On en veut pas de chicane!

Tribune libre

Il ne se passe plus une semaine sans que les think-tanks de la droite, viennent inonder les journaux les radios et les réseaux de télé de toutes leurs belles théories sur les soi-disant vertus du privé, celui-là même qui a mis en faillite les trois quart de l’économie mondial. À l’appui de leurs inepties, des journalistes à gages partent à la chasse aux urgences bondées, dérangeant au passage, le personnel soignant, comme si ces gens là avaient le temps de répondre à leurs questions à trente-sous pendant leur quart de travail…
On entend toujours les mêmes rengaines du genre: «le gouvernement avait dit que ça serait moins long et finalement, c’est l’opposé qui se passe. Il avait dit qu’il réduirait les listes d’attente mais au contraire, elles rallongent et gnan, gnan, gnan… »
Là s’arrête l’analyse. Personne pour poser les questions qui tuent. Pas un mot sur la pression qu’exerce déjà le privé sur le système public. Pas un mot sur les médecins qui délaissent le public en masse pour aller pratiquer dans LEURS cliniques. Pas une ligne pour expliquer que la pénurie d’anesthésistes, de chirurgiens plastique, d’ophtalmologistes, et bientôt d’orthopédistes est essentiellement du à la tentation de s’enrichir en injectant du botox, en posant des implants mammaires ou des hanches en composite dans LEURS hôpitaux personnels. Personne non plus pour nous expliquer pourquoi un incubateur au Centre Mère-Enfant coûte plus de deux fois le prix de base d’une voiture compacte.
Pourquoi ne nous explique-t-on pas ce qui justifie que le prix de la plupart des médicaments ait triplé depuis la mise en place du régime d’assurance public? Pourquoi ne mentionne-t-on jamais que le gouvernement, (qui soit dit en passant, subventionne déjà grassement l’industrie biopharmaceutique,) a choisit de protéger le marché de ces piques-assiette par une loi sur les brevets pharmaceutiques qui nous condamne à aucun autre choix que d’enrichir ces veaux d’or? Et ce, parce que, pour des temps quasi immémoriaux, aucun médicament générique ne peut être mis en marché.
Pourquoi les liens entre les pseudos-experts que l’on nous présente (comme ceux de l’Institut Économique de Montréal) d’une part et de l’autre, l’industrie ne sont pas étalés ? Pourquoi ces liens incestueux sont-ils cachés à la population ?
On dirait qu’un mot d’ordre a été donné. Exposer le plus possible les failles du système public de santé et ce, sans jamais aller aux sources du problème. Pourquoi ?
On nous dit que les ressources financières sont manquantes. Disons plutôt qu’elles sont utilisées à d’autres fins. Par exemple, pour financer un programme soi-disant scolaire qui permet à une entreprise privée millionnaire faisant dans le sport professionnel, d’aller courtiser nos enfants dans les écoles. Pour intéresser nos jeunes à des piocheux qui se gratifient de coups vaches et se tapent ensuite sur la gueule. Des ahuris qui se font payer en argent US pour éviter l’impôt d’ici. Une fois leur besogne achevée, ils s’empressent de foutre le camp à l’étranger. C’est ça nos modèles au Québec. Des gens qui se jouent du système. Un bel exemple pour nos jeunes !
C’est ça le Québec d’aujourd’hui. C’est le pays des Canadiens de Montréal qui prennent plus de temps dans les bulletins de nouvelles que celui consacré à comprendre comment on se fait avoir. C’est le Québec de gens qui vivent en territoire « non organisé, » acheté pour une piastre. Le Québec du gars de Sagard, qui ne paient pas une cenne de taxe sur une propriété de 40 millions. C’est le Québec des Lucien Bouchard qui nous disent ensuite qu’on ne travaille pas assez, celui des économistes qui veulent privatiser Hydro et tripler les tarifs d’électricité. Celui de ceux qui s’intéressent toujours à ce que ça rapporte sans jamais se soucier de notre capacité de payer. Et finalement, c’est le Québec de la langue de bois des médias. Des chieux en culotte qui se prétendent intellectuels alors qu’ils ne sont que des mangeux de caviar et des lècheux de bottes qui craignent d’être exclu s’ils disent la vérité.
Le Québec est devenu la société Wal-Mart,celle de la facilité, du toujours plus vite et moins cher possible. Celle qui adule les gagnants même s’ils sont des voleurs. D'ailleurs, nous laissons ce dernier vider la maison plutôt que d’avoir le courage de l'affronter.
Nous ne voulons pas de chicane mais nous laissons le fédéral partir avec près de trois milliard de nos taxes et impôts pour aller inutilement faire la guerre dans un pays perdu. Nous le laissons nous voler un autre milliard en péréquation. Nous lui donnons notre contribution à l'accord de Kyoto (600 millions) pour qu'il la donne ensuite à l'industrie pétrolière albertaine. Il nous a aussi roulé de 250 millions avec les commandites. Et j'en passe... Mais tout ça n'est rien bien sûr! l'essentiel c'est qu'il n'y ait pas de chicane.

Pas de doute! Un jour ils baiserons nos femmes et nous, on refera le lit.
Le Québec du maintenant se fiche de ce que demain sera pour nos enfants. D’ailleurs, Nous nous foutons pas mal de ces derniers. Près de 30% de décrochage scolaire, une belle réussite. Bravo à ces parents qui habituent leurs jeunes à la facilité plutôt qu’à l’effort ! Bravo à ces parents qui écoute le banquier et qui laissent leurs jeunes clavarder avec des pimps plutôt que de prendre le temps de leur donner une dicté.
Il faut créer de la richesse pour financer nos programmes sociaux entend-t-on souvent. Avez-vous une petite idée de l’endroit où se trouve cette satanée richesse que personne ne semble avoir sauf peut-être les étudiants des université chez qui on veut doubler les frais de scolarité ? Mais qui s’y intéresse ? Qui veut perdre son temps à chercher, à réfléchir ? Le pain et le hockey nous suffisent amplement. Et c'est ainsi que les rapaces seront roi encore longtemps. Le royaume des apathiques est pour eux, un paradis retrouvé.
Daniel Lévesque
Québec


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