On a le scandale sélectif

Tir symbolique de godasses ou morts de centaines de personnes innocentes sous les bombes d'une armée d'occupation? On préfère se scandaliser des godasses. C'est vraiment le monde à l'envers.

Gaza: l'horreur de l'agression israélienne



C'est le monde à l'envers. Dans l'édition du 30 décembre du Nouvelliste, Ginette Gagnon faisait référence à une plainte déposée au président de l'Assemblée nationale par un professeur de Cégep à l'endroit du nouveau député Amir Khadir. Madame Gagnon réprimande ce dernier pour le geste posé le 20 décembre dernier alors qu'il a participé à une manifestation de lancement de souliers sur une photographie de Georges Bush. Le tout en référence à un geste semblable d'un journaliste irakien à l'endroit du président américain.
M. Khadir serait coupable d'un geste «violent», d'une attitude «d'ado» à l'égard d'un président premier responsable de la mort de 500 000 personnes en Irak suite à la guerre qu'il y a déclenché sous le faux prétexte d'armes massives alors que tout le monde sait que le véritable enjeu c'était le contrôle du pétrole irakien. Un président qui n'a eu aucun problème moral pour autoriser la torture à l'endroit des prisonniers faits dans le cadre de la dite «guerre au terrorisme». Un président qui, par son copinage et son laisser-faire à l'égard de dirigeants sans scrupule de la haute finance, porte sa bonne part de responsabilité dans la crise financière actuelle et de la mise au chômage de millions de salariés américains. Et on se scandalise du fait qu'un député de l'Assemblée nationale s'autorise de participer à une manifestation de lancer symbolique de chaussures sur un poster d'un dirigeant responsable de tant de malheurs et d'accrocs aux droits les plus fondamentaux.

Pendant qu'on discoure sur le geste du député Kadhir, l'État d'Israël, pays qui occupe la Palestine depuis plus quarante ans, bombarde à qui mieux mieux la bande de Gaza, territoire occupé, y faisant plus de 400 morts dont nombre de femmes et d'enfants sous prétexte de mettre fin à des tirs de roquettes d'insurgés qui protestent contre le bouclage humanitaire de leur territoire depuis maintenant plus d'un an et l'occupation de leur pays depuis des décennies. Destruction massive et morts par centaines. A-t-on attendu quelques protestations de nos élus à Québec ou à Ottawa pour que cessent cette agression meurtrière et l'occupation militaire illégale de la Palestine à l'origine de toute cette violence? Oh que non! Ah si, il y a eu ce petit mot du ministre des Affaires extérieures justifiant, au nom d'on ne sait quel principe international, le déclenchement et la poursuite d'une opération de guerre d'une violence inouïe jugée inacceptable par la quasi totalité des pays de la planète. Mais cela, venant du gouvernement Harper, on ne s'en étonnera pas.
Pour les autres? Rien ou si peu qu'on n'en a pas entendu parler. Ici on préfère des hommes et des femmes politiques qui ne dérangent pas ou qui, lorsqu'ils protestent, le font à ce point du bout des lèvres qu'on ne les entend même pas. Nous sommes dans le pays du «middle of the road» politique ou si vous préférez de la langue de bois.
Ah oui, il y a bien eu dimanche dernier cette petite manifestation à Montréal pour dénoncer cette violence éhontée. Et M. Khadir, encore lui, y était.
Voilà une autre belle occasion pour se scandaliser ou mieux pour déposer à l'instar de notre monsieur professeur au Cégep Ste-Foy, une nouvelle plainte au président de l'Assemblée nationale? Sous quel motif? Délit de convictions et, méfait encore plus grave, celui de les exprimer ouvertement. Tir symbolique de godasses ou morts de centaines de personnes innocentes sous les bombes d'une armée d'occupation? On préfère se scandaliser des godasses. C'est vraiment le monde à l'envers.
Jean-Claude Landry
Trois-Rivières


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