Olympiques et politique

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De la douleur de voir les athlètes québécois porter l'uniforme de Team Canada

Les Jeux olympiques sont toujours indissociables de la politique, ne serait-ce que parce qu’ils servent la propagande de pays qui les accueillent. Cette fois, en Corée du Sud, c’est Kim Jong-un, l’inquiétant voisin du nord, qui fait peser son ombre.


Toute politique étant locale, la tenue de la grande fête sportive des peuples a des effets chez nous aussi.


Ici, c’est évidemment les jeux d’hiver qui retiennent le plus d’attention. D’abord parce que nos athlètes y brillent davantage, et parce qu’ils surviennent lorsque nos Parlements siègent.


Soyez vigilants, citoyens : nos gouvernants pourraient nous en passer des vites pendant que nous suivrons le ski acrobatique !


L’unifolié au tableau


À l’échelle canadienne, on a instauré le programme « À nous le podium », avant les Jeux de Vancouver, afin de ne pas mal paraître devant la visite. Depuis, c’est avec beaucoup moins de gêne qu’on utilise la progression de l’unifolié au tableau des médailles pour renforcer le sentiment d’appartenance au grand pays postnational.


Et ça fonctionne. Pendant 17 jours, c’est presque en cachette que plusieurs souverainistes suivent avec passion les performances des champions venus d’un océan à l’autre. Certains vont même jusqu’à franchir le Rubicon en s’époumonant dans les bars pour encourager nos joueurs de hockey, sans quand même revêtir le chandail de Team Canada.


L’intérêt devrait être moindre cette année, toutefois, vu l’heure de diffusion des matchs et comme les joueurs de la Ligue nationale sont restés en Amérique du Nord. Voilà qui devrait faire respirer un peu les stratèges des partis indépendantistes.


Pour les athlètes


De leur point de vue, c’est une bonne chose. Parce que, chaque fois, un souverainiste ne manque pas de faire parler de lui pour les mauvaises raisons. Agressé par le déferlement rouge, il dira par exemple qu’Alex Harvey devrait skier en habit bleu ou qu’il rêverait d’entendre Gens du pays résonner lorsque les sœurs Dufour-Lapointe vont chercher leur médaille.


Ça arrivera encore cette année, vous pouvez en être assurés.


C’est le drame des indépendantistes, lors de chaque rendez-vous olympique. Le peuple n’en a que pour les athlètes. C’est leur moment. On attend de ces jeunes qu’ils se dépassent, qu’ils gagnent et qu’ils inspirent, pas qu’ils dissertent sur le pays qu’ils préféreraient représenter.


À la fin, aucun vote ne fut jamais gagné en exhibant la position qu’un Québec indépendant occuperait au tableau des médailles, ou en présentant l’alignement d’une équipe nationale de hockey québécoise, n’en déplaise à Me Guy Bertrand. Le fan n’y voit qu’une bande de déconnectés qui veulent le priver de l’or.


Oui, les Jeux sont politiques, mais la meilleure manière pour un élu d’en profiter restera toujours d’aller rejoindre les parents et amis de l’athlète originaire de son comté au centre communautaire ou à la brasserie d’où ils suivent les résultats.


De toute façon, souverainistes comme fédéralistes ne manqueront pas, à bon droit, de courir les égoportraits avec les médaillés lors de leur traditionnelle visite à l’Assemblée nationale après les Jeux. C’est quelqu’un qui a travaillé au Parti québécois qui vous le dit.


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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.