Le mouvement syndical québécois se prépare en vue des élections du 1er octobre, car il craint d'avoir une influence limitée sur le gouvernement québécois pendant quatre années supplémentaires.
Près de 40 pour cent des travailleurs au Québec sont syndiqués, mais les deux partis qui galopent en tête des sondages d'opinion sont loin d'être favorables aux syndicats.
Les libéraux au pouvoir ont imposé des compressions importantes dans les secteurs de la santé et de l'éducation dès le début de leur mandat. De son côté, la Coalition avenir Québec (CAQ), première dans les intentions de vote selon les sondages, a tempéré ses positions antisyndicales, mais n'a pas réussi à apaiser les inquiétudes du mouvement syndical.
«Vous avez d'un côté les libéraux qui nous ont plongés dans l'austérité et ont attaqué nos membres. Et vous avez la CAQ dont l'agenda est désastreux, un agenda où on remet tout au privé», a résumé le directeur québécois du Syndicat canadien de la fonction publique, Marc Ranger.
«C'est notre devoir d'alerter et de mobilier nos troupes.»
Même si le Québec est réputé dans le reste du Canada pour le penchant de ses travailleurs pour descendre dansla rue pour manifester, l'influence des grands syndicats diminue d'année en année, fait valoir une professeure de sociologie de l'Université de Montréal, Mona-Josée Gagnon.
«On ne parle plus du syndicalisme dans les médias en général. Cela reflète l'affaiblissement du syndicalisme», a-t-elle soutenu.
Le syndicalisme semble être un domaine en perdition, même dans les universités québécoises, a-t-elle raconté. «Le syndicalisme à l'université est en retraite.»
M. Ranger ne partage pas cette opinion.
«À 40 % de membership, le mouvement syndical est en santé, mais il doit continuer à démontrer sa pertinence», a-t-il souligné.
Mais les règles électorales limitent les possibilités de manoeuvre de M. Ranger et de ses collègues.
Les règles encadrent l'intervention d'un tiers, un syndicat par exemple, durant la période électorale. Il n'est pas autorité à dépenser de l'argent pour influencer les électeurs ou pour s'opposer ouvertement à des candidats pendant la campagne officielle.
Le premier ministre Philippe Couillard a déjà annoncé que les élections seront déclenchées le 23 août, ce qui laisse peu de temps aux dirigeants syndicaux pour rappeler aux électeurs le «danger» de voter pour les libéraux ou la CAQ.
«Je pense que nos règles sont trop strictes. On marche sur des oeufs, a déploré M. Ranger. Les candidats ont le droit de dire ce qu'ils veulent. Les chroniqueurs d'opinion d'opinion prennent position, ils ont le droit de le faire, mais le syndicat, toi tais-toi. Toi, tu n'en pas le droit. Tu n'es pas invité. Moi je pense que oui, on est invité et on doit participer aux débats publics.»
Le syndicat de M. Ranger et d'autres groupes de travailleurs ont ciblé 14 circonscriptions où ils pensent pouvoir empêcher une victoire d'un candidat libéral ou caquiste. Ils apporteront une aide aux péquistes et aux solidaires.
Les syndicats peuvent organiser des conférences de presse pendant la campagne électorale. Les membres individuels peuvent donner de leur temps pour faire des appels ou sonner aux portes, mais c'est à peu près tout ce qu'ils peuvent faire, a déclaré Ranger.
L'intervention d'un tiers peut parfois nuire à un parti ou un candidat, parlez-en au député conservateur fédéral (PCC) Maxime Bernier.
Jacques Roy, un producteur laitier, avait lancé un groupe Facebook contre M. Bernier - parce que celui-ci s'opposait à la gestion de l'offre - lors de la dernière course au leadership du Parti conservateur. Le nombre d'adhérents a rapidement atteint le plateau des 10 000. Il a persuadé des gens de l'ensemble de la province d'adhérer au PCC et de voter pour le principal adversaire de M. Bernier, l'éventuel vainqueur Andrew Scheer.
«Cela a très bien fonctionné», a rappelé M. Roy.