est pas qu’un voyage diplomatique parmi d’autres que vient faire le pape. Il le présente plutôt comme un « pèlerinage pénitentiel ». 


Le chef de l’Église catholique vient demander pardon aux Amérindiens du Canada. La politique des pensionnats autochtones est une tache indélébile dans l’histoire canadienne. 


D’abord : à cause des abus qui y ont été commis. 


Abus


Mais aussi parce que cette politique visait explicitement à arracher les Amérindiens à leur propre culture. 


En se laissant instrumentaliser par le gouvernement fédéral, autrement dit, par le pouvoir canadien-anglais, l’Église a trahi sa mission et collaboré à une entreprise contraire à sa vocation. 


Car on a tendance à l’oublier, mais c’est le génie de l’Église catholique d’avoir normalement su respecter et même épouser la culture et l’identité des peuples qu’elle convertissait. C’est ce qu’elle n’a pas fait au Canada. 


Mais on ne comprendra rien à cela si on fait de l’Église la figure principale de cette triste histoire, et si on oublie, comme je le disais, qu’elle fut instrumentalisée par le pouvoir canadien-anglais, indissociable, évidemment, de l’idéologie qui inspirait l’Empire britannique. 








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Pour ce dernier, les peuples conquis ne pouvaient survivre que sur le mode folklorique.  


L’empire s’installe, il exerce sa souveraineté, il refoule toujours plus loin les peuples conquis, et s’il n’est pas ou plus possible de le faire, il les enferme dans des réserves où ils seront condamnés à la survivance ethnique et folklorique. 


L’histoire des peuples qui ont subi la tutelle britannique est tragique. 


On parle ces jours-ci des Amérindiens, mais on pourrait aussi penser aux Irlandais. Et aux Canadiens français, qu’on appelle aujourd’hui les Québécois. 


Évidemment, ces histoires ne sont pas interchangeables. Certaines sont plus tragiques que d’autres. 


J’ajoute que l’Église catholique, dans les trois cas évoqués, a joué un rôle plus complexe qu’on ne le dit. 


Dans le cas des Amérindiens, s’il faut dénoncer la politique des pensionnats, on rappellera qu’elle ne saurait suffire pour définir ce rôle et cet héritage. On trouvait aussi chez les missionnaires catholiques une authentique générosité et curiosité, comme en témoignent les Relations des Jésuites, qui nous permettent de remonter aux origines de la colonie, avant l’arrivée des Britanniques, justement. 


Dans le cas des Irlandais, le catholicisme s’est constitué en noyau identitaire pour résister à la domination britannique, même s’il a favorisé un conservatisme social exagéré qui a longtemps pesé sur le pays. 


Tragique


Dans le cas des Canadiens français, le catholicisme a joué un rôle central dans leur survivance. Il fut longtemps un pilier identitaire. Elle fut essentielle à notre résistance. Mais l’Église a aussi collaboré avec les Britanniques et a servi, à sa manière, de courroie pour amener les Canadiens français à consentir à leur soumission, à leur subordination. 


Cela nous rappelle une chose simple : l’Église est une institution humaine, pour cela imparfaite, pour cela condamnée au péché. Il est bien qu’aujourd’hui, elle demande pardon. Il n’est pas inutile de se rappeler non plus qu’elle n’a pas fait que du mal. 











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