BÉCANCOUR | Tout allait trop bien pour les libéraux de Jean Charest depuis l'automne dernier qui se voyaient remonter dans la faveur populaire. Mais depuis un mois, ce sont les gaffeurs que l'on a connus depuis 2003 qui reprennent le pas.
Chassez le naturel et il revient au galop, dit le dicton. C'est un peu l'impression que donnent les libéraux de Jean Charest depuis quelques semaines en accumulant des décisions politiques incompréhensibles.
L'épisode cette semaine du rapport de Claude Castonguay sur le financement du système de santé est le meilleur exemple entre tous et fait comprendre pourquoi les politiciens obtiennent à peine 8 pour cent de la confiance des citoyens, tout juste devant les vendeurs d'autos usagées.
Il y a quelque chose de franchement indécent dans l'enterrement de première réservé par le gouvernement au rapport Castonguay. En mai dernier, lorsqu'elle a annoncé la constitution du groupe de travail, la ministre des Finances Monique Jérôme-Forget affirmait qu'on ne pouvait plus laisser le système de santé «vampiriser toutes les autres missions de l'État» et qu'il fallait trouver de nouvelles sources de financement.
Cette année, le budget de la santé siphonne 24 des 53 milliards du budget de l'État québécois
Le camp du NON de retour...
Mardi, le ministre de la Santé Philippe Couillard déclarait néanmoins que «tout va bien» dans la santé et qu'aucune des recommandations sur le financement ne serait retenue. Jean Charest en a rajouté en disant qu'il n'était «pas question d'augmenter le fardeau fiscal des Québécois».
C'est à se demander pourquoi alors ce gouvernement a commandé ce rapport s'il savait qu'il allait le jeter aux poubelles le jour même de sa publication!
Une semaine plus tôt, c'était au tour du rapport de la commission Pronovost sur l'agriculture et l'agroalimentaire de se faire passer au hachoir. Moins de quelques jours après sa divulgation, le ministre de l'Agriculture Laurent Lessard a affiché beaucoup de mollesse dans sa volonté de prendre le virage requis pour relancer ce secteur traditionnel en perdition.
Il a notamment dit non à la recommandation centrale de la commission de casser le monopole syndical de l'Union des producteurs agricoles, une condition essentielle pour insuffler un changement salvateur.
On pourrait ajouter à cela l'attitude réactionnaire de la ministre de la Culture Christine Saint-Pierre dans le dossier de la langue et l'incompréhensible insensibilité du ministre Claude Béchard à priver de bois l'entreprise Chantier Chibougamau, une entreprise phare pour l'avenir de l'industrie forestière qu'il devrait au contraire chérir.
Sans présumer, cela n'augure rien de bon pour le prochain rapport de la commission Bouchard-Taylor dont la sortie est prévue pour la fin de mars.
Des munitions pour l'opposition
Tout ça donne beaucoup de munitions à l'opposition en vue de la prochaine session. Jeudi à Bécancour, le chef de l'ADQ a sauté à pieds joints sur «le laxisme et l'immobilisme » dont fait preuve le gouvernement, rappelant que le 26 mars 2007, «les Québécois avaient clairement indiqué que les façons de faire devaient évoluer».
Dumont a peut-être mis le doigt sur le bobo en affirmant que le cabinet libéral est mûr pour un remaniement en profondeur. Jean Charest, dit-il, «ne peut se contenter d'être le spectateur de ministres qui n'ont pas le goût d'entreprendre » les réformes qu'attendent les Québécois.
Le cas le plus flagrant est sans nul doute Philippe Couillard qui ne s'endure plus à la Santé et qui mardi, en rejetant le rapport Castonguay, a affiché une attitude qui en dit long sur sa lassitude.
On le soupçonne même d'avoir mis beaucoup de moutarde dans sa réaction pour peut-être envoyer le message au bureau du premier ministre qu'il veut passer à autre chose...
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