Empêtré dans les affaires, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s'est offert un rare répit mardi à Washington, devant le public acquis du lobby américain pro-israélien, en tapant sur la « brute » iranienne, bête noire commune de la « belle » alliance entre Israël et les États-Unis.
Lundi, « Bibi » avait déjà reçu un soutien appuyé de Donald Trump à la Maison-Blanche. La relation entre les deux alliés « n'a jamais été aussi bonne », avait assuré le président américain, en envisageant même d'aller personnellement inaugurer en mai l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, reconnue unilatéralement fin 2017 capitale d'Israël par Washington malgré la réprobation internationale.
Mardi, c'est un véritable one-man show que le chef du gouvernement israélien a tenu devant les lobbyistes de l'influent American Israel Public Affairs Committee (Aipac), qui l'ont longuement acclamé debout, lui ainsi que son épouse Sara -- quatre jours à peine après un interrogatoire du couple dans le cadre d'une des enquêtes israéliennes pour corruption qui l'éclabousse.
Marchant sur la longue scène du Centre des congrès de la capitale américaine, Benyamin Nétanyahou a détourné le titre du western de Sergio Leone « Le Bon, la Brute et le Truand » pour évoquer « Le Bon, la Brute et la Belle ».
« Le Bon », ce sont les « bonnes nouvelles » : « l'armée israélienne n'a jamais été aussi forte » et l'économie du pays est florissante, a-t-il vanté, à grand renfort d'images et de graphiques projetés sur une quinzaine d'écrans géants.
« La Brute », c'est l'Iran, a-t-il ensuite enchaîné, appuyant son propos sur une carte de « l'influence iranienne au Moyen-Orient ». « Les ténèbres descendent sur notre région », a-t-il prévenu, théâtral, en dramatisant les enjeux, au sujet des pays représentés en noir sur cette carte : Syrie, Irak, Yémen, Liban.
Dénonçant une nouvelle fois l'accord international de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire, qu'il considère trop conciliant et qui est désormais fragilisé par le retrait américain envisagé par Donald Trump, le chef du gouvernement israélien a rappelé avoir mis en garde de longue date contre les « mensonges répétés du régime iranien ».
« J'avais prévenu qu'en levant les sanctions contre l'Iran, le régime iranien ne deviendrait pas plus modéré et plus pacifique », « mais au contraire beaucoup plus dangereux », a-t-il lancé. « C'est exactement ce qui est en train de se passer! »
« Nous devons stopper l'Iran et nous stopperons l'Iran », a-t-il martelé. « Nous ne laisserons jamais l'Iran développer l'arme nucléaire, ni aujourd'hui, ni dans dix ans, ni jamais ».
« Activités néfastes » de Téhéran
Benyamin Nétanyahou a d'ailleurs salué la fermeté du président américain sur le dossier iranien, et a lancé un appel aux pays arabes de la région : « Israël n'est pas leur ennemi, mais leur indispensable allié ».
L'Iran est revenu comme un leitmotiv tout au long des trois jours de la conférence annuelle de l'Aipac. Élus démocrates et sénateurs, ainsi que le vice-président américain Mike Pence et l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU Nikki Haley, se sont succédé à la tribune pour dénoncer les « activités néfastes » de Téhéran dans la région et promettre de durcir l'accord de 2015.
Donald Trump a donné au Congrès américain et aux signataires européens (France, Royaume-Uni et Allemagne) jusqu'à mi-mai pour y parvenir, sans quoi il menace de se retirer de ce texte historique.
Enfin, « la Belle » du triptyque, c'est « la belle alliance entre Israël et les États-Unis », déjà célébrée la veille dans le Bureau ovale avec le milliardaire républicain -- « le président le plus pro-Israël de l'histoire des États-Unis », dixit Mike Pence.
Le premier ministre israélien a longuement fait applaudir la décision « historique » de l'administration Trump sur Jérusalem. « C'est particulièrement agréable d'être dans la capitale américaine maintenant qu'elle a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël », a-t-il souligné, visiblement ravi.
En revanche, comme la veille avec le président américain, les propos sont restés volontairement vagues au sujet des perspectives de paix avec les Palestiniens. S'il a salué la « magnifique équipe » de la Maison-Blanche censée présenter prochainement un plan de paix aux contours inconnus, menée par Jared Kushner, gendre et conseiller du président, Benyamin Nétanyahou s'est borné à assurer vouloir se réconcilier avec « tous » les voisins d'Israël, « y compris les Palestiniens ».