Louis Plamondon: «Le Québec se cherche»

Comme tous ses collègues, le doyen de la Chambre des communes cherche encore d'où est venue la météorite qui est tombée sur son parti, le 2 mai dernier.

Actualité du Québec-dans-le-Canada - Le Québec entravé



Louise Plante Le Nouvelliste (Bécancour) «Le Québec se cherche, il n'a plus confiance en lui-même.»
Ce constat, Louis Plamondon, député bloquiste de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour et chef intérimaire du Bloc québécois, le laisse tomber presque malgré lui, à l'issue d'une longue entrevue qu'il accordait au Nouvelliste, mardi matin, à la terrasse ombragée d'une auberge.
Même s'il assure qu'il va très bien, l'homme est visiblement fatigué. La voix porte un peu moins que d'habitude et surtout, il parle la tête penchée, sans envisager son interlocuteur.
Comme tous les députés fédéraux, il a rapidement été entraîné dans une session parlementaire échevelée. Nommé tour à tour chef intérimaire de l'aile parlementaire d'un parti presque décimé, puis président de la chambre, tout cela en se retrouvant assis exactement dans le même fauteuil, (entre la porte et les rideaux) que lors de sa première élection comme député bloquiste en 1990... ça fait beaucoup à avaler.
«C'est certain que ça fait drôle de siéger en petit groupe, admet-il, mais notre équipe a obtenu des privilèges. Heureusement, j'ai trouvé qu'il n'y a pas eu de «nargage» de la part des autres partis. Tout le monde était encore sous le choc et essayait d'expliquer ce vote.»
Et de se lancer dans une rétrospective, comté par comté, candidat par candidat, non seulement de la dernière élection mais aussi de l'avant-dernière en Mauricie et au Centre-du-Québec, et non seulement au fédéral mais aussi au provincial.
«Il y a toujours eu de bons candidats lors de ces élections. Certains plus forts que d'autres. Sébastien Proulx, c'était un politicien redoutable. Mais là, voter pour des gens qui ne parlent pas ta langue, qui n'ont pas fait campagne. Je pense que c'est unique dans l'histoire du Canada. Est-ce que c'est sain pour la démocratie? Je ne le pense pas», analyse Louis Plamondon qui n'en revient visiblement toujours pas.
Pendant un bref moment, (très bref) alors qu'il ne menait plus lors du dramatique dépouillement du vote le soir du 2 mai dernier, Louis Plamondon avoue qu'il avait accepté la défaite... presque avec soulagement.
Mais c'est finalement avec beaucoup de fierté, pour lui et son équipe, qu'il a accepté son nouveau mandat. Il ignorait encore à ce moment les lourdes responsabilités qui s'y rattacheraient.
Aujourd'hui, il participe à une réunion du grand bureau national du Bloc pour discuter de technicalités de la course au leadership et au début de juillet, il se joindra pour la dernière fois, à titre de vice-président, à une réunion de trois jours de l'Assemblée parlementaire de la francophonie à Kinshasa, au Congo.
«Ce sera ça mes vacances», lance celui qui doit aussi préparer le conseil général du 17 septembre.
Besoin d'unité
Comme tous ses collègues, le doyen de la Chambre des communes cherche encore d'où est venue la météorite qui est tombée sur son parti, le 2 mai dernier.
Comme tous les souverainistes, il assiste avec tristesse aux déchirements du mouvement souverainiste sur la scène provinciale.
Même s'il affirme que le Bloc a la meilleure organisation au Québec, qu'il est en bonne santé financière (malgré les coupes à venir du fédéral) et qu'il sera donc prêt pour les prochaines élections, il admet que ce qui se passera au Québec dans deux ans pourrait changer la donne pour la survie du Bloc à Ottawa.
Si le Parti québécois était balayé à son tour du paysage politique au profit, par exemple, d'un nouveau parti mené par François Legault, Louis Plamondon se demande si le temps ne sera pas alors venu pour les bloquistes survivants de se présenter comme indépendants.
Sera-t-il du nombre? «Moi, je dis souvent que j'aimerais mourir en étant député. Oui, comme Molière sur la scène», confie-t-il en riant.
Mais cela dit, le député d'expérience fait confiance aux Québécois qui, note-t-il, font souvent un examen de conscience après un mouvement d'humeur, au point de réparer les pots cassés. (Ils élisaient Charest et ils nous élisaient!)
Il fait le pari que ce sera à nouveau le cas cette fois tout en espérant que l'arrivée d'un troisième parti (qu'il redoute tout de même) ne viendra pas brouiller les cartes.
«Il va y avoir un besoin d'unité très forte chez les souverainistes. J'espère que cette unité va apparaître à l'automne. Je ne crois pas à un nouveau parti souverainiste. Il faut plutôt que le Parti québécois élargisse sa base, qu'il fasse la souveraineté et après, on le fera le débat gauche-droite.»
Commentant les déclarations du député néo-démocrate de Trois-Rivières, Robert Aubin, suivant lesquels le NPD pourrait offrir l'occasion d'un deuxième beau risque aux Québécois, Louis Plamondon fait remarquer en faisant la moue «qu'il a déjà joué dans ce film» et que le NPD ne pourra défendre en même temps les intérêts du Québec et du Canada. «La preuve, ce sera quoi sa position sur le développement hydroélectrique de Terre-Neuve? Là, on est en train de provincialiser le Québec, après viendra la folklorisation puis la louisianisation», répète-t-il.
Depuis la dégelée du Bloc québécois, Louis Plamondon a parlé à Gilles Duceppe à plusieurs reprises. «Il m'a appelé lors de mon entrée en chambre à titre de président pour me souhaiter bonne chance», confie-t-il.
Le député de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour n'a pu que constater lui aussi à quel point son chef avait été affecté par la défaite. «Heureusement, il a été bien entouré par sa famille. On doit jouer au golf cet été, même si nous ne sommes de bons joueurs ni l'un ni l'autre», blague-t-il.
Le député ne croit pas au retour de Gilles Duceppe sur la scène politique et le voit plutôt oeuvrer au sein d'un OSBL international et mettre à profit tous les contacts qu'il a développés au cours de sa longue carrière.
Un deuxième beau risque?
Commentant les déclarations du député néo-démocrate de Trois-Rivières, Robert Aubin, suivant lesquels le NPD pourrait offrir l'occasion d'un deuxième beau risque aux Québécois, Louis Plamondon fait remarquer en faisant la moue «qu'il a déjà joué dans ce film» et que le NPD ne pourra défendre en même temps les intérêts du Québec et du Canada. «La preuve, ce sera quoi sa position sur le développement hydro-électrique de Terre-Neuve? Là, on est en train de provincialiser le Québec, après viendra la folklorisation puis la louisianisation», répète-il.
Gilles Duceppe
Depuis la dégelée du Bloc québécois, Louis Plamondon a parlé à Gilles Duceppe à plusieurs reprises.
«Il m'a appelé lors de mon entrée en chambre à titre de président pour me souhaiter bonne chance», confie-t-il.
Le député de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour n'a pu que constater lui aussi à quel point son chef avait été affecté par la défaite. «Heureusement, il été bien entouré par sa famille. On doit jouer au golf cet été, même si nous ne sommes de bons joueurs ni l'un ni l'autre», blague-t-il.
Le député ne croit pas au retour de Gilles Duceppe sur la scène politique et le voit plutôt oeuvrer au sein d'un OSBL international et mettre à profit tous les contacts qu'il a développés au cours de sa longue carrière.


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