Loi 21 : jusqu’où descendront Boulerice et le NPD ?

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Le NPD retourne sa veste


Après l’affaire de l’enseignante voilée qui a été mutée à un autre poste dans une école anglaise de l’Outaouais, le NPD souhaite qu’Ottawa conteste la loi 21 devant les tribunaux fédéraux, devenant ainsi le seul parti à mettre de l’avant cette position. Il s’agit d’un revirement majeur. Il faut désormais se demander jusqu’où les néo-démocrates sont prêts à descendre pour se faire du capital de sympathie sur le dos du Québec.


Dans cette histoire, il est fascinant de constater à quel point l’indignation du NPD est à géométrie variable. Pendant que Jagmeet Singh multiplie les accusations d’intolérance contre la loi 21, son parti a présenté aux dernières élections deux candidats qui appuient le terrorisme. À Ottawa, Mme Huda Mukbil briguait le comté d’Ottawa South. Or, sur son compte Twitter, celle-ci a encouragé un groupe d’islamistes yéménites, les Houthis, qu’elle désigne comme «mon peuple». Ceux-ci prônent la destruction des États-Unis et d’Israël, tout en lançant des appels à la haine contre les Juifs.


Que dire par ailleurs d’Ali Faour, candidat au Québec dans Marc-Aurèle Fortin? Au printemps dernier, en plein conflit armé entre Israël et le Hamas, il a exprimé son soutien à ce dernier en changeant sa photo de profil pour la silhouette d’un homme brandissant une kalachnikov. Le Canada, comme plusieurs autres pays, considère le Hamas comme une organisation terroriste.


Faour s’est empressé d’enlever l’image compromettante quand j’ai dénoncé les deux candidats. Mais le NPD les a gardés. Dans ce parti, si vous appuyez la laïcité québécoise, vous violez les droits fondamentaux et vous ne pouvez être candidat. Si vous soutenez le terrorisme islamiste, aucun problème pour vous présenter sous la bannière néo-démocrate.


Venons-en maintenant au seul député néo-démocrate du Québec, Alexandre Boulerice. Cet homme, qui était jadis souverainiste, se présente comme un défenseur du Québec à Ottawa. Au printemps 2020, j’ai été étonné par son silence quand son chef, Jagmeet Singh, a accusé le député bloquiste Alain Therrien d’être un raciste. Le Bloc refusait d’appuyer une motion condamnant le soi-disant racisme systémique au sein de la GRC.


Or, au moment de la fatwa lancée par Singh, nous étions dans les suites de l’assassinat de George Floyd aux États-Unis. L’émotion suscitée par cette affaire s’est donc focalisée sur M. Therrien, lequel a reçu en provenance du Canada anglais des milliers de courriels haineux, incluant plusieurs menaces. Le chef néo-démocrate a sciemment livré l'un des nôtres en pâture et ne s’est jamais excusé. Quelle a été la réaction du seul député québécois au sein du NPD? Il a été solidaire de son chef!


La position de Boulerice avec la loi 21 est du même ordre. Il explique que son parti a évolué depuis que la Cour supérieure a déclaré que celle-ci était «discriminatoire». Cette décision a été rendue par un juge, Marc-André Blanchard, qui était donateur du Parti libéral du Canada quand il était avocat. Son verdict affaiblit notre contrôle sur l’éducation, qui est pourtant une compétence exclusive du Québec. Pour y arriver, le juge fédéral se fonde sur la Charte canadienne des droits et libertés, qui nous a été imposée lors du rapatriement constitutionnel de 82 et à laquelle nous n’avons jamais consenti.


Cette réalité n’empêche pas le député de Rosemont—La Petite-Patrie de défendre cette parodie de justice. Selon lui, il faut protéger «les Québécois et les Québécoises, dont les droits seraient brimés».


Cette déclaration est lourde de sens. Alexandre Boulerice se retrouve d’abord à avaliser une Constitution que tous les partis politiques chez nous jugent illégitime. Il fait ensuite cause commune avec les juges fédéraux contre la volonté démocratique du peuple québécois. Il nous montre finalement qu’il n’a aucune loyauté envers sa propre nation.



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Frédéric Bastien166 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.





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