Les attentistes

Après tous les efforts investis dans l’amélioration du bilan en matière d’alcool au volant, le Québec ne peut pas fermer les yeux sur des conducteurs gelés

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Ottawa s'apprête à poser un geste potentiellement lourd de conséquences fâcheuses et Québec ne dit rien






Le projet fédéral de légaliser la marijuana interpelle directement les gouvernements des provinces. Ce changement majeur dans les lois canadiennes aurait un impact évident dans des domaines comme la santé publique, le travail policier ou la sécurité routière.




Sachant cela, je suis stupéfait de la réaction totalement passive des ministres du gouvernement du Québec face au rapport du comité fédéral qui a étudié la question. En gros, la position de nos ministres québécois consiste à attendre le dépôt du projet de loi en bonne et due forme avant de prendre position.




Dans certaines circonstances, attendre de voir le texte avant de parler relève de la sagesse la plus élémentaire. Dans ce cas-ci, nous sommes au contraire dans un vaste processus de consultation au cours duquel le gouvernement Trudeau peut être influencé. Une fois la loi rédigée, il sera trop tard!




Les jeunes




La ministre des Services sociaux Lucie Charlebois est demeurée l’une des plus discrètes ne voulant rien dire avant d’avoir vu le projet de loi. Alors que le gouvernement fédéral dit vouloir éloigner la drogue des jeunes, il me semble évident qu’il serait de sa responsabilité de s’exprimer.




Elle est responsable des centres jeunesse où les problèmes de drogue sont un fléau. Elle est responsable des programmes de santé publique, de la lutte au tabagisme. Son rôle n’est pas d’attendre que le gouvernement Trudeau ait fait son lit sur tous les aspects. Son rôle consiste à faire valoir ses préoccupations.




Dans sa position, elle peut s’appuyer sur l’expertise de centaines d’intervenants en toxicomanie, en services sociaux, en soutien aux jeunes. Son apport au développement de l’approche fédérale en matière de légalisation de la marijuana pourrait être précieux.




Le ministre de la Sécurité publique ne s’est guère montré plus bavard. Dans le passé, il avait pourtant exprimé de sérieuses réserves face à une légalisation rapide. Il est d’une certaine façon le porte-parole des corps policiers québécois qui devront faire appliquer la nouvelle loi fédérale.




Sur les routes




L’absence de réponses claires quant à la gestion de la conduite avec les facultés affaiblies par le cannabis doit préoccuper le ministre des Transports Laurent Lessard. Après tous les efforts investis dans l’amélioration du bilan en matière d’alcool au volant, le Québec ne peut pas fermer les yeux sur des conducteurs gelés.




Le Code de la route est une responsabilité des provinces. Si un nombre grandissant d’automobilistes se retrouvent sur les routes après avoir consommé de la marijuana, le ministre québécois des Transports se retrouvera avec le problème sur les bras. Ne devrait-il pas exiger que cette question soit clarifiée avant d’adopter la légalisation?




Les ministres québécois me donnent l’impression de ne pas être chauds du tout à la légalisation du cannabis, tout en ayant peur d’embêter le gouvernement Trudeau. Cette mollesse ne peut constituer une position acceptable pour un gouvernement du Québec. Surtout lorsque autant de ses ministères seront directement interpellés.




Le premier ministre Trudeau consulte en vue du dépôt d’une loi dès le printemps. Les ministres du gouvernement québécois doivent sortir de leur terrier avant la marmotte et se faire entendre.




 



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