Obama et Nétanyahou (bis)

OCCUPATION ISRAÉLIENNE - reconnaître l’Etat de Palestine


Trompeuses apparences. Accueilli mardi dernier à Washington par un Congrès en pâmoison qui l'a applaudi plus de vingt fois, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a livré ce qui avait été annoncé comme «le discours de sa vie».
Il a commencé par un rapide coup de chapeau au Printemps arabe et à la cause de la Paix... avant de livrer un message d'immobilisme dogmatique, que même la presse israélienne, quasi unanime, a caractérisé comme tel.
Discours dans lequel il a réitéré cette intransigeance dont il est devenu l'incarnation: refus d'une discussion territoriale, avec les Palestiniens, qui partirait des fameuses frontières de 1967, avant la conquête de la Cisjordanie et de Gaza; refus du «droit au retour» pour les descendants des Palestiniens expulsés à la fondation de l'État hébreu; refus de principe d'une inclusion du Hamas — «l'équivalent palestinien d'al-Qaïda»! — dans toute discussion... Et ce, alors même que la partie palestinienne, inspirée par le Printemps arabe et aiguillonnée par une base impatiente, fait le choix stratégique et historique de la réunification nationale, par l'inclusion d'un Hamas qui serait purgé de ses éléments extrémistes.
Trompeuse apparence, également, sous le dôme du Capitole, que cette «bulle» — unanimiste et autiste — à l'intérieur de laquelle un leader étranger et son fan-club américain, semblant ignorer que la Terre s'est remise à bouger autour d'eux, espèrent reconduire ad infinitum un statu quo favorable. Naguère, le couple Israël-États-Unis faisait la pluie et le beau temps sur ce front éprouvé de l'Histoire contemporaine. Ce n'est plus vrai aujourd'hui, d'où cette impression de surréalisme que rendait le triomphe à huis clos d'un chef israélien en «terre conquise» états-unienne...
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N'exagérons pas le différend entre Nétanhyahou et la Maison-Blanche, que l'on tendrait aujourd'hui à mettre en opposition avec cette séance d'amour-passion au Capitole...
Ce n'est certes pas l'amour-passion entre Obama et les Israéliens, mais hormis la mention «choquante», par le président américain, des frontières de 1967 (à laquelle il avait pourtant adjoint l'expression «... avec des échanges de territoires»), l'identité de vues reste à peu près totale avec l'exécutif à Washington. Que ce soit sur le Hamas, le droit au retour ou sur la stratégie qui consistera, cet automne, à demander une admission de la Palestine à l'ONU... c'est «non», tant à la Maison-Blanche qu'à la Knesset (ce qui n'empêchera sans doute pas la chose de se faire, du moins à l'Assemblée générale!).
Même sur l'arrêt — un temps exigé par Washington — de la construction de colonies juives, on sait que M. Obama a fini par ravaler ses paroles.
Un mot sur le Hamas, animal aux multiples facettes — parti et gouvernement, organisation caritative et groupe terroriste armé —, dont le retour comme acteur politique majeur sur la scène régionale paraît aujourd'hui irrésistible. Aussi irrésistible, en fait, que l'était, à l'aube des années 1990, la réhabilitation de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et du Fatah de Yasser Arafat, longtemps tenus pour l'incarnation suprême du Mal terroriste... avant de devenir des interlocuteurs honorables. Rappelons au passage qu'un Menahem Begin, signataire israélien de la paix avec l'Égypte, fut lui aussi, en son temps, un terroriste qui égorgea et posa des bombes, lors de la lutte pour l'émergence d'un État juif.
De plus en plus, on entend parler de contacts entre des représentants du Hamas et d'éminents Occidentaux. Son leader politique en exil, Khaled Mechaal, a tenu salon à Damas, au cours des deux ou trois dernières années, où il a reçu, entre autres, l'écrivain Marek Halter et le Prix Nobel de la Paix Jimmy Carter... qui sont revenus convaincus du pragmatisme nouveau qui émerge de ce côté.
Au G8 de Deauville, Nicolas Sarkozy a dit du bien de la réconciliation Fatah-Hamas... comme le font de plus en plus d'Européens. Les temps changent, les retardataires vont devoir s'adapter!
P.-S. La semaine dernière, j'ai parlé des «frontières issues de la guerre de 1967». Il s'agissait plutôt des frontières d'AVANT la guerre... même si, en fait, il s'agit du même tracé, l'occupation israélienne n'ayant pas fait disparaître ces lignes sur les cartes. Par ailleurs, il était inexact d'affirmer que la référence à 1967 par M. Obama était une première. Lorsque Bill Clinton, en 2000, a failli obtenir un accord de paix, c'est bien autour de ces «frontières de 1967» qu'auraient tourné les contours de l'État palestinien.
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François Brousseau est chroniqueur d'information internationale à Radio-Canada. On peut l'entendre tous les jours à l'émission Désautels à la Première Chaîne radio et lire ses carnets dans www.radio-canada.ca/nouvelles/carnets.
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francobrousso@hotmail.com

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François Brousseau est chroniqueur et affectateur responsable de l'information internationale à la radio de Radio-Canada.





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