Dimanche, à la sortie du conseil national, le message du Parti québécois était clair: prière de ne plus nous déranger avec la «mécanique» référendaire. Or, remettre le dentifrice référendaire dans le tube risque d’être un brin compliqué.
Du moins, dans la mesure où quatre candidats à la chefferie sur cinq – Martine Ouellet, Alexandre Cloutier, Bernard Drainville et Pierre Céré – ont déjà leurs plans de match respectifs pour un autre référendum.
Talonné, Pierre Karl Péladeau disait quant à lui ne plus exclure un référendum au premier mandat tout en préférant mesurer l’état de l’opinion avant l’élection de 2018. D’ici là, son plan est de «parler» de souveraineté, de «documenter» ses avantages et de «démystifier» les peurs qui perdurent.
Bref, s’il est élu chef, PKP aura carte blanche pour décider si, en 2018, le PQ sollicitera ou non le mandat de tenir un référendum s’il prend le pouvoir.
Qui prend chef prend programme
Cette carte blanche s’explique aussi par la décision des instances péquistes de ne pas faire précéder l’élection de leur chef par l’adoption d’un nouveau programme. Question de ne pas «imposer» des orientations à un chef qui n’en voudrait pas.
Pour les militants, le message est qu’une fois les débats de la course passés, leur prochain programme sera bel et bien celui du prochain chef.
D’où les quelques voix qui, au sein de l’aile gauche restante du PQ, s’inquiètent. Voyant nettement plus en PKP un magnat de la presse qu’un «faiseur de pays», elles craignent sa victoire probable. Quand Pierre Céré demande si «Citizen Péladeau» n’est pas en train de «s’acheter un parti», il ne fait pas dans la «boutade». Sa question, il la veut avant tout rhétorique.
Bon dernier dans les sondages, en visant directement le talon d’Achille du meneur, il tente aussi d’attirer une part des péquistes «progressistes» plus tentés par la candidature de Martine Ouellet.
Ex-candidat à la chefferie en 2005 et membre fondateur du SPQLibre – l’ancien club de gauche créé au PQ sous Bernard Landry puis chassé par Pauline Marois –, Pierre Dubuc y va aussi de son grain de sel.
À paraître bientôt et annoncé sur le site de L’Aut’Journal, il signe son dernier livre: PKP dans tous ses états. Pierre Dubuc y avance que «malgré l’indiscutable bonne volonté indépendantiste de PKP, son passé d’affaires risque de peser plus lourd dans la balance que l’indépendance».
Rebâtir
Même s’il est élu chef, ces attaques nettement plus ciblées et personnalisées contre PKP risquent fort de laisser des séquelles. Au PQ, elles pourraient rendre tout appel à la «convergence» des forces souverainistes encore plus difficile.
Face aux autres partis, le PQ risque aussi d’en sortir avec un chef fragilisé par des critiques qui, fondées ou non, seront venues avant tout de ses propres rangs.
Comme quoi, fonder un parti indépendantiste qui se voulait en même temps une large «coalition» sur les questions socioéconomiques était sûrement plus aisé à ses origines que de tenter de le reconstruire aujourd’hui après une défaite électorale historique.
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