Lettre d’un indigné à Stephen Harper et Jean Charest

Tribune libre

Je suis solidaire de l’action entreprise par tous les Indignés qui occupent les places publiques, chez-nous et à l’étranger, même si leurs motivations ne sont pas toujours claires et leurs plans d’actions presque inexistants.
Je m’adresse à vous, Stephen Harper et Jean Charest, pour dire haut et fort mon indignation. Au nom de la liberté et de la démocratie, vous nous avez promis de protéger les citoyens, de répartir la richesse, d’assurer la paix, de promouvoir la liberté et le bien-être de tous.
M. Harper, vous avez menti à notre face, en nous faisant croire aux armes de destruction massive et au terrorisme islamiste. Hier, vous avez démonisé l’Afghanistan et l’Irak, récemment la Libye et demain l’Iran, la Syrie et que sais-je encore?

Et pendant tout ce temps, vous fermez les yeux sur les États-Unis, Israël et l’Arabie Saoudite qui ne respectent aucune loi internationale. Tout leur est permis! Vous refusez de donner un pays aux Palestiniens enfermés dans une prison à ciel ouvert : Gaza.
Vous offrez au monde un modèle de démocratie sensé protéger la liberté et assurer la paix dans le monde, alors que vous avez imposé aux Libyens des rebelles antidémocratiques (CNT) qui défendent vos intérêts et privilèges. Pourquoi avoir participé à cette sale guerre!

Soutenant le G8 et le G20, vous prescrivez des politiques impérialistes dont les peuples ne veulent pas. Vous vous cachez derrière la Banque mondiale, BCE et le FMI pour bloquer les budgets des pays et créer des déficits et des dettes impayables. Les pays n’ont plus de marge de manœuvre pour l’investissement, ils ne font que survivre et rembourser leurs dettes à des taux d’intérêts définis par les Agences de notation.
Vous avez demandé aux travailleurs des différents pays, et souvent les plus pauvres, de renflouer les grandes banques victimes de leur cupidité et de leur spéculation, et remises à flot, elles n’ont pas réinjecté l’argent dans l’économie réelle. Les pays n’ont rien pu dire et décider démocratiquement. Leurs populations ont perdu maisons, emplois, avantages sociaux, leur sécurité de retraite ou de vieillesse. Et pour comble de malheur, vous leur imposez des coupures drastiques d’austérité (comme vous le faites présentement avec la Grèce, demain avec l’Italie et les autres) dans leurs services sociaux d’éducation, de santé, de logement, de transport en commun, de remboursement de leur dette publique, etc.
Les prix à la consommation ont presque doublé depuis dix ans, et nous payons plus cher l’électricité, le gaz naturel, le pétrole, le transport, le logement, les médicaments, les produits alimentaires de base, l’habillement, etc. Comment expliquez-vous les prix élevés à la pompe, alors que nous sommes un pays producteur de pétrole et que le prix mondial du baril est à la baisse? Pendant tout ce temps-là, les spéculateurs s’enrichissent à l’abri de leurs niches fiscales et de leurs paradis fiscaux. Vous avez promis de lutter contre ces aberrations et rien n’a été fait jusqu’à présent.

Nos agriculteurs comme nos producteurs n’ont plus droit au commerce individuel de leurs produits. Tout doit être soumis à des quotas, enregistré et contrôlé par des normes gouvernementales dictées par les grandes entreprises, au nom de la santé publique et de la stabilité des marchés. Ici au Québec, même la S.A.Q. continue à bouder les vins québécois!

Sous vos ambitions impérialistes américaines, le Canada s’est endetté militairement à une vitesse fulgurante. Nos missions internationales sont de plus en plus belliqueuses. Nous sommes loin des casques bleus canadiens de l’après guerre, contribuant à la paix dans le monde. Le Canada possède le 13e plus gros budget militaire du monde (19-20 milliards de dollars annuellement) et ses dépenses en la matière progressent depuis une dizaine d'années, étant à leur plus haut niveau depuis la Deuxième Guerre mondiale. En tant que Québécois et Canadiens, nous ne sommes jamais consultés sur vos décisions guerrières. Nous avons été bernés par le milliard qu’a coûté aux contribuables la réunion du G20 de Toronto, et que dire des 158 soldats canadiens qui ont perdu leur vie dans des guerres inutiles!
Je demande à Jean Charest de mettre fin à la corruption et à la collusion qui gangrènent notre société à tous les niveaux, de mettre en œuvre les mesures contenues dans la loi pour éliminer la pauvreté et les inégalités sociales et de mettre au pas les entreprises gazières et minières qui ne paient pas leurs justes redevances sur nos richesses naturelles.
Les pays émergents sont en train de réclamer leur dû. Leurs classes sociales moyennes augmentent et veulent atteindre le standard de notre vie occidentale. Les jeunes femmes de ces pays, comme la Chine et l’Inde, ayant droit à l’éducation et aux emplois rémunérés n’auront plus d’ores et déjà de nombreuses familles, mais consommeront davantage. Cela veut dire plus de biens de consommations, donc plus de ressources naturelles à exploiter. Les pays riches ne pourront plus indéfiniment garantir leur sécurité matérielle et énergétique en s’accaparant, par la force, les richesses naturelles à travers le monde. Les futures guerres ne se feront plus pour conquérir de nouveaux territoires, mais pour s’approvisionner en ressources naturelles et en produits de consommation. L’enjeu actuel est la survie de l’humanité. Même si la population mondiale est appelée à se stabiliser, les ressources naturelles limitées seront de moins en moins disponibles.
Si le mouvement des « indignés » perdure, la guerre ne se fera plus entre pays riches et les pays pauvres, entre les différents États, mais entre les riches et les pauvres. Tôt ou tard, M. Harper, vous devrez abandonner la politique étrangère de l’OTAN qui envahit, bombarde, tue, détruit et pille les ressources, comme c’est le cas présentement en en Libye. Cette domination n’a rien à voir avec la libération des peuples et la démocratie. Aujourd’hui il ne suffit plus de se libérer d’un dictateur et de ses complices, mais de toute forme de dictature que les oligarchies militaro-financières imposent à l’humanité. La situation actuelle ne peut plus durer.

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Marius Morin130 articles

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Citoyen du Québec, Laval, Formation universitaire, Retraité toujours
interpellé par l'actualité socio-politique

Laval





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2011

    Bonjour,
    Savez-vous quel est le montant des dépenses de harper au g20 cette année?
    Merci

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2011

    Merci M. Morin pour cette lettre qui prend à son compte les grandes préoccupations des "indignées", mais aussi de toute personne ayant à coeur la véritable démocratie. Nous sommes dirigés par des représentants qui répondent d'abord et avant tout,non pas aux impératifs de leur peuple, mais à ceux qui viennent de Washington et de l'OTAN pour ce qui a trait au Canada et, pour ce qui est du Québec, aux oligarchies qui vivent des budgets gouvernementaux. Les peuples sont laissés à eux-mêmes et aux problèmes qui viennent ronger leur quotidien. Encore une fois merci pour cette lettre qui nous permet d'ouvrir les yeux sur le type de dirigeants qui nous gouvernent.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 novembre 2011

    Monsieur Morin,
    Comme vous pouvez le voir, peu de gens se préoccupent ici au Québec des Indignés. Les souverainistes sont plus préoccupés par tenter de retrouver la gloire des années passées, tandis que les autres sont tous devenus fédéralistes parce qu'au fond, ils ne vivent pas si mal au sein de la fédération canadienne.
    Je donne crédit aux Indignés de vouloir représenter les moins bien nantis de la société. Ce que j'espère de ce mouvement, c'est qu'il forcera les pouvoirs en place à faire quelque chose pour régler le problème de la pauvreté. C'est pour cela que je suggère aux Indignés de réclamer ce que le regretté Michel Chartrand suggérait pour résoudre la pauvreté au pays, c'est à dire un revenu de citoyenneté universel.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 novembre 2011

    Ça fait le tour du jardin en quelques paragraphes seulement. Merci monsieur Morin! Bon article à faire circuler.
    Réal Croteau