Notre combat national est semblable à celui que bien d’autres peuples ont dû engager à travers le monde. Une lutte face à un ennemi déterminé et acharné, résolu à briser le rêve de cette société pour plutôt en faire le simple objet de son caprice financier.
Pour ce faire, toutes les bassesses sont permises. La maîtrise du discours mensonger est presque artistique. La façon pernicieuse d’étourdir et d’endormir la plèbe est séduisante et populiste.
C’est souvent dans ce contexte que naissent celles et ceux qui secouent. Ils ratissent large et mène la lutte tambour battant. Ils savent que pour gagner, il faudra tôt ou tard jouer dur. Ils savent qu’il faut être déterminé encore plus que le sont nos ennemis. Ils frappent aujourd’hui et sans ménagement les sépulcres blanchis. Ils réveillent ainsi les morts que nous sommes et du coup, heurtent les petites et fragiles convictions des révolutionnaires en dentelles.
Pablo Neruda, Gaston Miron, Pierre Bourgeault, Aimé Césaire. Pamphlétaires, poètes, donneurs de coups de gueule à des peuples apathiques et pourfendeurs de celles et ceux qui soutiennent la classe dominante. Ils le font au péril de leur confort, ils se forgent des réputations de « brasseux de marde », ils dérangent. On voudrait qu’ils fassent comme tous le monde, qu’ils perlent au lieu de parler. On voudrait qu’ils chantent leur colère sur un air jazzé.
Le monde a besoin de plus de Falardeau. Les grandes forces de changements ne viennent pas des révolutionnaires à sacoche qui se promène d’un salon de thé à l’autre. Les grandes forces de changements viennent des gens qui nous embêtent. L’avenir, c’est le punk qui squeedge avec son écusson marqué fuck the world.
Il y a quelques années, nous avions reçu Pierre Falardeau dans le conté de Montmorency, à l’occasion d’une activité organisée pour les jeunes d’un Parti Québécois qui était encore à cette époque, une force de changements mais hélas, qui ne l’est plus aujourd’hui. Pierre Falardeau nous avait entretenu lors d’un soupé privé que j’avais eu l’insigne honneur d’avoir seul avec lui.
Il nous avait parlé du prix politique qu’il payait pour ses opinions. Jusqu’à quel point il lui était parfois difficile de joindre les deux bouts. Et sur les effets que ses prises de positions avaient sur lui-même et sa famille. Mais ce qui nous avait le plus frappé, c’est l’impression d’avoir eu à faire à un homme souffrant et surtout tellement différent de celui que nous avions vu, vociférant à la télé contre les injustices sociales.
Pierre Falardeau n’était pas l’être bourru que nous avions craint. Il était un homme profondément humain et doux qui entretenait un amour presque paternel pour son pays. Le communicateur virulent était en fait un homme timide qui extériorisait avec force un cri d’amour rageur. C’est le souvenir de ce visage à la fois triste et rempli d’amour que je retiendrai de Pierre Falardeau. Ce sont les yeux de cet homme qui resteront dans mon cœur pour poursuivre le combat. Adieu et merci Pierre ! Et vive le Québec libre !
Daniel Lévesque
Ex-président du Parti Québécois de Montmorency
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