La volonté du gouvernement fédéral de resserrer la délivrance de visas pour des séjours temporaires au Canada crée des bouleversements. Après les travailleurs temporaires, ce sont les étudiants participant à des programmes de stages qui écopent, avec à la clé des tensions avec la France.
La frilosité du Canada à l’endroit de certaines catégories de visiteurs temporaires est bien connue. Le nombre de fois où des invités de prestige à des festivals culturels, à des conférences internationales ou à des séjours dans les universités se sont vu refuser un visa ne se compte plus. La raison est toujours cette peur que nos invités ne veuillent plus repartir.
C’est cet esprit qui a inspiré au gouvernement Harper l’adoption l’an dernier de nouvelles règles à l’égard des travailleurs étrangers temporaires. Dans un contexte où il n’y a pas de pénurie de main-d’oeuvre, il fallait sans doute réduire le nombre de permis de travail. On réalise maintenant les effets pervers de la nouvelle politique.
Aujourd’hui même, 1er avril, des dizaines de milliers d’entre eux doivent quitter le Canada, car leur séjour ne peut excéder quatre ans. Sans même un merci, ils sont expulsés, alors que d’autres travailleurs étrangers prendront leur place. Des mesures d’atténuation pourraient être prises pour faciliter l’accès à un statut de résident permanent. Mais non, avec ce gouvernement, il n’y a pas de place à considérer les impacts sur des gens qui, s’ils avaient été immigrants reçus, seraient déjà canadiens.
Ce même esprit de frilosité se retrouve dans les nouvelles règles du Programme de mobilité internationale permettant à des étudiants étrangers de faire des stages au Canada. En 2013, ils sont 107 908 à être venus de 32 pays différents. Depuis février, l’obtention des visas est soumise à une taxe de 230 $ et à des formalités administratives qui visent à restreindre l’accès au programme.
Sont victimes de ces nouvelles règles quelque 1000 étudiants français des Instituts universitaires de technologie dont les stages dans des maisons d’enseignement ou des organismes à but non lucratif d’ici sont remis en cause. Depuis des années, des étudiants de ces instituts venaient réaliser leurs stages de fin d’études dans le cadre de partenariats avec des établissements québécois que personne n’entendait remettre en cause. Les nouvelles règles arrivant inopinément, la réalisation de ces stages est devenue incertaine. Cette taxe de 230 $ n’est pas prévue dans les budgets des stagiaires qui assument leurs frais de voyage et qui ne seront pas rémunérés. Et il y a Immigration Canada qui conteste par ailleurs la validité de certains projets pédagogiques.
Les gouvernements français et québécois ont fait des interventions auprès d’Ottawa. Il s’agit d’abord d’assurer les stages de ce groupe d’étudiants français dont l’obtention de leurs diplômes est en jeu. Puis de garantir le maintien de partenariats entre des établissements français et québécois établis depuis de nombreuses années et qui permettent des échanges dans les deux sens. Dans une lettre adressée au gouvernement fédéral, les ministres Weil et St-Pierre s’inquiètent des répercussions de cette décision sur « le rayonnement du Québec à l’étranger ». La presse française n’a pas manqué de noter que la décision d’Ottawa s’additionne à celle du Québec de tripler les droits de scolarité des étudiants français au Québec.
L’imbroglio créé est de ceux qui sont difficiles à dénouer, car opposant des objectifs par nature difficiles à concilier. Tandis que Québec défend l’ouverture sur le monde, Ottawa verrouille les portes de la maison. Il ne faudrait pas que ce soit à double tour.
ÉCHANGES FRANCE-QUÉBEC
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