«Maillon faible». «Boulet». Les diagnostics peu flatteurs pleuvent sur Jacques Daoust. À l’élection de 2014, l’ex-banquier était pourtant une des recrues vedettes de Philippe Couillard pour son fameux «trio économique».
Aujourd’hui, le «cas» Jacques Daoust s’explique en fait par la trop grande proximité des «trois chapeaux» influents qu’il a fort maladroitement portés tour à tour depuis 2012.
Sous le plus récent – ministre des Transports –, il s’est plombé lui-même par sa propre indifférence face aux irrégularités tenaces au MTQ. Son inaction est ce qui a provoqué l’envoi de lettres-chocs par son prédécesseur Robert Poëti et son ex-enquêteuse Annie Trudel.
C’est aussi sous son chapeau précédent – ministre de l’Économie –, qu’Investissement Québec (IQ) s’est départi en 2014 d’un précieux bloc d’actions dans RONA. Un bloc pourtant commandé sous Jean Charest pour empêcher toute prise de contrôle étrangère, dans les faits, hostile ou pas.
En 2012, sous un autre chapeau – président d’IQ –, M. Daoust, selon Robert Dutton, ex-président de RONA, lui aurait carrément dit qu’il ne «voulait rien savoir» de RONA. Encore selon M. Dutton, Michael Sabia, patron de la Caisse de dépôt et placement (CDPQ), s’en serait aussi désintéressé dès 2012.
Recrue déchue
Le problème de Jacques Daoust est que ses «trois chapeaux» se confondent aujourd’hui au point de soulever de très sérieuses questions sur ses compétences de ministre et de gestionnaire.
Ce qui, par définition, renvoie la balle au premier ministre pour en avoir fait une de ses recrues «économiques» vedettes. En janvier, pressé de sortir Robert Poëti des Transports, il lui a même confié le «plus gros donneur d’ouvrage» au Québec. Et que dire de la gestion erratique de M. Daoust dans le dossier Uber?
Bref, tout premier ministre pour qui une gestion intègre des fonds publics et la protection des fleurons québécois seraient réellement prioritaires l’aurait déjà démis de ses fonctions.
Panier de crabes
Or, Philippe Couillard, au contraire, vante le «beau parcours» de M. Daoust. Force est donc de conclure à une communion d’idées entre les deux hommes. Que ce soit sur le MTQ où il brille par son inaction ou sur l’entrepreneuriat québécois laissé à l’appétit du sacro-saint «libre marché».
Pendant ce temps, le dossier RONA prend des airs de panier de crabes.
Vendredi, à l’émission 24/60, j’avançais qu’à la lumière des circonstances troublantes ayant précédé sa vente récente à l’américaine Lowe’s, une question de taille mérite réponse. La CDPQ et IQ ont-ils joué ou non le rôle de «facilitateurs» en rendant possible la perte finale de RONA?
Si oui, ses dirigeants auraient fait fi de leur propre mandat qui, entre autres, leur commande de contribuer au développement économique du Québec.
Pour aller au fond des choses, tout ce beau monde, y compris Robert Dutton, devrait être convoqué en commission parlementaire. Les Québécois ont le droit de savoir comment, au sommet du pouvoir, on s’occupe ou non des «vraies affaires».
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