La prochaine rencontre du Conseil de la fédération se tiendra cette semaine à Regina, où les premiers ministres des provinces et des territoires discuteront notamment de la lutte contre les changements climatiques au Canada. La table semble mise pour de vigoureuses discussions. Lors de son passage à Bruxelles le mois dernier, le premier ministre Charest a très clairement exprimé son souhait de voir le gouvernement fédéral adopter une position commune avec les provinces quant aux décisions déterminantes qui seront prises sur la scène internationale, à la conférence de Copenhague en décembre prochain. Cette demande est d'autant plus pertinente que la position du gouvernement fédéral ne refléterait en rien celle du gouvernement du Québec, ni celle de la société civile québécoise, ni même celle de la grande majorité des Canadiens.
Au cours des dernières années, certaines provinces comme le Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique ont fait preuve de leadership en matière de lutte contre les changements climatiques, en se donnant des objectifs clairs de réduction de leurs émissions et en mettant en oeuvre des mesures concrètes et des ressources importantes pour les atteindre.
Malheureusement, ces efforts risquent d'être complètement effacés par l'inaction du gouvernement fédéral et son appui actif au développement de l'industrie des sables bitumineux, l'une des plus polluantes au monde, et la principale source de croissance des émissions canadiennes de gaz à effet de serre (GES). Plus inquiétant encore, le gouvernement fédéral révise actuellement son cadre réglementaire pour diminuer les émissions des grands secteurs industriels, et cherche à octroyer un traitement de faveur à l'Alberta et à l'industrie des sables bitumineux. Alors que le Canada doit faire sa part pour réduire ses émissions de GES, permettre la forte croissance des émissions des sables bitumineux équivaut à exiger que les autres secteurs de l'économie en fassent plus afin de compenser.
La communauté scientifique internationale prévient les décideurs mondiaux qu'il faut limiter le réchauffement de la température moyenne du globe à moins de deux degrés Celsius, de manière à prévenir des changements climatiques dangereux. C'est d'ailleurs l'un des engagements pris par les pays membres du G8 et du Forum des économies majeures au cours du sommet de L'Aquila au début juillet. Pour éviter un tel réchauffement, la communauté scientifique internationale appelle les sociétés industrialisées, comme le Québec et le Canada, à réduire collectivement leurs émissions de GES de 25 à 40 % au-dessous de leurs niveaux de 1990 d'ici à 2020.
À cet égard, le premier ministre Charest aurait tout intérêt à indiquer publiquement et clairement la vision qui anime le Québec dans la lutte contre les changements climatiques. La rencontre du Conseil de la fédération sera également l'occasion pour le Québec, aux côtés de l'Ontario et de la Colombie-Britannique, de proposer à leurs partenaires provinciaux et territoriaux de définir un objectif global de réduction des émissions de GES d'au moins 25 % sous leurs niveaux de 1990 d'ici à 2020, soit le minimum indiqué par la communauté scientifique internationale. Ce sera également l'occasion de reconnaître que le Canada a l'obligation de faire sa juste part afin d'aider l'adaptation des pays en développement aux impacts des changements climatiques, ainsi que de soutenir leurs efforts de «décarbonisation» et d'augmentation de la résilience de leurs économies. Finalement, ce sera l'occasion d'exiger du gouvernement fédéral, dans le contexte du nouveau cadre réglementaire à l'intention des grands émetteurs industriels, que les émissions de l'industrie des sables bitumineux soient appelées à diminuer, tout comme celles des autres secteurs de l'économie, de manière à ne pas comporter de coûts additionnels pour ces autres secteurs.
À défaut d'un consensus sur ces questions à Regina, le soutien de grandes provinces comme le Québec à ces propositions serait perçu très favorablement par des millions de Canadiens et de Québécois. Et serait de nature à influencer la position du gouvernement fédéral.
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Steven Guilbeault
Coordonnateur général adjoint, Équiterre
André Bélisle
Président, AQLPA
Jérôme Normand
Directeur général, ENvironnment JEUnesse
Virginie Lambert Ferry
Responsable de la campagne Énergie-Climat
de Greenpeace Canada
Karel Mayrand
Directeur général pour le Québec,
Fondation David Suzuki
Charles-Antoine Drolet
Vice-président, Nature Québec
Pierre Veronneau
Directeur général, Oxfam Québec
Jacques Ruelland
Président du RNCREQ
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