Lettre ouverte à Michael Ignatieff

Ignatieff - le PLC et le Québec

Lettre ouverte à Michaël Ignatieff
Vous avez raison, Monsieur Ignatieff : nous, Québécois, devons reprendre le pouvoir. Notre pouvoir. Chez-nous! Reprendre notre maîtrise. Totale. Le plus tôt possible.
L’autre pouvoir, celui dont vous parlez, exercé à Ottawa par ceux des nôtres-vôtres que vous énumérez, imaginez-vous donc que nous y avons assez goûté! J’espère bien. Alors, vous faire confiance?... J’ose croire que nous ferons preuve cette fois d’une bonne mémoire!

Dans un texte précédent, je parlais de cette réaction viscérale de recul et de refus qui m’assaille en regardant et écoutant certaine sorte de politiciens. J’ai la même devant vous. D’abord, parce que vous me rappelez trop ce Trudeau que, selon votre propre aveu, vous avez admiré et qui vous a, de toute évidence, profondément inspiré!
Déjà aussi, à cause de certains de vos propos, de vos choix ambigüs – êtes-vous pro-Kyoto? contre la torture? -, de vos attitudes et de vos comportements - vs la Coalition et le Budget Harper.
De plus, Monsieur Ignatieff, lorsque vous êtes rentré des Etats-Unis pour réépouser votre « cher » Canada - en 2005? – je suis allé me renseigner un peu sur vous. Je me souviens de plusieurs commentaires sur votre appui à la guerre en Irak, vos déclarations sur les « États-voyous » et [votre texte de 2003 paru dans le New-york Times Magazin->8029]e, qui avait suscité bien des questionnements de la part de vos confrères universitaires et de penseurs américains. Ici même, certaines prises de positions sur l’Ukraine et sur le non-intérêt ou les dangers des nationalismes ne sont-elles pas encore à ce jour ambigües? D’ailleurs, la Communauté ukrainienne de Toronto, si je ne m’abuse, ne vous a pas nécessairement accueilli de gaieté de cœur, comme candidat de Etobicoke-Lakeshore. Et le « Québec-nation », après l’avoir jugé dangereux, vous l’avez appuyé tout en dénonçant maintenant son projet d’Indépendance comme une projet de science-fiction??? Ingérence? Bien sûr, la plupart de ces opinions controversées, vous les revisez toutes en temps opportun... À quoi se fier?
Alors, à notre endroit, Québécois que vous courtisez impunément, vous voulez nous remettre au pouvoir ou au fond, comme Trudeau, nous remettre à notre place? Parlons sérieux : vous souhaitez plutôt prendre le pouvoir et le partager avec quelques Québécois(es) qui se rangent du côté de ce Canada qui nous préfère dans une position de faiblesse et sous sa coupe. Ceux genre : you can’t beat them, so join them! Tant qu’il y en aura de ceux-là et que nous serons dans cette situation de tutelle, ne vous en déplaise, Monsieur Ignatieff, c’est avec le Bloc que nous exerçons notre seul pouvoir réel collectif - bien que défensif – à Ottawa.
L’autre pouvoir dont vous parlez, examinons-le un peu. Sous l’inspirant leadership de Jean Chrétien, on s’étonne surtout de la qualité morale et des valeurs soustendant les actions de ceux qui nous ont vendus lors de NOTRE Référendum de 1995 - Oui, vendus : fourbe "love-in" envahissant, scandale des commandites, Option-Canada. Certain reconnaissant même – posthume – que tous les coups-bas contre nous étaient alors permis. Ce pouvoir-là... j’espère que nous nous souviendrons de son odeur avant de remette ses adeptes en selle sur notre avenir. Ils le sont d’ailleurs déjà au Québec, hélas!
En ce qui concerne Pierre-Elliot Trudeau, nous nous souviendrons que nous avons perdu, à travers ses machiavélismes et ses trahisons enrobées de mépris, d’importants pouvoirs - droit de veto, liberté de consulter le peuple et de signer ou non dans l’honneur une Constitution rapatriée en catastrophe qui nous soumet, entre autres, à une Charte des droits aux motivations douteuses et abusives.
Quant aux autres, les prédécesseurs, Sir Louis Saint-Laurent – frontières du Labrador -, Sir Wilfrid Laurier - non-protection du Français - nous avons aussi, sous ces sires, perdu quelques plumes. Alors...
Quant à nous faire valoir - timidement il est vrai, fort heureusement – vos soudaines racines québécoises et donc, entre les lignes, nous suggérer que vous seriez le Xe des « nôtres » à exercer ce pouvoir suprême exemplaire à Ottawa... ça me semble plutôt tiré par les cheveux, non? Avez-vous rougi un peu en évoquant ce bref passage de vos parents en Estrie? Dans cette veine, quand vous avez parlé de « votre Québec », j’ai cru réentendre le « Mon Canada comprend le Québec » de navrante mémoire!
À l’instant, je viens d’avoir une pensée empathique pour Stéphane Dion. Je ne sais où il en est de son bilan et de ses réflexions au sujet de ce parti et de ce pays qu’il a choisi de servir à son corps défendant, sans réserves et, je dirais, parfois presque sans pudeur. Et aux intérêts de qui il a servi sans vergogne? Où est-il donc? Lui avez-vous rendu un vibrant hommage pour ses loyaux services ? Entre autres pour cet héritage qui risque de bien vous servir un jour : La Loi sur la Clarté référendaire, qu’il vous a brassée et distribuée comme une carte d’atout. Sorte de droit de veto à nous subtilisé ?
Il n’y a pas si longtemps, Stéphane Dion, il sentait votre souffle chaud dans son cou, alors qu’il se tenait debout devant Harper - Oui, debout! – entre Jack Layton et Gilles Duceppe et que l’on pouvait vous voir, un pas derrière et l’air renfrogné, prêt à rompre ce pacte le plus vite possible. Vous avez ensuite « conciliabulé » avec d’autres importants Libéraux et... Harper... Ça m’a rappelé la « Nuit des longs couteaux ».
Si j’étais Stéphane Dion, je serais aujourd’hui - enfin! - devenu « séparatisssss ». Mettez-en des s ! Je ferais du bruit! Je reconnaîtrais publiquement la perversité de cette Loi sur la Clarté et du même souffle la perversité du Canada pour le Québec. Je lui souhaite ce réveil salvateur!

À vous, Monsieur Ignatieff, sincèrement, je vous souhaite de mordre la poussière au Québec. Que les Canadians vous préfèrent à Harper, on s’en balance. Mais à nous, Québécois, je souhaite de rester froids et lucides devant vos mines séductrices et devant les nouveaux tours de passe-passe que votre « famille » libérale est en train de concocter pour nous, Que la Lumière reste avec nous, bon dieu!


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10 commentaires

  • Robert Bertrand Répondre

    24 mars 2009

    Il reste à « se dire », à s'affirmer pour ce que l'on est et pour ce que l'on veut.
    Le discours doit être simple, clair et efficace.
    Nous sommes Québécois. Nous sommes du Pays du Québec.
    Nous sommes de la Nation Québécoise et nous n'avons pas à nous faire dire que nous sommes à l'intérieur du Canada pour que notre Nation soit reconnue.
    Nous nous reconnaissons de la Nation Québécoise, à l'intérieur comme à l'extérieur de votre Canada.
    Nous sommes du Peuple Québécois et nous n'avons pas à être sous la tutelle d'un autre Peuple pour nous faire reconnaître.
    La seule chose que vous voulez, LIBÉRAUX ou CONSERVATEURS du CANADA, c'est de nous voir et nous considérer à votre service et au service de votre Canada, de nous reconnaître d'une nation inférieure à la vôtre puisque vous daignez nous reconnaître comme Nation mais à l'intérieur de votre Nation CANADIAN.
    NON, MERCI. Et ça se dit bien.
    Qui êtes-vous donc pour vous considérer tellement supérieurs ?
    Dans le monde d'aujourd'hui, nous sommes égaux en droit. Nous ne sommes pas sous votre tutelle.
    Nous sommes ce que nous sommes : des Québécois et nous nous faisons représenter dans votre Canada par les ÉLUS DU QUÉBEC aussi démocratiquement élus que tous les autres élus de votre Canada.
    Ne pas vouloir que nos élus soient vos égaux en droit et en représentation, c'est un déni de droit ! Vous êtes complices de ce que font les Conservateurs de votre Canada.
    LIBÉRAUX ou CONSERVATEURS : c'est du pareil au même.
    Vous êtes ce que vous êtes : des CANADIANS.
    Nous sommes égaux, en droit ! Et nous sommes QUÉBÉCOIS.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2009

    Bonjour!
    «Jusqu'à présent, M. Ignatieff a pris bien soin de ne prendre aucun engagement. Il y a de fortes chances que son «fédéralisme sans surprise» soit en réalité un fédéralisme sans changement. M. Charest ne souhaite certainement pas plus que lui rouvrir la boîte de Pandore constitutionnelle.Ce n'est pas quand les libéraux fédéraux auront retrouvé le confort du pouvoir à Ottawa qu'il sera temps, pour les libéraux provinciaux de recommencer à pousser des cocoricos.»--Michel David,le Devoir,24 mars 2009

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2009

    Bonjour!
    Toujours en fréquentant vigile.net;
    « Depuis 1763, nous n’avons plus d’histoire, sinon celle, par réfraction, que nos conquérants veulent bien nous laisser vivre, pour nous calmer. Cette tâche leur est d’autant plus facile que nous sécrétons nos propres bourreaux. » - Léon Dion (1923-1997) Politicologue
    De tous les peuples colonisés, le pire est celui qui achète volontairement les chaînes de sa propre servitude. –Jean-Louis Perez

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2009

    http://www.lesintouchables.com
    Voir l'essai à la fois psychanalytique, anthropologique et politique au sujet de ce dernier: "Le vrai visage de Pierre Elliot Trudeau" par François-Xavier Simard, éd. Les Intouchables, 2006. ISBN : 2-89549-217-4.
    Ce médecin conclu que l’hostilité de Trudeau contre la nation Québécoise s'expliquerait par son conflit œdipien et des identifications familiales.
    Vu son questionnement identitaire, ce livre pourrait être d'une certaine utilité.
    -----------------------------------------------
    « René Lévesque devait le [Trudeau] qualifier de "notre plus grand criminel de guerre en temps de paix." » (Jean Dion, Le Devoir, 29 septembre 2000). P.367.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    23 mars 2009

    C'est vrai, en effet, qu'avec Michael Ignatieff, on a presque l'impression de faire un voyage dans le temps, pour revenir à l'ère Trudeau... ou l'ère PET!
    Et il y a ce côté fils de bonne famille, ou fils à Papa; ce petit côté snob... Stéphane Dion était un intellectuel professeur de science politique au style cassant, et pédant... Mais il ne dégageait pas, je dirais, ce côté mal caché d'Ignatieff; cet aspect de la personnalité du monsieur en question, qui fait qu'en paroles (bien que ce soit sans aucune authenticité, au moyen de mensonges et sophismes), il semblerait vouloir nous tender une perche... mais l'on peut en même temps sentir chez lui, le genre de gars prêt n'importe quand, à cracher sur le peuple québécois.

  • Fernand Lachaine Répondre

    23 mars 2009

    Madame Hébert,
    Tout ce qui se passe avec Michael Ignatieff quand il parle aux Québécois revient aux mêmes discours que nous entendons depuis 40 ans avec Trudeau, Martin, Chrétien, Dion etc...
    C'est comme mettre une machine enrégistreuse à REWIND et entendre les mêmes sornettes encore et encore.
    J'ai vraiment hâte que nous nous épuisions de ces discours vides et que nous prenions les intérêts du Québec à coeur et faire l'indépendance.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2009

    Michaël Ignatieff n'a rien à offrir aux québécois: aucun pouvoir, ni sur le plan constitutionnel, ni sur le plan politique, encore moins sur le plan économique. Tout ce qu'il veut c'est le vote des québécois pour former un gouvernement majoritaire. Je souhaite vivement que la nation québécoise ne soit pas dupe de ce fourbe qui imite si bien P.-E. Trudeau jusque dans ses mimiques et intonation de voix. Nous avons déjà joué dans ce mauvais film, on en connaît à l'avance le dénouement du scénario. Un cauchemar.
    À Ottawa un seul choix possible: voter en bloc pour le BLOC QUÉBÉCOIS.
    Jacques Lamothe (Trois-Rivières)

  • Michel Guay Répondre

    23 mars 2009

    Oui justement que Dieu le confonde à ses propres mensonges ce nouveau Trudeau et ses lieutenant le très épais et assurant Coderre et le farfelu décapant Trudeau fils
    Incroyable d'entendre un tel discours colonialiste à la Ignatieff . On se croirait dans un film style Retour en arrière par et pour derrières. Et que dire de son sourire forcé à la kid Kodak suivant chacun de ses mensonges contre la Nation Québecoise. Il fait dur ce nous Canadian à tous prix
    Après l'Écossais playboy déguisé en Québecois , aurons -nous le Russe impérialiste royaliste comme colonisateur et voleur d'élections et de référendums ?
    La loi totalitaire C20 c'était Dion et Harper et c'est aussi Ignatieff, Coderre et Trudeau
    Ces tristes sirs de Gesca , Corus et propagande Canada nous mentent en pleine face
    Et ils pensent ces bouffons canadians que nous les croyons

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2009

    Bonjours Mne.Hébert. Changer l'habit d'un épouvantail à moineaux, il aura toujours l'air d'un clochard et c'est ce qui cloche avec les libéraux (voir les partis fédéraux) ils ont beau changer l'air, on reconnait toujours la chanson. Question timing, la campagne orchestrée dans les médias fédéralistes parmi la fine fleur des chroniqueurs à la solde de Gesca, tombe à plat. Qui peut faire confiance à des libéraux avec l'énumération cauchemardesque des basses-oeuvres libérales que vous dressez ci-haut ajouter aux horribles mensonges de Jean Charest qui meublent notre quotidien et alimentent la rancoeur de ceux et celles qui vont en subir les conséquences économiques pour des décennies à venir. Ça suffit les folies!

  • Laurent Desbois Répondre

    23 mars 2009

    Très bon texte!!!!
    Du Trudeau à son meilleur… « Un oui, c’est un non….. ». N’empêche, que sans le vouloir, il nous avait annoncé la souveraineté du Québec en 1963!
    ---------------------------------------------------------
    Le gros mensonge de Pierre E. Trudeau, en 1963 :
    « Tout ce qu’il veut sentir [le canadien français] c’est que s’il se transporte ailleurs au pays, que dans le Québec, la loi ne lui sera pas défavorable. Comment il se servira de cette loi? C’est l’avenir qui le dira; moi, personnellement, je ne pense pas que même ayant des lois justes, le français, que le français se mettra à monter en flèche dans des parties du Canada, dans les provinces où le canadien français est une infime minorité.
    Il faudrait peut-être à ce moment-là, envisager d’autres solutions, par exemple, il faudrait assurer la mobilité de la main-d’œuvre, la mobilité des citoyens, que ceux qui veulent vivre dans un milieu bilingue, qu’il déménagent dans une autre partie du Canada, que vous leur facilitez cela. »
    « … Quand on aura trouvé [ce que cela coûte en termes humains] on saura vraiment si le pays peut vivre, s’il doit continuer d’opérer en tant que pays. Si c’est plus coûteux, disons, du point de vue du Canadien anglais de faire de ce pays un pays bilingue ou multiethnique, si c’est plus coûteux de faire cela que de renoncer à l’identité du Canada, et de s’attacher aux États-Unis, on saura où est l’avenir. Et inversement, si c’est du point de vue du Canadien-français, les avantages qu’il trouve de vivre dans un pays qui s’appelle le canada, s’ils sont moins grands que les désavantages qu’il trouve de vivre dans un pays qui ne le reconnaît pas en pratique et en loi le bilinguisme, eh bien, lui décidant de se séparer, je pense que c’est seulement après avoir pesé ce genre de réalités que l’on saura où l’on va. »
    Pierre E. Trudeau. Extrait d’une audience de la commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, jeudi le 7 novembre 1963, 17 :54 h-18 :14h. Et préface au « Les héritiers de lord durham » publié par la fédération des francophones hors Québec en avril 1977.