« Tout homme qui se tient debout, est le plus beau des monuments ».
_ - Georges Dor
C’est son testament politique que livre aujourd’hui Curzi en proposant de renforcer la Charte de la langue française. Partant du constat maintes fois démontré que le Québec est en voie d’anglicisation, il dépose à l’Assemblée nationale un projet courageux, mais qui ne s’attaque pas au cœur du problème : le surfinancement des institutions de langue anglaise.
En effet, l’essentiel de ses propositions concerne des mesures périphériques, symboliques ou coercitives. Par exemple, Curzi modifie l’article 1, qui spécifie que le français est la langue officielle du Québec, en y ajoutant : « Et la langue commune de tous les Québécois ». C’est un ajout important, mais symbolique. Idem pour la francisation des raisons sociales, avec ajout obligatoire d’un préfixe ou suffixe dans la langue nationale. Idem pour l’article 7, qui définit le droit de tous les citoyens à l’apprentissage du français.
En soi, le symbolisme n’est pas mauvais. Toutes ces actions constituent autant de petits drapeaux qu’on plante sur notre territoire et qui signifient : « C’est chez nous ! ». Le problème, c’est que la Loi 101 est devenue essentiellement symbolique depuis qu’elle a été dépecée plus de deux cent fois, notamment par la Cour suprême du Canada. On s’obstine sur la grosseur des caractères pendant qu’on laisse de grands pans de notre nation s’angliciser en silence. Le symbolisme satisfait essentiellement les gouvernements en place parce qu’il permet d’acheter la paix auprès de la frange plus sensible de la population tout en refusant de toucher aux privilèges de la minorité anglophone.
Ceci dit, il y a plusieurs mesures intéressantes dans ce projet. Que ce soit l’obligation de communiquer dans la langue nationale avec les immigrants, la nécessité pour les employeurs de justifier leur exigence d’une langue étrangère lors d’une offre d’emploi, l’application de la Loi 101 aux entreprises de 25 à 50 employés ou l’augmentation du financement de l’OQLF, ce sont là des propositions positives, mais qui restent néanmoins très sectorisées et qui ajoutent à la complexité de notre aménagement linguistique. En plus, elles ignorent l’éléphant dans la pièce : le 1,6 milliard de dollars annuellement pour les universités de langue anglaise et le 1,5 milliard pour le méga-hôpital anglophone.
Ce projet perpétue donc l’attitude schizophrénique des Québécois qui, par toutes sortes d’entourloupettes, essaient de protéger les privilèges de leur minorité tout en faisant la promotion de la langue nationale. En utilisant une approche essentiellement bureaucratique, Curzi poursuit dans la veine d’une loi devenue coercitive parce qu’elle n’a jamais eu le courage d’être assez simple pour attaquer de front les anglophones.
La Loi 101 n’a pourtant pas besoin d’être complexe et d’impliquer nombre de contrôles et d’ajustements. Les solutions simples sont souvent les meilleures. En conclusion d’APARTHEID UNIVERSITAIRE, je propose notamment de financer les institutions de la minorité anglophone historique proportionnellement à son poids démographique.
La minorité anglophone historique – les anglophones nés ici, et y ayant donc des racines – forme 5,6% de la population québécoise. Il suffit simplement de financer ses institutions à 5,6% du budget total. Oubliez le 29% de financement des universités ou le 14% de financement des cégeps anglais. Oubliez le 45% pour le méga-hôpital. Oubliez les schémas complexes et les dérogations, oubliez la paperasse !
Aurions-nous besoin d’une Loi 101 tellement complexe si Bishop’s, McGill et la moitié de Concordia étaient francisés ? Aurions-nous besoin de faire tant des plaintes sur l’affichage si le méga-hôpital anglophone ressemblait à une petite clinique de banlieue plutôt qu’au monstre qui se construit actuellement dans la cour Glen ?
Il faut sortir des lieux communs. Notre refus de nous attaquer directement au surfinancement des institutions de langue anglaise est la cause principale de nos ennuis actuels.
Curzi est un des rares députés à avoir le courage de proposer un renforcement de la Loi 101. Si ses propositions ne s’attaquent pas encore au cœur des prérogatives léonines de notre minorité, elles jettent les bases d’un débat non plus basé sur la protection d’acquis insuffisants, mais sur la conquête de nouveaux pouvoirs permettant d’assurer le futur de notre langue.
C’est une étape fondamentale.
Loi 101 : le courage de Curzi
Il faut sortir des lieux communs. Notre refus de nous attaquer directement au surfinancement des institutions de langue anglaise est la cause principale de nos ennuis actuels.
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