Maintenir l'équité

Offensives de la Droite - contre la social-démocratie



Même si des milliers de femmes touchent maintenant de meilleurs salaires au Québec grâce à la Loi sur l’équité salariale, la pertinence d’une telle législation demeure. D’une part, parce que de nombreuses entreprises ne remplissent toujours pas leur obligation, 10 ans après l’adoption de la loi. De l’autre, pour s’assurer que les progrès réalisés ne disparaîtront pas au fil du temps.


Le Québec ne peut dire mission accomplie en matière d’équité salariale. Les redressements salariaux obtenus, notamment dans le secteur de l’éducation, de la santé et de la fonction publique, ne doivent pas faire perdre de vue que l’équité salariale demeure un beau principe intangible pour certains. En 2008 et malgré une loi proactive, des femmes, mais aussi des hommes qui occupent des emplois à prédominance féminine, sont toujours sous-payés pour le travail qu’ils accomplissent.
Les chiffres tirés du rapport du ministre du Travail sur la mise en œuvre de la Loi sur l’équité salariale, en novembre 2006, sont éloquents. Quarante-sept pour cent des entreprises privées ont terminé leur exercice d’équité salariale et le travail est en cours dans 15 % d’entre elles. Il en existe donc 38 % qui se comportent toujours comme si la loi adoptée unanimement à l’Assemblée nationale en 1996 ne les concernait pas.
Autre donnée révélatrice, 82 % des entreprises ont admis avoir procédé à un exercice d’équité salariale parce qu’une loi les y obligeait. Comment, devant ce portrait, des porte-parole du patronat peuvent-ils prétendre que la loi sous sa forme actuelle n’a plus sa raison d’être et qu’un mécanisme n’est pas nécessaire pour s’assurer que les gains réalisés ne seront pas grugés?
Comment peuvent-ils penser que l’article 19 de la Charte des droits et libertés garantira un traitement juste aux travailleuses alors que cette disposition n’a pu, entre 1975 et 1996, donner les fruits escomptés?
La loi sur l’équité salariale a apporté des changements con­crets et sonnants pour les fem­mes sur le marché du travail, particulièrement pour celles qui ne sont pas syndiquées. Le taux moyen d’ajustement salarial est de 6,4 % chez les non syndiquées et de 3,9 % chez les syndiquées. Le taux horaire peut avoir augmenté de 0,50 $ à 2,50 $ et plus. Le niveau de vie de ces femmes a augmenté. Elles gagnent en autonomie et contribuent aussi à faire rouler l’économie.
Si le gouvernement n’avait pas forcé la main des employeurs, bien des femmes n’auraient pas obtenu une juste évaluation du travail qu’elles accomplissent. Des patrons auraient continué de prétendre qu’ils paient correctement leur secrétaire, leur commis, leur infirmière, leur nutritionniste. Ils auraient soutenu encore que l’exercice d’équité est laborieux, coûteux et met en péril la survie de leur entreprise. Comme ils le disaient pour s’opposer à des exigences en santé et sécurité au travail et à de meilleurs congés parentaux.
Que disent les chiffres? Que dans 70 % des cas, l’impact des exercices d’équité sur la masse salariale de l’entreprise est inférieur à 1,5 %. Un bon nombre d’employeurs notent de plus que l’opération a amélioré le climat de travail et la productivité.
Certes, la démarche est exigeante. Elle nécessite temps et argent. Des patrons, des syndicats et des salariées ont néanmoins relevé le défi, ne se contentant pas d’appuyer un principe mais de le matérialiser.
Le gouvernement fait présentement en commission parlementaire le bilan de la Loi sur l’équité salariale. Certains en réclament le renforcement, d’autres voudraient l’assouplir.
Nous croyons pour notre part que le Québec a fait preuve d’avant-gardisme en promulguant une telle loi. Il ne peut retraiter alors que le travail n’est pas totalement accompli et que les résistances persistent.


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