Le PQ a beau se lancer en campagne avec une petite longueur d’avance, selon le dernier sondage Léger Marketing-QMI, la perspective d’un gouvernement minoritaire apparaît déjà comme un cauchemar. « C’est le pire des scénarios », confiait hier un apparatchik péquiste.
Qui plus est, le sondage a été effectué après des semaines d’accalmie sur le front étudiant, mais le premier ministre Charest a fait en sorte que la campagne coïncide avec la rentrée dans les cégeps. Il ne s’est pas caché : la défense la loi et de l’ordre au nom de la majorité silencieuse sera au cœur de sa campagne. Encore faudrait-il que les associations étudiantes entrent dans son jeu.
Les péquistes se voient déjà condamnés à gérer des finances publiques encore précaires dans une conjoncture économique incertaine, soumis au bon plaisir de François Legault. Un gouvernement péquiste minoritaire devrait surtout renoncer à toute velléité référendaire, ravivant du coup la division au sein du parti.
M. Charest ne manque aucune occasion de tirer profit de l’entrevue que Bernard Drainville a accordée au Globe and Mail en début de semaine, y voyant la preuve que l’élection d’un gouvernement péquiste majoritaire signifierait la reprise immédiate des hostilités avec Ottawa, dans l’espoir de réunir enfin les conditions d’un référendum gagnant.
On peut très bien comprendre le député de Marie-Victorin de chercher à mobiliser les militants souverainistes tentés par Québec solidaire, Option nationale ou simplement l’abstention. En 1976, comme en 1994, ils avaient l’assurance que la prise du pouvoir serait suivie d’un référendum. Cette fois-ci, il n’y a aucune assurance. Sur la liste des choix à faire que Pauline Marois a dressée hier matin, cette « éventualité » venait très loin.
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C’est l’éternel dilemme du PQ. Déterrer la hache de guerre, comme l’a fait M. Drainville, ne peut qu’effrayer ceux qui, tout désireux qu’ils soient de se débarrasser des libéraux, n’ont aucune envie de retomber dans les affres référendaires.
Pour ceux-là, un gouvernement Marois minoritaire offrirait le meilleur des deux mondes : ni corruption ni référendum. Lucien Bouchard, que sa courte victoire de 1998 avait condamné à l’impuissance, pourrait cependant témoigner de la difficulté de gouverner avec des menottes. Excédé, il a finalement jeté l’éponge.
Curieusement, le premier ministre a semblé préférer le slogan péquiste, « À nous de choisir », à celui de son propre parti, « Pour le Québec ». Peut-être prévoit-il déjà le moment où la campagne libérale se transformera, comme d’habitude, en croisade pour le Canada.
M. Charest semblait remarquablement détendu en ce début de campagne. Et pour cause. Après un troisième mandat aussi difficile, être en mesure d’en envisager un quatrième relève déjà du miracle. Terminer une carrière sur une défaite honorable ne serait pas un drame pour lui, ni pour le PLQ.
Au contraire, Pauline Marois est parfaitement consciente qu’honorable ou non, une défaite entraînerait sa mise à la retraite immédiate. La paix est officiellement revenue au PQ, mais ses candidats sont les premiers à savoir que leur chef ne constitue pas un atout. Ce départ sur les chapeaux de roue, avant même les décrets d’élections, illustrait bien cette obligation de résultat.
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L’élection fédérale du 2 mai 2011 a démontré que tout peut arriver durant une campagne électorale. Avec trois chefs plus impopulaires que leur parti respectif, il serait toutefois très étonnant qu’on assiste à une répétition de la vague orange. Les résultats du 4 septembre pourraient très bien ressembler à ceux des premiers sondages.
L’appel au changement devient une véritable incantation dans la bouche de François Legault et il faut reconnaître qu’en dépit de ses moyens limités, la CAQ a réussi à attirer en politique des visages neufs, plus inspirants que ceux de la défunte ADQ.
De là à envisager la formation d’un gouvernement majoritaire, c’est une autre histoire. Les 21 % d’intentions de vote dont Léger Marketing crédite la CAQ indiquent un léger progrès, mais on est encore très loin du compte.
M. Legault a réalisé qu’il avait commis une erreur en appuyant la loi 78. Même s’il en rejette maintenant les dispositions les plus contestées, il aura bien du mal à échapper à une repolarisation de l’électorat sur le conflit étudiant.
Même pour les nouvelles vedettes, le défi est de taille. Sur la base du sondage Léger Marketing-QMI, le site Too close to call accorde 16 points d’avance au PQ dans Terrebonne, où se présente Gaétan Barrette. La patience est une qualité essentielle en politique et M. Legault n’a pas la réputation d’en avoir beaucoup.
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